Commentaire du 28 juillet 2013 / Christian Beaulieu (7e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Christian Beaulieu a été ordonné prêtre en 1968. Il est actuellement directeur général de l’Institut Séculier Pie X de Charlesbourg, et en 1985 il a fondé « Le Pharillon », maison d’aide pour jeunes en difficulté. En plus d’avoir écrit plusieurs ouvrages à succès sur la spiritualité chrétienne, il prêche de nombreuses retraites et ressourcements spirituels annuellement. http://www.ispx.org

– Gino Fillion : caméra et montage visuel.

« La prière même dans le bruit / L’enfant qui avait peur sans son père / Notre société a besoin de retrouver un Dieu Père / Le prêtre qui avait un problème de boisson / On est fait pour l’Infini / Accepter de s’abandonner à la volonté de Dieu / Dieu est un assoiffé du don de notre vie / Nos obstacles à Dieu par nos manques de pardon. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

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Évangile : Enseignements de Jésus sur la prière (Luc 11, 1-13)
Un jour, quelque part, Jésus était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean Baptiste l’a appris à ses disciples. » Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : ‘Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons à tous ceux qui ont des torts envers nous.  Et ne nous soumets pas à la tentation.’ » Jésus leur dit encore : « Supposons que l’un de vous ait un ami et aille le trouver en pleine nuit pour lui demander : ‘Mon ami, prête-moi trois pains : un de mes amis arrive de voyage, et je n’ai rien à lui offrir.’ Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond : ‘Ne viens pas me tourmenter ! Maintenant, la porte est fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner du pain’, moi, je vous l’affirme : même s’il ne se lève pas pour les donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut. Eh bien, moi, je vous dis : Demandez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte. Celui qui demande reçoit ; celui qui cherche trouve ; et pour celui qui frappe, la porte s’ouvre. Quel père parmi vous donnerait un serpent à son fils qui lui demande un poisson ? ou un scorpion, quand il demande un œuf ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » 

1ère lecture : Abraham intercède pour la ville condamnée (Genèse 18, 20-32)
Les trois visiteurs d’Abraham allaient partir pour Sodome. Le Seigneur lui dit : « Comme elle est grande, la clameur qui monte de Sodome et de Gomorrhe ! Et leur faute, comme elle est lourde ! Je veux descendre pour voir si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu’à moi. Si c’est faux, je le reconnaîtrai. » Les deux hommes se dirigèrent vers Sodome, tandis qu’Abraham demeurait devant le Seigneur. Il s’avança et dit : « Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le pécheur ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les faire périr ? Est-ce que tu ne pardonneras pas à cause des cinquante justes qui sont dans la ville ? Quelle horreur, si tu faisais une chose pareille ! Faire mourir le juste avec le pécheur, traiter le juste de la même manière que le pécheur, quelle horreur ! Celui qui juge toute la terre va-t-il rendre une sentence contraire à la justice ?» Le Seigneur répondit: « Si je trouve cinquante justes dans Sodome, à cause d’eux je pardonnerai à toute la ville. » Abraham reprit : « Oserai-je parler encore à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre ? Peut-être, sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq : pour ces cinq-là, vas-tu détruire toute la ville ? » Il répondit : « Non, je ne la détruirai pas, si j’en trouve quarante-cinq. » Abraham insista : « Peut-être en trouvera-t-on seulement quarante ? » Le Seigneur répondit : « Pour quarante, je ne le ferai pas. » Abraham dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère, si j’ose parler encore : peut-être y en aura-t-il seulement trente ? » Il répondit : « Si j’en trouve trente, je ne le ferai pas. » Abraham dit alors : « Oserai-je parler encore à mon Seigneur ? Peut-être en trouvera-t-on seulement vingt ? » Il répondit : « Pour vingt, je ne détruirai pas. » Il dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère : je ne parlerai plus qu’une fois. Peut-être en trouvera-t-on seulement dix ? » Et le Seigneur répondit : « Pour dix, je ne détruirai pas la ville de Sodome. »

Psaume 137, 1-3. 6-8

R/ Tu écoutes, Seigneur, quand je crie vers toi. 

De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce :
tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges,
vers ton temple sacré, je me prosterne.

Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force.

Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble ;
de loin, il reconnaît l’orgueilleux.
Si je marche au milieu des angoisses, tu me fais vivre,
ta main s’abat sur mes ennemis en colère.

Ta droite me rend vainqueur.
Le Seigneur fait tout pour moi !
Seigneur, éternel est ton amour :
n’arrête pas l’œuvre de tes mains.

2ème lecture : La croix du Christ, source de notre vie (Colossiens 2, 12-14)
Frère, par le baptême, vous avez été mis au tombeau avec lui, avec lui vous avez été ressuscités, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui a ressuscité le Christ d’entre les morts. Vous étiez des morts, parce que vous aviez péché et que vous n’aviez pas reçu de circoncision. Mais Dieu vous a donné la vie avec le Christ : il nous a pardonné tous nos péchés. Il a supprimé le billet de la dette qui nous accablait depuis que les commandements pesaient sur nous : il l’a annulé en le clouant à la croix du Christ.

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Commentaire du 28 juillet 2013 (155e) – 17e dimanche du temps ordinaire (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Le ‘Notre Père’ et la volonté de Dieu

L’abbé Christian Beaulieu

Aujourd’hui, c’est Jésus qui nous enseigne à prier. Les gens lui demandaient comment on fait pour prier, comment on fait pour prier quand il y a du bruit qui nous dérange, quand il y a de ces dérangements dans nos vies, comment on fait pour plonger dans la prière, comment on fait pour plonger dans le cœur du Père ? Voici une petite histoire.

En France, il y a quelques années, dans une école les jeunes étaient à la fin de l’année et c’était difficile pour les jeunes de garder l’attention. Alors les professeurs du primaire ont décidé de faire une excursion en montagne. Il y avait sur le haut de la montagne une sorte de forteresse très ancienne. Et les professeurs ont dit : « On va escalader la montagne et on va attaquer la forteresse et il y a une dame qui est emprisonnée là-bas ». Et alors les enfants sont partis, casques sur la tête, une épée évidemment en carton. C’était vraiment l’escalade. Un enfant de 5 ans arrête, complètement paralysé, en pleurs, en larmes. Un professeur dit : « Mais qu’est-ce qui se passe, qu’est qui arrive ? » Celui-ci répond : « J’ai peur, j’ai peur d’aller me battre, j’ai peur de monter dans la montagne, j’ai peur qu’on m’enferme, j’ai peur parce que papa est à Paris et qu’il n’est pas à côté de moi, il est au loin. » Pourtant aucun autre enfant n’était avec leur père et lui, il est en train d’exprimer  « si je n’ai pas mon père à côté de moi, si je n’ai pas mon père pour me rassurer, si je n’ai pas mon père pour m’encourager, j’ai peur, je suis paralysé. » Ah ! comme le monde a besoin d’un Père, et que notre société, nos croyants sont orphelins de pères ! Alors on paralyse, on manque de souffle, on manque d’élan, on manque d’audace, on manque de cette plongée dans le cœur du père. Et aujourd’hui Jésus dit : « Priez notre Père pour qu’il soit sur la terre comme il est dans les cieux. »

Vous savez on parle du fameux abbé Pierre qui disait un jour ceci au sujet du Notre Père. « Seule une personne qui a perdu la tête peut prier de cette façon-là puis dire pareille chose : ‘Dieu, que ton règne arrive, que ta volonté soit faite sur terre comme au ciel’. Ah, il faut qu’on ait perdu la tête parce que là vous vous livrez à la puissance de l’Esprit, vous vous livrez dans un abandon total et vous n’avez pas d’idée où ça peut vous conduire, où ça peut vous mener. Alors il faut avoir une audace pour réciter le Notre Père. Vous comprenez pourquoi certains aiment mieux ne pas le dire. » Vous vous souvenez que saint Pierre à la fin de sa vie, Jésus lui avait dit : « Pierre quand tu étais jeune, tu faisais à ta tête, tu menais les choses comme tu voulais, rendu vieux, quelqu’un va te passer la ceinture, va te chausser les sandales et tu seras conduit là où tu ne pensais pas pouvoir te rendre. » Et que c’est important de ne pas mettre de limites au « Notre Père » dans notre vie, ne pas mettre de limite à l’Esprit de Dieu, du Père à l’intérieur de nous, sans savoir où cela va nous conduire, sans savoir à certaines folies, à certaines exagérations. On est appelé à ce que le Notre Père nous conduise à perdre le contrôle de notre vie, complètement. Ce Dominicain un jour qui était alcoolique, son supérieure lui dit : « Écoute, tu rends la vie impossible à tes frères, va te faire soigner, je ne peux pas croire. » Il avait vraiment un problème profond de boisson. Alors il va voir le médecin et lui dit : « Docteur on me dit que j’ai peut-être un problème de boisson. C’est quoi la meilleure chose que je pourrais faire pour m’en sortir ? » Le médecin lui dit : « Mon cher, arrête de boire ». Et le Dominicain reprend la question : « Est-ce qu’il n’y aurait pas une deuxième meilleure chose pour m’en sortir ? »

Non, non ! Dans la prière, il faut mettre le prix, il faut savoir que si vous n’aimez pas la houle, si vous n’aimez pas les vagues dans votre vie, ne récitez pas trop souvent le Notre Père, parce que Dieu avec sa grâce, avec son Esprit, va provoquer les vagues, parce que nous on serait bien capables de passer notre vie sur le bord de la grève, sur le bord de la rive en petit bateau avec nos rames. Mais on n’est pas fait pour la rive, on n’est pas fait pour le bord de la grève, on est fait pour le large, on est fait pour l’océan, on est fait pour l’Éternel, on est fait pour l’infini. Laissons Dieu être Dieu à l’intérieur de nous et laissons l’Esprit conduire vraiment notre vie et de nous amener parfois là où l’on ne voudrait se rendre. Il faut perdre le contrôle de notre vie, il faut vraiment qu’il y ait un abandon.

Il y a quelqu’un qui a écrit : « Quand on dit : que ta volonté soit faite Seigneur, c’est ouvrir les portes de notre vie à quelqu’un qui veut tout, à Dieu, c’est ouvrir notre vie à un affamé. » Dieu c’est un affamé, un affamé de la tendresse, un assoiffé du don de notre vie, de notre cœur qui bat. Dieu c’est un affamé, un assoiffé, et lui dire « que ta volonté soit faite », il faut savoir qu’on prend des risques. Il faut savoir que nos mères qui parfois nous disaient : « Si tu mets la main dans le broyeur, tu peux te faire emporter tout entier. Non. Non, il faut donner, il faut donner notre vie, il ne faut pas mettre de limites à nos amours, il ne faut pas toujours mettre des conditions à nos amours. Aujourd’hui, quand Jésus dit : « pardonnez comme il vous a été pardonné »  pardonner, c’est le grand obstacle à ce que Dieu ne puisse pas être Père comme il le voudrait à l’intérieur de nous, le grand barrage, le grand mur qu’on fait à Dieu pour l’empêcher d’être un saint, d’être une sainte, d’être un être de lumière et que Dieu nous traverse. Le grand obstacle c’est notre manque de pardon. Si je n’arrive pas à pardonner, je mets une barrière, je mets obstacle à Dieu et Dieu voudrait ouvrir les bras, voudrait ouvrir le cœur, voudrait ouvrir le passage, mais nos manques de pardon, nos durcissements, le durcissement de nos artères dans le manque de pardon, fait que quelque chose de Dieu ne passe plus, fait que quelque chose de Dieu ne traverse plus de bord en bord.

C’est pour ça qu’aujourd’hui, reprenons la prière du ‘Notre Père’ en sachant que ça peut nous conduire dans des avenues que l’on n’avait pas prévu. Ça peut nous amener à certaines folies, à certaines exagérations dans l’amour, à certains dépassements que parfois on n’aimerait pas trop que ça fasse de vagues. Laissons Dieu faire ses vagues, laissons Dieu nous conduire là où il veut nous conduire, laissons-lui la place. Il me faut décider aujourd’hui si oui ou non je vais lasser à Dieu l’espace qui lui faut pour continuer d’être Dieu à l’intérieur de nous, être Père à l’intérieur de nous et que Dieu puisse se rendre là où il veut se rendre avec nous quel qu’en soit le prix, quel qu’en soit le coût. Mais ça vaut toujours la peine parce que c’est en vue de la fécondité, c’est en vue de faire des miracles dans notre vie auprès des autres.

Évangile : Luc 11, 1-13

1ère lecture : Genèse 18, 20-32

Psaume 137, 1-3.6-8

2e lecture : Colossiens 2, 13-14

 

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