Commentaire du 24 juin 2012 / Pierre Desroches (96e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, composition de la musique et arrangements, direction des comédiens, montage des images et mixage.

« Isaïe qui s’adresse aux distants / La présence de Dieu qui nous accompagne depuis toujours / La cause de notre Église n’est pas finie / C’est Dieu qui est notre force / Le Baptiste a été le signe donné à Marie / Jean veut dire : Dieu fait grâce / Lorsqu’on sort de Dieu, on n’a plus rien à dire, comme le mutisme de Zacharie. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=24/06/2012

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Évangile : La naissance de Jean Baptiste (Luc 1, 57-66.80)
Quand arriva le moment où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait prodigué sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle. Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient le nommer Zacharie comme son père. Mais sa mère déclara : « Non, il s’appellera Jean. » On lui répondit : « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! » On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Son nom est Jean. » Et tout le monde en fut étonné. À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu. La crainte saisit alors les gens du voisinage, et dans toute la montagne de Judée on racontait tous ces événements. Tous ceux qui les apprenaient en étaient frappés et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui. L’enfant grandit et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il devait être manifesté à Israël. 

1ère lecture : Le prophète bien-aimé du Seigneur (Isaïe 49, 1-6)
Écoutez-moi, îles lointaines ! Peuples éloignés, soyez attentifs ! J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. Il a fait de ma bouche une épée tranchante, il m’a protégé par l’ombre de sa main ; il a fait de moi sa flèche préférée, il m’a serré dans son carquois. Il m’a dit : « Tu es mon serviteur, Israël, en toi je me glorifierai. » Et moi, je disais : « Je me suis fatigué pour rien, c’est pour le néant, c’est en pure perte que j’ai usé mes forces. » Et pourtant, mon droit subsistait aux yeux du Seigneur, ma récompense auprès de mon Dieu. Maintenant le Seigneur parle, lui qui m’a formé dès le sein de ma mère pour que je sois son serviteur, que je lui ramène Jacob et que je lui rassemble Israël. Oui, j’ai du prix aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force. Il parle ainsi : « C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et ramener les rescapés d’Israël : je vais faire de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. » 

Psaume 138, 1-3, 13-15

R/ Je te rends grâce, ô mon Dieu, pour tant de merveilles

Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais !
Tu sais quand je m’assois, quand je me lève ;
de très loin, tu pénètres mes pensées.
tous mes chemins te sont familiers.

C’est toi qui as créé mes reins,
qui m’as tissé dans le sein de ma mère.
Je reconnais devant toi le prodige,
l’être étonnant que je suis.

Étonnantes sont tes œuvres
toute mon âme le sait.
Mes os n’étaient pas cachés pour toi
quand j’étais façonné dans le secret.

2ème lecture : Jean Baptiste a préparé la venue de Jésus (Actes 13, 22-26)
Dans la synagogue d’Antioche de Pisidie, Paul disait aux Juifs : « Dieu a suscité David pour le faire roi, et il lui a rendu ce témoignage ; J’ai trouvé David, fils de Jessé, c’est un homme selon mon cœur ; il accomplira toutes mes volontés. Et, comme il l’avait promis, Dieu a fait sortir de sa descendance un sauveur pour Israël : c’est Jésus, dont Jean Baptiste a préparé la venue en proclamant avant lui un baptême de conversion pour tout le peuple d’Israël. Au moment d’achever sa route, Jean disait : ‘Celui auquel vous pensez, ce n’est pas moi. Mais le voici qui vient après moi, et je ne suis pas digne de lui défaire ses sandales.’ Fils de la race d’Abraham, et vous qui adorez notre Dieu, frères, c’est à nous tous que ce message de salut a été envoyé. »

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Commentaire du 24 juin 2012(96e) – Naissance et circoncision de Jean le Baptiste (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Les parents du Baptiste reconnaissent le nom de Jean donné par Dieu

L’abbé Pierre Desroches

Alors mes amis, je ne sais pas si vous le devinez mais on est encore à Victoriaville. Cette fois-ci on a pris un angle pour pouvoir vous montrer les oies qui sont encore au réservoir. Lorsque je suis arrivé tantôt, j’étais très content de les revoir. C’est toujours un beau paysage de voir cette vie abondante qui est toujours sur nos rives d’une manière ou d’une autre.

Et là, justement notre ami, le prophète Isaïe invite les îles lointaines à l’écouter : « Peuples éloignés, soyez attentifs ! » C’est un homme qui s’adresse aux distants, il n’est pas en train de parler à des frères, et immédiatement aux gens de son peuple, il est en rapport avec des personnes qui n’ont pas tout-à-fait la culture qui est la sienne. Il dit : « J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. » C’est  touchant, de voir qu’un homme comme lui a l’expérience que la Présence de Dieu l’accompagne depuis toujours et qu’il est connu même avant de venir au monde. On n’est pas dans les grandes discussions pour se demander à quel moment un humain devient un humain, est-ce que c’est quand il est dans le sein ou lorsqu’il est sorti, on est dans un autre niveau d’expérience, un tout autre niveau de regard. «  Il a fait de ma bouche une épée tranchante, il m’a protégé par l’ombre de sa main. »  Il y a beaucoup d’enfants qui ont besoin de cela aujourd’hui, il y a beaucoup d’enfants à naître qui sont excessivement vulnérables par notre façon de concevoir la vie, de concevoir l’humanité, de concevoir le service à l’humanité.

« Il a fait de moi sa flèche préférée, il m’a serré dans son carquois. »  C’est comme si on peut se mettre à parler aux distants dans la mesure où on a vécu et expérimenté la proximité de Dieu. On ne peut pas parler de Dieu avec notre tête si on veut que notre parole soit recevable. Il faut qu’on ait cette expérience de Dieu pour être capable de dire des mots de Dieu, des paroles qui vont aller toucher les cœurs. « Tu es mon serviteur, Israël, en toi je me glorifierai. » La gloire de Dieu, on sait toujours c’est lorsque la mort est vaincue. Saint Irénée dit : « La gloire de Dieu, c’est l’homme debout », mais l’homme debout, c’est le contraire de l’homme écrasé. L’homme écrasé, c’est celui qui n’a pas trouvé la force, c’est celui qui n’a pas trouvé ce dont il a besoin pour traverser les épreuves, mais l’homme debout, celui dont le Seigneur se glorifie, c’est celui  qui est vivant.

« Et moi, je disais : « Je me suis fatigué pour rien, c’est pour le néant, c’est en pure perte que j’ai usé mes forces. » Si je me mettais à faire un calcul de mes trente-cinq ans de ministère, puis de regarder avec certain mode d’appréciation la valeur de tout ce que je me suis imposé comme fatigues, peut-être que je pourrais être dans les sentiments de notre ami Isaïe qui dit : « Je me suis fatigué en pure perte ». Ce qu’il est en train de découvrir parce qu’il entend cette Parole, il entend le Seigneur qui lui dit : « Tu es mon serviteur, Israël, en toi, je me glorifierai. Alors il s’aperçoit que la cause d’Israël n’est absolument pas finie, la cause de notre Église d’ici n’est absolument pas finie, la cause des fils et des filles de Dieu sur cette planète n’est absolument pas finie, c’est une cause qui a toujours tout son poids et sa valeur d’existence. « Et pourtant, mon droit subsistait aux yeux du Seigneur, ma récompense auprès de mon Dieu. »  Et  «  il me parle, lui qui m’a formé dès le sein de ma mère, qui m’a formé depuis toujours. » « Oui, j’ai du prix à ses yeux, et c’est mon Dieu qui est ma force. » Ça c’est extraordinaire parce quand on essaie d’être notre propre force, on touche très vite qu’on est peut-être notre propre faiblesse mais qu’on n’est pas notre force. C’est Dieu qui est ma force. Il dit ce Seigneur : « C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et ramener les rescapés d’Israël : je vais faire de toi la lumière des nations. » Mes amis, une expérience profonde de Dieu nous donne beaucoup de lumière. Lorsqu’on peut avoir cette sagesse qui nous vient de Lui, elle ne peut pas toujours être toujours refusée par les nations qui en ont bien besoin pour ne pas s’égarer.

Dans la deuxième lecture, Jean-Baptiste qui a préparé la venue du Seigneur. C’est une des grandes missions de Jean-Baptiste. C’est comme si son existence a été vraiment pour la préparation, il a été le signe donné à Marie, dès le sein de sa mère lui-aussi, il est celui qui a indiqué qui était l’Agneau de Dieu et il dit d’une façon très claire dans cette Parole-là : « Celui que vous pensez ce n’est pas moi. » Ce n’est pas évident de dire cela. Celui auquel vous pensez ce n’est pas  moi. Le premier, ce n’est pas moi. La Vie, ce n’est pas moi. Celui auquel vous pensez, le voici, Il vient après moi. « Moi, et je ne suis pas digne de  défaire les courroies de ses sandales », je ne suis pas digne de me mettre à ses pieds, je ne suis pas digne d’être en état de serviteur. Il dit : « Fils de la race d’Abraham, et vous qui adorez notre Dieu, frères, c’est à nous tous que ce message de salut a été envoyé. » Ce message de salut, c’est Jésus Christ. Jésus Christ est autant présent dans le moment d’aujourd’hui qu’il l’était au moment de Jean-Baptiste.

Le texte de l’évangile nous ramène à la naissance de Jean-Baptiste. Là, il se passe quelque chose que les gens de l’époque ont beaucoup de misère à comprendre. On voit souvent ça dans les familles. Souvent dans les familles italiennes le premier fils s’appelle Joseph (Giuseppe). Il y a de ces traditions de donner le nom du père au premier fils de la famille. C’était présent dans la communauté juive. Là, les gens qui étaient sûrs que nos amis Élisabeth et Zacharie son époux, avaient été exclus de Dieu puisqu’ils étaient très âgés et qu’ils n’avaient pas d’enfants. Lorsqu’elle a mis au monde un fils, ils l’ont appris et ils ont reconnu évidemment que ce n’était pas l’œuvre de ce couple admirable mais que c’était une action de Dieu et que Dieu avait prodigué sa miséricorde. Puis là, ils étaient remplis de joie avec elle parce que ça venait transformer le regard de l’entourage sur nos deux amis. Lorsque qu’est arrivé le huitième jour, le jour de la circoncision pour l’enfant « Ils voulaient le nommer Zacharie comme son père. Mais sa mère déclara : « Non, il s’appellera Jean. » Tout le monde est stupéfait. « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! » Comment expliquer que tu ne suivras pas la tradition, que tu n’entreras pas dans les sentiers déjà tracés. Puis ils se sont tournés vers le père pour voir s’ils pourraient les mettre en chicane, peut-être, je ne sais pas… Puis là, ils demandent au père comment il voulait l’appeler. Ils s’attendaient bien à ce que le père confirme qu’il devrait s’appeler Zacharie. Comme il avait perdu l’usage de la parole parce il n’avait vraiment cru à cette nouvelle que sa femme serait enceinte, il prend une tablette, lui qui ne parle plus, puis il marque : « Son nom est Jean. ». Et c’est clair que ce n’est pas nous qui donnons le nom mais nous reconnaissons le nom que Dieu lui a donné : « Jean, c’est-à-dire : Dieu fait grâce.

« Tout le monde fut étonné. À l’instant même, sa bouche s’ouvrit. » Lorsqu’on sort de Dieu, souvent, on n’a plus rien à dire et même les mots qu’on peut exprimer, c’est comme si, ils n’étaient pas clairs ou qu’ils n’étaient pas nécessairement reçus. Alors lui qui n’avait pas pu donner la bénédiction à la fin de la liturgie qu’il avait faite, parce qu’il avait justement perdu la parole, il retrouve la langue de la bénédiction, « sa langue se déliait: il parlait et il bénissait Dieu » nous dit le texte. La crainte saisit tout le monde à cause de ce sentiment d’être en train de faire l’expérience d’une présence qui nous dépasse et qui est la Présence de Dieu. « Et on se mit à raconter tous ces événements. » Et on dit : « Que sera donc cet enfant ? »  C’est pour cela que plusieurs se sont mis à douter qu’il pouvait être le précurseur du messie attendu. « La main du Seigneur était avec lui, son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il devait se manifester », et la grande manifestation qu’il a faite, c’est d’indiquer qui était le Messie. Je vous souhaite une langue qui se délie, capable de bénir et aussi d’indiquer la manifestation de Dieu. Et je vous bénis au nom Père, et du Fils et du Saint-Esprit.

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