Commentaire du 29 juillet 2012 / Pierre Desroches (101e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, composition de la musique et arrangements, montage et mixage.

« Élisée qui est dans la dépossession de lui-même / La sécurité c’est le don de Dieu et non pas nos réserves / Demeurer fidèle à l’appel de Dieu sur nous / Notre sentiment d’avoir tellement peu pour répondre à la faim de cette humanité / Sommes-nous reconnaissants de ce qu’on a, même de notre petit peu ? »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=29/07/2012

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Évangile : La multiplication des pains (Jean 6, 1-15)
Jésus été passé de l’autre côté du lac de Tibériade (appelé aussi mer de Galilée). Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait en guérissant les malades. Jésus gagna la montagne, et là, il s’assit avec ses disciples. C’était un peu avant la Pâque, qui est la grande fête des Juifs. Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car lui-même savait bien ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun ait un petit morceau de pain. » Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Jésus dit : « Faites-les asseoir. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Alors Jésus prit les pains, et, après avoir rendu grâce, les leur distribua ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Ramassez les morceaux qui restent, pour que rien ne soit perdu. » Ils les ramassèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux qui restaient des cinq pains d’orge après le repas. À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le grand Prophète, celui qui vient dans le monde. » Mais Jésus savait qu’ils étaient sur le point de venir le prendre de force et faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira, tout seul, dans la montagne. 

1ère lecture : Multiplication des pains par Élisée (2 Rois 4, 42-44)
Il y avait alors une famine dans le pays. Sur la récolte nouvelle, quelqu’un offrit à Élisée, l’homme de Dieu, vingt pains d’orge et du grain frais dans un sac. Élisée dit alors : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent. »Son serviteur répondit : « Comment donner cela à cent personnes ? » Élisée reprit : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent, car ainsi parle le Seigneur : On mangera, et il en restera. » Alors, il les servit, ils mangèrent, et il en resta, selon la parole du Seigneur.

Psaume 144, 10-11, 15-18

R/ Tu ouvres la main : nous voici rassasiés

Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.

Les yeux sur toi, tous, ils espèrent :
tu leur donnes la nourriture au temps voulu ;
tu ouvres ta main :
tu rassasies avec bonté tout ce qui vit.

Le Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Il est proche de ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.

2ème lecture : Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême (Éphésiens 4, 1-6)
Frères, moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous encourage à suivre fidèlement l’appel que vous avez reçu de Dieu : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez à cœur de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il n’y a qu’un seul Corps et un seul Esprit. Il n’y a qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui règne au-dessus de tous, par tous, et en tous.

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Commentaire du 29 juillet 2012 (101e) – 17e semaine du Temps Ordinaire (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Une multiplication des pains à partir du « petit peu » que Jésus avait

L’abbé Pierre Desroches

Alors  mes amis  on se retrouve cette semaine dans un pays où le premier texte nous parle d’une famine. Les gens sont affamés. L’essentiel n’est pas là. «  Sur la récolte nouvelle, quelques-uns offrent à Élisée, l’homme de Dieu, vingt pains d’orge et du grain frais dans un sac. » Dans une période de famine, dans une période où manque l’essentiel, lorsqu’on reçoit un peu de don, notre tendance humaine a plutôt la réaction de vouloir se faire quelques réserves pour soi-même et de se protéger pour que nous soyons à l’abri du malheur et de la tourmente. Alors la première réaction d’Élisée c’est de dire à son serviteur : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent. » Et là, on n’est plus dans la sécurité de soi-même mais on est dans la dépossession de soi-même, comme si on pouvait facilement reconnaître, ce que va faire Élisée, que la sécurité ce n’est nos biens, mais la sécurité, c’est le don de Dieu. C’est la réaction de son  serviteur : « Comment donner cela à cent personnes pour qu’ils mangent ? » On est bien mieux de le garder, à deux on va se satisfaire, mais à cent, chacun ne sera pas rassasié. Et il répond : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent une seconde fois, car ainsi parle le Seigneur : on mangera, et il en restera. Alors, il les servit, ils mangèrent, et il en resta, selon la parole du Seigneur. » 

J’imagine que vous ne comprenez absolument rien avec votre tête cette logique-là. Ce n’est pas une logique de tête, c’est une logique de foi. Je pourrais dire, dans ma vie j’ai eu la chance de rencontrer et de recevoir comme nourriture des personnes qui étaient atteintes d’un handicap. Je pense que la nourriture que j’ai reçue d’eux, et la marche que j’ai faite avec eux, et les visites souvent que j’ai faites avec eux n’ont pas été seulement une nourriture pour moi, mais une nourriture pour toute une foule qui a pu recevoir aussi un pain de vie de par le témoignage qu’on pouvait apporter dans l’alliance qui était la nôtre.

Paul va dire, alors qu’il est en prison, « il encourage les autres à suivre fidèlement l’appel que vous avez reçu de Dieu. » Cette fidélité ne le met pas à l’écart des problèmes et des difficultés mais elle le plonge au cœur même d’exigences que chacun de nous on aimerait bien fuir et passer à côté. Il leur dit : « ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, en vous supportant et ayez  à cœur de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. » Ça pourrait être une belle phrase, une belle maxime pour mettre dans chacune de nos communautés humaines et paroissiales parce qu’on a plus de tendance à se fâcher, à être en colère, à vouloir se montrer un peu au-dessus des autres et à s’affirmer, non pas dans la douceur, mais dans d’autres formes qui ne sont pas de grands gardiens de l’unité mais qui assure souvent qu’on se retrouve dans des conditions d’existence qui sont plus infernales que célestes. Cette unité « c’est la vocation à laquelle vous avez été appelés et l’espérance qu’il n’y a qu’un seul Corps et un seul Esprit » C’est toute une sagesse, que ce soit dans la famille, que ce soit dans le couple, que ce soit au travail, que ce soit dans la communauté, c’est toute une sagesse que de se mettre serviteur de l’unité.

Et Jésus va nous parler à sa manière à ses disciples qui vont gagner une montagne où il y a une grande foule. C’est un peu après la Pâque, et la foule vient à Lui. Elle est vraiment nombreuse puis, il pose une question à Philippe et il nous la pose à nous en même temps. « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » C’est Jésus cette fois-ci, qui dans l’évangile, on le met souvent à l’épreuve, mais c’est Lui qui met Philippe à l’épreuve car il savait très bien Lui ce qu’il était pour faire. On sait très bien ce qu’il a fait pour devenir Pain de vie. Philippe répond : « le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun ait un petit morceau de pain. » On sent toujours qu’il y a une démesure entre les besoins de la foule et nos ressources immédiates. C’est comme s’il y avait une conjugaison qui était impossible. Alors André, le frère de Simon dit : « Il y a un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ? ». On a tellement peu pour répondre à la faim de cette humanité. Jésus leur dit : « Faites-les asseoir. Il  prend ces cinq pains, et  il rendit  grâce ». 

C’est pour moi un geste qui me rappelle toutes sortes de choses, je me souviens de ma jeunesse, quand j’arrivais à l’église le dimanche, il y avait une église remplie de gens assis, non pas parce que la mission de l’Église est d’asseoir le monde, mais la mission de l’Église de nourrir ce monde. Et ces gens assis pouvaient recevoir une Parole, l’intelligence d’une Parole qui pouvait les faire entrer dans l’action de grâce. Est-ce qu’on est conscient de ce pour quoi on a à dire merci dans l’aujourd’hui ? Est-ce qu’on est conscient et reconnaissant de tout petit peu qui, reconnu, peut devenir une source abondante de pain pour les uns et pour les autres ? Tous ceux que je connais qui ont traversé les épreuves ont réussi à se mettre debout dans la mort sont devenus des gens qui ont nourri abondamment les autres. Je lisais encore dernièrement le témoignage d’un monsieur qui s’appelle Lebreton, qui, à l’occasion de la guerre pour venir en aide à un de ses amis a perdu  ses yeux et ses mains, et qui est devenu un homme fécond qui a vraiment accompli sa vie et qui a été pour des foules un motivateur, mais que je pense qui, pour moi, est d’abord un témoin, un homme appuyé sur une solidité qui, debout en Jésus Christ, a été capable de recevoir l’abondance et de donner l’abondance à partir de tout petit peu qui lui était resté. Et je nous souhaite d’être de ces témoins.

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