Commentaire du 26 juin 2011 / Pierre Desroches (41e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion :
caméra et montage / Ginette Beaudoin : assistante.

« Aborder Jean avec sa tête, c’est se préparer à ne rien comprendre / Le don qu’on fait de nous, c’est tout notre être, aussi à travers les épreuves du corps  / Apprendre à se tourner vers ce qui descend du ciel / La nourriture qui vient aussi de notre réalité familiale / Les vacances, un temps pour célébrer nos relations. »

————————————————————————————————————————–

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=26/06/2011

Évangile : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde» (Jean 6, 51-58)
Après avoir nourri la foule avec cinq pains et deux poissons, Jésus disait : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. » Les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.

1ère lecture : Dieu nourrit son peuple (Deutéronome 8, 2-3.14b-16a)
Moïse disait au peuple d’Israël : « Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert ; le Seigneur ton Dieu te l’a imposée pour te faire connaître la pauvreté ; il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le coeur : est-ce que tu allais garder ses commandements, oui ou non ? Il t’a fait connaître la pauvreté, il t’a fait sentir la faim, et il t’a donné à manger la manne – cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue – pour te faire découvrir que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. N’oublie pas le Seigneur ton Dieu qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. C’est lui qui t’a fait traverser ce désert, vaste et terrifiant, pays des serpents brûlants et des scorpions, pays de la sécheresse et de la soif. C’est lui qui, pour toi, a fait jaillir l’eau de la roche la plus dure. C’est lui qui, dans le désert, t’a donné la manne – cette nourriture inconnue de tes pères. »

Psaume 147, 12-15.19-20
R/ Peuple de Dieu, célèbre ton Seigneur!

Glorifie le Seigneur, Jérusalem !
Célèbre ton Dieu, ô Sion !
Il a consolidé les barres de tes portes,
dans tes murs il a béni tes enfants.

Il fait régner la paix à tes frontières,
et d’un pain de froment te rassasie.
Il envoie sa parole sur la terre :
rapide, son verbe la parcourt.

Il révèle sa parole à Jacob,
ses volontés et ses lois à Israël.
Pas un peuple qu’il ait ainsi traité ;
nul autre n’a connu ses volontés.

2ème lecture : Le sacrement de l’unité (1 Corinthiens 10, 16-17)
Frères, la coupe d’action de grâce que nous bénissons, n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ ? Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi. Tel est le pain qui descend du ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

——————————————————————————————–

Commentaire du 26 juin 2011 (41è) – Saint Sacrement (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

L’abbé Pierre Desroches

Alors mes amis, cette semaine, on se retrouve avec un évangile de Jean. Aborder Jean avec sa tête, c’est se préparer à ne rien comprendre. Le langage de Jean est d’abord un langage poétique, c’est aussi un langage affectif et si on n’est pas capable de s’ouvrir à cette densité d’expression, c’est comme si on ne peut pas saisir le message qu’il veut nous transmettre. Jean nous transmet son expérience, il nous transmet son expérience de Jésus Christ. Ce n’est pas une expérience qu’il a acquise en un jour, deux jours ou trois jours, mais c’est une expérience qu’il a longtemps mûrie parce qu’il était un des apôtres parmi les plus jeunes et celui qui est mort à peu près le plus vieux. Cette semaine il nous dit quelque chose qu’on entend souvent. Je vous fais la lecture que je prends dans le texte : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie. »

Ça me fait toujours rire de penser qu’au début de l’histoire de l’Église, à cause de ces paroles, pas nécessairement celles de Jean, mais celles de l’Eucharistie : « Prenez et mangez, ceci est mon Corps. », on s’est mis à penser que les chrétiens pouvaient être des cannibales. C’est de prendre vraiment à un premier niveau une parole qui est transmise. Mais je ne sais pas si on très conscient que nos parents nous ont donné leur chair. Si on n’en est pas conscient lorsqu’on est enfant, on peut en devenir conscient lorsqu’on devient nous-mêmes parents ou qu’on devient pasteur, parce que le don qu’on fait de nous, ce n’est pas d’abord notre temps, mais c’est nous. Et nous qui sommes incarnés pour faire le don de nous-mêmes, ça doit nécessairement passer à travers les épreuves du corps, les épreuves de la chair, la fatigue, à travers la main qui est tendue, à travers ceux qui sont portés, à travers la force qui est la nôtre et qu’on peut mettre au service des autres.

« Prenez et mangez, ceci est mon Corps », ce n’est pas une abstraction. Il y a quelque chose dans l’incarnation de Jésus qui concerne directement la nôtre. Et la vie éternelle,  elle est à l’intérieur de ce don qui est reçu et qui est accueilli. Il y a beaucoup de situations dans mon histoire ou dans ma vie qui m’ont interpelé pour que je me tourne, non pas vers moi-même pour me perdre, mais que je me tourne vers Lui pour me trouver. Vous savez lorsqu’à l’âge de 28 ans je me suis ouvert à accueillir la grâce d’un appel pour adopter un fils qui était handicapé, il y a quelque chose qui nous dépasse, il y a quelque chose qui est très excitant. Dans le quotidien, ça perd de son excitation. Jour après jour, mois après mois, on n’en est plus à la nouvelle d’origine, on s’y est habitué et les autres autour de nous s’y sont habitués aussi. La réalité reste là. Et devant les exigences de cette réalité-là, il faut se tourner, non pas vers soi, mais se tourner vers ce qui descend du ciel. Ce qui descend du ciel, ce n’est pas non plus une abstraction. C’est ce qui nous vient d’une expérience qui est au-delà de uniquement ce qui est terrestre, c’est quelque chose qui nous vient de l’expérience qui est de l’ordre de l’Esprit, qui est de l’ordre de la rencontre de Jésus Christ et qui fait que l’on peut continuer à être debout et qu’on peut continuer à découvrir le mystère profond des appels qui sont les nôtres.

À l’occasion, je vous parle de cet appel-là, mais ce n’est pas le seul que j’ai reçu. Après 62 ans d’existence j’en ai reçu sûrement plusieurs, mais celui-là fait plus image. C’est pourquoi j’en parle davantage. Et dans  les paroles de cette semaine qui nous disent que Jésus nous nourrit par sa chair, je puis vous dire que je suis souvent nourri par la chair de ma réalité familiale. Souvent je me rappelle de mon grand-père, de ma grand-mère, je me rappelle de mon père, je me rappelle de ma mère, je me rappelle de tout ce que j’ai reçu à travers cette famille, dans l’humilité de ce que pouvait être chacun, mais  dans la belle ouverture que chacun avait par rapport à nous, dans les joies d’enfance. Et je pense que, si j’ai voulu accueillir des personnes qui avaient été moins bien nanties que moi dans toutes ces relations-là, c’est parce que je sentais que j’avais reçu un trésor qui ne dépendait pas de moi mais qui venait aussi d’un appel qu’eux avaient reçu et qui nous avait été si bien partagé.

« Celui qui mange ma chair, celui qui boit mon sang, celui-là qui mange la vraie nourriture aura la vie éternelle. » Cette vie éternelle, le Seigneur n’en privera pas ceux qui dans le présent peuvent s’en égarer un peu. Il veut juste nous indiquer le chemin pour pouvoir la recevoir dès maintenant. Alors, je souhaite pour vous que ce temps de vacance, que cette période de l’année où l’on est appelé à se détendre, à se retrouver avec les proches, à célébrer davantage les relations qui sont pour nous des bonnes nouvelles, soit un grand temps de nourriture, et que la nourriture qui vient du ciel puisse être partagée entre vous. Bonne semaine mes amis !

TAGS: , ,

0 commentaires

Vous pouvez être le premier à laisser un commentaire

Laissez un commentaire