Commentaire du 27 mars 2011 / Pierre Desroches (28e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal
– Gino Fillion : composition, guitare, caméra et montage.

3è dimanche du Carême (année A)

« La soif aiguise nos désirs et fait de nous des êtres qui ne sont pas asséchés / La grandeur de l’amour de Dieu et la foi nous justifient / Se ressourcer auprès des pauvres / Jésus ne juge pas ceux et celles qui ne le reconnaissent pas / Jésus est l’époux véritable, un Dieu qui nous aime et nous reconnaît pour ce que l’on est. »

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Évangile : La Samaritaine et le don de l’eau vive (Jn 4, 5-42)
Jésus arrivait à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph, et où se trouve le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était assis là, au bord du puits. Il était environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » (En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter de quoi manger.) La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » (En effet, les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains.) Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. » Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond ; avec quoi prendrais-tu l’eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? » Jésus lui répondit : « Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. » La femme lui dit : « Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. » Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. » La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari, car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari : là, tu dis vrai. » La femme lui dit : « Seigneur, je le vois, tu es un prophète. Alors, explique-moi : nos pères ont adoré Dieu sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut l’adorer est à Jérusalem. » Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons, nous, celui que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. » La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. » Jésus lui dit : « Moi qui te parle, je le suis. » Là-dessus, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que demandes-tu ? » ou : « Pourquoi parles-tu avec elle ? » La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Messie ? » Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers Jésus. Pendant ce temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. » Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. » Les disciples se demandaient : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? » Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son oeuvre. Ne dites-vous pas : ‘Encore quatre mois et ce sera la moisson’ ? Et moi je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit avec le moissonneur. Il est bien vrai, le proverbe : ‘L’un sème, l’autre moissonne.’ Je vous ai envoyés moissonner là où vous n’avez pas pris de peine, d’autres ont pris de la peine, et vous, vous profitez de leurs travaux. » Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause des paroles de la femme qui avait rendu ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y resta deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de ses propres paroles, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ; nous l’avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »

1ère lecture : Par Moïse, Dieu donne l’eau à son peuple (Exode 17, 3-7)
Les fils d’Israël campaient dans le désert à Rephidim, et le peuple avait soif. Ils récriminèrent contre Moïse : « Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir de soif avec nos fils et nos troupeaux ? » Moïse cria vers le Seigneur : « Que vais-je faire de ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront ! » Le Seigneur dit à Moïse : « Passe devant eux, emmène avec toi plusieurs des anciens d’Israël, prends le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va ! Moi, je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau, et le peuple boira ! » Et Moïse fit ainsi sous les yeux des anciens d’Israël. Il donna à ce lieu le nom de Massa (c’est-à-dire : Défi) et Mériba (c’est-à-dire : Accusation), parce que les fils d’Israël avaient accusé le Seigneur, et parce qu’ils l’avaient mis au défi, en disant : « Le Seigneur est-il vraiment au milieu de nous, ou bien n’y est-il pas ? »

Psaume 94, 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9
R/ Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur !

Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il conduit.

Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre coeur comme au désert,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »

2ème lecture : L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs  (Romains 5, 1-2.5-8)
Frères, Dieu a fait de nous des justes par la foi ; nous sommes ainsi en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a donné, par la foi, l’accès au monde de la grâce dans lequel nous sommes établis ; et notre orgueil à nous, c’est d’espérer avoir part à la gloire de Dieu. Et l’espérance ne trompe pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les coupables que nous étions. – Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs.

Textes liturgiques © AELF

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Commentaire du 27 mars 2011 (28e) – 3e dimanche du Carême (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Le propre de Dieu est d’être une eau vive

L’abbé Pierre Desroches 

Chant : Venez boire à la fontaine. 

Je suis à peu près sûr que vous avez reconnu le texte du dimanche de la troisième semaine du carême. Cette semaine nous sommes invités à faire route, à méditer avec la Samaritaine. La première lecture va nous parler d’un peuple qui est dans le désert et qui a soif. C’est une belle réalité que celle de la soif parce que la soif, ça aiguise nos désirs. J’ai appris un temps à avoir peur de mes désirs mais depuis fort longtemps, on m’a appris à me réjouir de ces désirs qui font de nous, non pas des êtres asséchés, mais des êtres qui tendent vers une satisfaction qui peut leur être donnée par ces relations que Dieu appelle pour nous humaniser.  Donc, ce peuple qui est dans le désert et qui est travaillé par la soif va vouloir être comblé mais la nature ne peut pas les combler parce que c’est le propre du désert d’être sec, mais c’est le propre de Dieu que d’être une eau vive qui vient étancher, non pas d’abord nos soifs physiques, mais notre soif profonde d’être des hommes et des femmes capables d’amour et capables d’accomplir dans des alliances cette vocation extraordinaire dont toute l’humanité est marquée.

Dans la deuxième lecture, on nous dit que « l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs et que Dieu a fait de nous des justes par la foi », que ce ne sont pas nos gestes, que ce ne sont pas nos actions. Ce qui nous justifie, ce n’est pas nous-mêmes, c’est la foi de Jésus Christ et c’est la foi que Dieu a dans cette créature, dans cette création qu’il a fait. Et c’est ça qui fait de nous des justes, c’est la grandeur de l’amour de  Dieu. Et donc, on n’a pas à perdre le sommeil pour essayer de devenir justes, on a juste à travailler  à ouvrir notre cœur pour recevoir ce don qui nous est fait par la grâce de Jésus Christ. On va justement voir cet homme Jésus qui a très soif et qui va se rendre dans cette ville où il va s’asseoir au puits. Une des traductions  possibles, c’est « il s’assoit sur la source ». C’est comme une image assez parlante : « assis sur la source » il demande à la samaritaine de lui donner à boire. Elle est toute étonnée parce qu’elle n’est pas habituée à voir un Juif s’adresser à elle, les Juifs qui détestaient cette nation de Samarie, qui refusaient même habituellement de poser pied sur  leur terre pour ne pas en être salis. Et voilà que Jésus s’adresse à elle et l’invite à étancher sa soif. Il lui fait une demande plutôt que de lui proposer d’abord une eau vive qu’il pourrait lui-même donner. Et elle va exprimer toute sa surprise.

Est-ce que nous vivons de ces surprises, si nous avons  déjà pensé à des gens qui ne nous reviennent pas, de leur demander de nous donner à boire ? Est-ce que nous avons déjà pensé à aller s’abreuver, à nous ressourcer auprès de personnes qui habituellement nous dessèchent et cette réalité-là c’est celle que Jésus est en train de vivre et de tenter. Et elle l’exprime très clairement et Lui va lui dire : « Si tu savais le don de Dieu et  qui est Celui qui te demande de l’eau vive c’est toi qui lui aurais demandé de l’eau, et il t’aurait donné l’eau vive ». Il ne la jugera pas dans sa non-reconnaissance de qui il est, comme nous ne sommes pas invités à juger les gens qui ne partagent pas la foi qui est la nôtre, mais Jésus va les éveiller à ce qu’il peut proposer et à ce qu’il a à donner. C’est comme si Jésus était en train de travailler le désir de cette femme.

Dans nos évangélisations, est-ce qu’on arrive avec de grandes certitudes, de grandes affirmations, ou est-ce qu’on sait très bien ou on laisse reconnaître aux gens, qu’ils peuvent nous abreuver, mais qu’on peut leur proposer une autre eau qui, elle, pourrait étancher les soifs les plus profondes. Et cette femme va finir par lui dire : « Seigneur, donne-la moi cette eau pour que je n’aie plus besoin de venir puiser ». Notre quotidien est souvent un lieu où l’on s’épuise parce qu’il nous fatigue, c’est comme si l’on trouvait aucune nourriture pour notre vie intérieure, c’est comme si on ne recevait rien de fondamental. Alors que Jésus va lui dire à cette demande : « Va chercher ton mari ». Et la première partie du texte de la samaritaine est un grand discours sur l’eau. Le cœur du récit sur la samaritaine est l’appel du mari et elle va dire : « Je n’ai pas de mari ». Et Jésus va lui dire : « Tu as eu cinq maris et celui que tu as présentement n’est pas ton mari, en cela tu dis vrai ». Et il y aura un grand discours qui va suivre sur l’adoration.

On peut s’interroger sur ce passage de l’eau vive à l’adoration, qui va comme se dénouer dans la réalité de cette femme qui a désespérément cherché l’eau vive dans des affections qui ont été déçues. C’est comme si Jésus, à travers cette parole va finir par se présenter comme l’Époux véritable, celui qui peut faire que l’eau vive va jaillir de nos mains, elle va jaillir de nos cœurs. Et quand on fait cette rencontre non pas d’un Dieu qui est une loi, non pas d’un Dieu qui nous domine, mais d’un Dieu qui nous aime et qui nous reconnaît, non pas pour ce qu’on n’est pas, mais pour ce qu’on est, cette reconnaissance et cette expérience font que nos êtres sont profondément transformés et changés. Cette femme va courir à la ville, elle qui se cachait, pour laisser entendre qu’elle a rencontré le Messie. Et à sa parole, ils vont sortir de cette ville pour aller à ce lieu de rencontre. Ils vont dire : « Ce n’est plus par ce que tu nous as dit que nous croyons, mais nous l’avons entendu et nous croyons qu’il est vraiment le Fils de Dieu ».

Est-ce que dans nos propres vies, il n’y aurait pas de ces puits qui mériteraient d’être connus pour que des gens, à leur tour, puissent faire cette découverte que nous avons expérimentée en recevant l’eau vive là où nous étions profondément asséchés. Bonne semaine et bonne marche vers tous ces puits qui sont tout au long de la route.

 

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3 commentaires

  1. Anthony Mastracchio dit :

    Est-ce quelqu’un connais? un site web ou on peut trouver des chansons chrétiennes? en français?

    • Gino Fillion dit :

      Dès le dimanche le 3 avril, sur notre site, dans GINO FILLION, tu pourras aller dans CHANSONS pour en retrouver une première. Sinon, sur You Tube, tu peux certainement trouver des choses. Gino Fillion

  2. Bonjour à tous,

    Je vous remercie vivement d’avoir mis à notre disposition ce beau site qui réunit à la fois des commentaires et témoignages qui sont ressourcement spirituel, et une musique qui ne l’est pas moins. Mon ami québécois Michel Bernatchez, qui vous connaît, m’a aiguillé vers votre site et je ne le regrette pas. Je n’ai pas encore épuisé de telles richesses, d’autant que quand j’y reviens, je les entends tout autrement, de manière renouvelée… J’aurais beaucoup aimé savoir, Père Desroches et Père Daigneault, s’il est possible de vous entendre dans le cadre de vos prêches devant un public, grâce à des videos. J’apprécie hautement toutes vos interventions. Merci de prendre la peine de me répondre.

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