Commentaire du 25 décembre 2011 / Pierre Desroches (69e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et guitare.
– Laurence Jalbert : interprète. Chanson tirée de son album : NOËL DES ANGES.

« La différence entre Joyeux Noël et Joyeuses Fêtes / Ces épousailles que Dieu fait de notre humanité en s’incarnant / Comme chrétiens, nous sommes appelés à proposer cet enfant au monde / L’enfant qui naît vient toujours transformer notre façon d’exister / Noël n’est pas qu’une fête mais un événement. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) :  http://aelf.org/?date_my=25/12/2011

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Évangile : Naissance de Jésus (Luc 2, 1-14)
En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre — ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. — Et chacun allait se faire inscrire dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David appelée Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David. Il venait se faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur s’approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte, mais l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. »

1ère lecture : Le prince de la paix (Isaïe 9, 1-6)
Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué l’allégresse, tu as fait grandir la joie : ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson, comme on exulte en partageant les dépouilles des vaincus. Car le joug qui pesait sur eux, le bâton qui meurtrissait leurs épaules, le fouet du chef de corvée, tu les as brisés comme au jour de la victoire sur Madiane. Toutes les chaussures des soldats qui piétinaient bruyamment le sol, tous leurs manteaux couverts de sang, les voilà brûlés : le feu les a dévorés. Oui ! un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l’insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : « Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ». Ainsi le pouvoir s’étendra, la paix sera sans fin pour David et pour son royaume. Il sera solidement établi sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’univers. 

Psaume 95, 1-3, 11-13 

R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né : c’est le Christ, le Seigneur.

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.

Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
pour gouverner le monde avec justice.

2ème lecture : La grâce de Dieu s’est manifesté (Tite 2, 11-14)
La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnable, justes et religieux, et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

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Commentaire du 25 décembre 2011 (69è) – La Nativité de notre Seigneur (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

À Noël, Dieu ne déserte pas la réalité humaine qu’est la nôtre, il la choisit

L’abbé Pierre Desroches

Mes chers amis, quelle belle journée pour vous souhaiter « Joyeux Noël » ! Je ne sais pas si vous avez reçu beaucoup ce souhait, mais dans ces dernières années on a transformé  souvent ce souhait en « Joyeuses Fêtes », ce qui pour moi n’a pas du tout le même sens.  Fête de qui,  fête de quoi, fête pour quoi ? Alors que Joyeux Noël nous dit que la joie que nous avons, elle est reliée  à une naissance, le mot Noël vient du mot « natalis » qui signifie justement la naissance. Et pour cette fête, c’est vraiment celle de la naissance d’un enfant. Comment ne pas avoir le goût d’être dans la joie, comment ne pas avoir d’élan intérieur quand une vie nouvelle vient prendre racine chez nous. Et Celui qui vient  prendre racine chez nous en cette fête c’est le Fils même de Dieu, Dieu qui s’incarne, Dieu qui vient épouser la nature qui est la nôtre. Je ne sais pas ce que vous pensez de votre nature ou ce que vous pensez de la nature de ceux qui vous entourent;  des fois on en perd le sens de toute la dignité. Chacun de nous est un don de Dieu et c’est une des lumières que vient éclairer ces épousailles que Dieu fait de notre humanité jusqu’à aller à s’incarner dans cette humanité. Dieu ne déserte pas la réalité qui est la nôtre, il vient la choisir, il vient l’élire, il vient l’élever à une dimension qui est vraiment au-delà de nous-mêmes mais qui est à la dimension de son Être éternel même. C’est pourquoi  la fête de Noël, lorsqu’elle est vécue, lorsqu’elle est saisie, et reconnue  comme l’événement d’une naissance ça transforme toute notre façon de nous rencontrer, d’être ensemble. On ne peut pas passer à côté de la présence. Ce n’est pas simplement dans un échange de cadeaux qu’on peut saisir la profondeur de ce qui est en train de se vivre dans nos maisons, dans nos églises.

Alors comme croyants, comme chrétiens, cet enfant nous sommes appelés à le proposer au monde, nous sommes appelés à nous laisser déranger par sa venue, comme un bébé qui naît ne peut pas laisser nos vies intactes, il vient nécessairement transformer les rites de la maison, il vient nécessairement transformer nos façons de partager, nos façons d’exister. Lorsque je fais des baptêmes, j’aime bien demander aux parents, si la venue de cet enfant a changé quelque chose dans leur façon d’être ensemble. Vous pouvez deviner facilement les réponses. À un de mes amis qui a treize enfants, je disais il y a quelque temps qu’il n’avait pas probablement eu de nuits complètes depuis bien des années, parce que la venue d’un enfant ça nous rend attentifs et vigilants, toujours   l’oreille écoutante parce qu’il n’y a ni de jour, ni de nuit, il y a des besoins. Il y a un être qui, pour sa croissance et pour sa subsistance a besoin qu’on soit là du matin jusqu’au soir. J’ai eu cette joie d’expérimenter cela parce que mes garçons (1) qui sont handicapés, s’ils toussent de nuit ou si la respiration n’est pas la même, même si je suis à un étage différent, je m’aperçois que mon oreille est toujours vigilante et attentive, et qu’en pleine nuit parfois, j’aurai à m’habiller et passer par l’extérieur pour aller voir qu’est-ce qui se passe. Et ce n’est pas un dérangement qui d’abord m’irrite mais c’est un dérangement qui me réjouit et qui me parle de cette qualité de relation qui existe entre ces fils et moi-même. Pour moi, cette dimension de mon existence et de ma vie est un cadeau qui vient nettement de Dieu puisque selon la nature des choses et l’engagement que j’avais pris, j’aurais dû être affranchi de ces exigences. Mais ce sont des douces exigences par rapport à toute la vie qu’on y reçoit.

Je crois qu’en cette fête de Noël notre joie c’est de célébrer cette venue du Dieu au cœur même de notre humanité, au cœur même de  notre quotidien et de partager avec Lui ce quotidien pour présenter un pain de vie qui nourrit non simplement nos corps mais nourrit davantage nos cœurs, nourrit nos familles et qui peut venir apporter une lumière au cœur d’une société qui a tellement besoin de trouver des chemins pour sortir de tous les égarements qui pourraient les détacher de l’essentiel. De garder cette fête et ce sens de Noël, de la Nativité, pour moi c’est de nous relier non pas à une fête tout simplement, mais de nous relier à un événement, et l’événement c’est la venue de cet enfant qui est proposé à tous pour découvrir l’amour unique du Père pour chacun de nous. Alors mes amis, encore une fois, au cas où vous ne l’auriez pas beaucoup entendu cette année, il me fait plaisir de vous re-souhaiter un très « Joyeux Noël ».

(1) Pierre vit avec 2 garçons handicapées qui ont maintenant 40 ans, dont l’un est son fils qu’il a adopté lorsque celui-ci avait 7 ans.

 

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