Commentaire du 25 août 2013 / Christian Beaulieu (9e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Christian Beaulieu a été ordonné prêtre en 1968. Il est actuellement directeur général de l’Institut Séculier Pie X de Charlesbourg, et en 1985 il a fondé « Le Pharillon », maison d’aide pour jeunes en difficulté. En plus d’avoir écrit plusieurs ouvrages à succès sur la spiritualité chrétienne, il prêche de nombreuses retraites et ressourcements spirituels annuellement. http://www.ispx.org

– Gino Fillion : guitare, caméra et montage visuel.

« Le souci de Jésus de rassembler les gens dans son Royaume / Se faire petit et humble / Les cordes du violon de Paganini / Les cordes de nos sécurités qui lâchent / Donner le meilleur avec nos fragilités et les présenter à Dieu. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

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Évangile : L’appel universel au salut et la porte étroite (Luc 13, 22-30)
Dans sa marche vers Jérusalem, Jésus passait par les villes et les villages en enseignant. Quelqu’un lui demanda : « Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » Jésus leur dit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas. Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : ‘Seigneur, ouvre-nous’, il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes.’ Alors vous vous mettrez à dire : ‘Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.’ Il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal.’ Il y aura des pleurs et des grincements de dents quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. » 

1ère lecture : Dieu vient rassembler toutes les nations (Isaïe 66, 18-21)
Parole du Seigneur : Je viens rassembler les hommes de toute nation et de toute langue. Ils viendront et ils verront ma gloire : je mettrai un signe au milieu d’eux ! J’enverrai des rescapés de mon peuple vers les nations les plus éloignées, vers les îles lointaines qui n’ont pas entendu parler de moi et qui n’ont pas vu ma gloire : ces messagers de mon peuple annonceront ma gloire parmi les nations. Et, de toutes les nations, ils ramèneront tous vos frères, en offrande au Seigneur, sur des chevaux ou dans des chariots, en litière, à dos de mulets ou de dromadaires. Ils les conduiront jusqu’à ma montagne sainte, à Jérusalem, comme les fils d’Israël apportent l’offrande, dans des vases purs, au temple du Seigneur. Et même je prendrai des prêtres et des lévites parmi eux. Parole du Seigneur.

Psaume 116, 1- 2

R/ Allez par le monde entier proclamer la Bonne Nouvelle

Louez le Seigneur, tous les peuples ;
fêtez-le, tous les pays !

Son amour envers nous s’est montré le plus fort ;
éternelle est la fidélité du Seigneur !

2ème lecture : Dieu corrige ceux qu’il aime (Hébreux 12, 5-7.11-13)
Frères, n’oubliez pas cette parole de réconfort, qui vous est adressée comme à des fils : Mon fils, ne néglige pas les leçons du Seigneur, ne te décourage pas quand il te fait des reproches. Quand le Seigneur aime quelqu’un, il lui donne de bonnes leçons ; il corrige tous ceux qu’il reconnaît comme ses fils. Ce que vous endurez est une leçon. Dieu se comporte envers vous comme envers des fils ; et quel est le fils auquel son père ne donne pas des leçons ? Quand on vient de recevoir une leçon, on ne se sent pas joyeux, mais plutôt triste. Par contre, quand on s’est repris grâce à la leçon, plus tard, on trouve la paix et l’on devient juste. C’est pourquoi il est écrit : Redonnez de la vigueur aux mains défaillantes et aux genoux qui fléchissent, et : Nivelez la piste pour y marcher. Ainsi, celui qui boite ne se tordra pas le pied ; bien plus, il sera guéri.

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Commentaire du 25 août 2013 (160e) – 21e dimanche du temps ordinaire (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Entrer par la porte étroite avec nos fragilités mais dans la confiance

L’abbé Christian Beaulieu, i.s.p.x.

Aujourd’hui, dans l’Évangile, c’est le souci de Jésus de rassembler les gens dans son Royaume, dans le salut. La question nous est tellement souvent posée: « Est-ce un grand nombre qui va être sauvé ou si c’est un juste un petit nombre, des choisis, des élus, des élites ? » Aujourd’hui, Jésus nous montre sa largeur de vue, c’est comme s’il nous disait qu’il y a de la place pour tout le monde. C’est à vous à prendre votre place, c’est à vous à trouver votre place et efforcez-vous d’y entrer bien sûr par la porte étroite, par la porte basse, par la porte d’en arrière. Parce que si nous autres on pense qu’on va entrer dans le royaume des cieux en étant forts, comme des héros, avec des vertus. Non, non, le Seigneur nous dit : « Rentrez comme des pauvres, rentrez comme des enfants. » Parfois, il faut entrer par la porte d’en arrière, par la petite porte étroite, par la porte qui est plus resserrée.

Il faut que je vous raconte une expérience vécue dernièrement à la prison de Drummondville. C’était une soirée pour parler de la Parole, pour apporter une espérance à ces hommes détenus. Et j’avais pris le texte d’un événement dans la vie du grand violoniste Paganini. Il donne un concert pour une foule, une salle pleine à craquer, et il joue avec tellement d’intensité sur son violon, avec une fougue, une passion. Il y a tout à coup une corde qui saute, et un peu désemparé, avec quelques hésitations, il reprend souffle, il rebondit sur ses pieds et il continue de jouer avec les trois cordes qui lui restaient. Merveilleux! Magique! Des émotions, il est allé chercher les cordes sensibles de l’assistance et à un moment donné après quelque temps, la deuxième corde saute et une demi-heure plus tard, c’est au tour la troisième corde, il ne lui restait qu’une corde. Imaginez-vous ! Au lieu d’arrêter le concert, il se met à jouer sur cette corde de sol pour y faire sortir toutes les vibrations, toutes les émotions. Il jouait ce que les gens vivent quand les gens sont à bout de souffle, quand les cordes ne jouent plus. Il jouait leurs émotions, il jouait leurs peines, leurs larmes et leurs désenchantements, mais un enchantement dans le cœur des gens! Il a continué de jouer jusqu’à la fin et ça été des applaudissements extraordinaires.

C’est l’image de nos vies, l’image de nos histoires. Au bout de la vie, à un certain âge, avec certains événements qui nous tombent dessus, une à une les cordes sautent. Les jambes sont plus faibles, la vue baisse, la mémoire nous joue des tours, elle est capricieuse, la fatigue qui arrive habituellement à dix heures le soir, elle est déjà rendue à quatre heures de l’après-midi pour nous rejoindre. Combien de temps va-t-on pouvoir encore jouer avec ses limites, avec ses fragilités ? On n’est pas tous des chefs d’orchestre, on n’est pas tous des Paganini, mais jusqu’à la fin de notre vie on peut faire entendre des choses merveilleuses avec les cordes qui nous restent. Et il faut fréquenter avec beaucoup d’amitié ces cordes-là. Il ne faut pas trop penser aux cordes qui nous manquent mais donner le meilleur avec nos fragilités. C’est ça que Jésus veut nous dire aujourd’hui par son Évangile, que nous sommes appelés à la sainteté avec les cordes qui nous manquent. Mais la dernière corde du violon, le sol, est plus grave, mais quelle beauté il y a dans le son de ses harmoniques.

Un jour un jeune dans notre maison pour les jeunes à Montréal, victimes de la drogue, de la consommation, etc…, un de ces jeunes nous arrive à la table en disant : « Est-ce qu’on peut inventer de nouvelles béatitudes ? » – ‘Des nouvelles béatitudes… je suppose que toi tu en as trouvé une ? » – Oui : ‘Bienheureux les vases fêlés, qu’il dit, les vases craqués, parce que la lumière les traverse beaucoup plus facilement que les vases bien chaînés’. Il faut que je présente mes blessures, il faut que je présente ma pauvreté, mon impuissance face à l’enfant malade, face à quelqu’un dont je ne suis pas capable de savoir ce qu’il vit, mon impuissance à être dépassé, et accepter ce dépassement et accepter que le Seigneur travaille à travers. Vous savez, entrer par la porte étroite du cœur de quelqu’un.

C’est le Pape François qui au début de son Pontificat nous a dit : « Jésus est là qui frappe à notre porte, si quelqu’un ouvre il entrera, il veillera avec nous, soupera avec nous et peut-être qu’il va passer la nuit chez nous ». Les chrétiens, les gens qui vont à l’église, bien sûr qu’ils sont entrés, ils ont fait entrer Jésus. Mais depuis un certain temps dans l’Église, dans nos églises, dans nos communautés, Jésus fatigue d’être avec des gens bien, des gens confortables, des gens chez eux, et Jésus voudrait qu’on lui repasse la clef pour ouvrir la porte, pour débarrer les portes pour aller vers ceux qui ne sont pas là, pour aller vers les absents, vers ceux qui auraient besoin du message, de consolation, de réconfort, qui auraient besoin qu’on les prenne dans nos bras et qu’on les regarde dans les yeux pour leur dire : « Est-ce que tu sais que tu es aimés, est-ce que tu sais que tu es belle, est-ce que tu sais mon grand que tu en vaux la peine ? »

Alors, demandons aujourd’hui par cet évangile où Jésus dit : « Je veux les avoir tous dans mon Royaume, tous dans mon cœur et dans ma tendresse. Je voudrais qu’ils connaissent tous ma miséricorde, mais comment voulez-vous qu’ils la connaissent ? Si ce n’est pas à travers vos bras, vos regards, vos sourires, votre accueil; si ce n’est pas à travers la prière dans laquelle vous les portez ? »

Évangile : Luc 13, 22-30

1ère lecture : Isaïe 66, 18-21

Psaume 116, 1-2

2e lecture : Hébreux 12, 5-7.11-13

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