Commentaire du 22 mai 2011 / Pierre Desroches (36e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion :
composition, guitare, caméra et montage.

« Les compétitions entre les communautés, ce n’est pas nouveau / L’imposition des mains, non un geste de pouvoir mais de transmission / La réalité toujours déconcertante dont Dieu nous interpelle / Pierre a tellement voulu dire à Jésus ce qu’il aurait dû faire / La difficulté de croire à l’Église qui est vulnérable. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=22/05/2011

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Évangile : « Personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jean 14, 1-12)
A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure ; sinon, est-ce que je vous aurais dit : Je pars vous préparer une place ? Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi ; et là où je suis, vous y serez aussi. Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : ‘Montre-nous le Père’ ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; mais c’est le Père qui demeure en moi, et qui accomplit ses propres oeuvres. Croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne croyez pas ma parole, croyez au moins à cause des oeuvres. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi accomplira les mêmes oeuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père. »

1ère lecture : Les premiers auxiliaires des Apôtres (Actes 6, 1-7)
En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait, les frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue hébraïque : ils trouvaient que, dans les secours distribués quotidiennement, les veuves de leur groupe étaient désavantagées. Les Douze convoquèrent alors l’assemblée des disciples et ils leur dirent : « Il n’est pas normal que nous délaissions la parole de Dieu pour le service des repas. Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous, qui soient des hommes estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse, et nous leur confierons cette tâche. Pour notre part, nous resterons fidèles à la prière et au service de la Parole. » La proposition plut à tout le monde, et l’on choisit : Étienne, homme rempli de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, un païen originaire d’Antioche converti au judaïsme. On les présenta aux Apôtres, et ceux-ci, après avoir prié, leur imposèrent les mains. La parole du Seigneur était féconde, le nombre des disciples se multipliait fortement à Jérusalem, et une grande foule de prêtres juifs accueillaient la foi.

Psaume 32, 1.2b-3a, 4-5, 18-19
R/ Seigneur, ton amour soit sur nous, comme notre espoir est en toi !

Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes !
Hommes droits, à vous la louange !
Jouez pour lui sur la harpe à dix cordes.
Chantez-lui le cantique nouveau.

Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
il est fidèle en tout ce qu’il fait.
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

2ème lecture : Le peuple sacerdotal (1 Pierre 2, 4-9)
Frères, approchez-vous de lui : il est la pierre vivante que les hommes ont éliminée, mais que Dieu a choisie parce qu’il en connaît la valeur. Vous aussi, soyez les pierres vivantes qui servent à construire le Temple spirituel, et vous serez le sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles que Dieu pourra accepter à cause du Christ Jésus. On lit en effet dans l’Écriture : Voici que je pose en Sion une pierre angulaire, une pierre choisie et de grande valeur ; celui qui lui donne sa foi ne connaîtra pas la honte. Ainsi donc, honneur à vous qui avez la foi, mais, pour ceux qui refusent de croire, l’Écriture dit : La pierre éliminée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle, une pierre sur laquelle on bute, un rocher qui fait tomber. Ces gens-là butent en refusant d’obéir à la Parole, et c’est bien ce qui devait leur arriver. Mais vous, vous êtes la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu ; vous êtes donc chargés d’annoncer les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière.

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Commentaire du 22 mai 2011 (36è) – 5e dimanche de Pâques (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Dans la demeure du Père, il n’y a que des places uniques

Bonjour les amis !

Je voudrais prendre un petit moment au début de cette rencontre pour remercier tous ceux qui prennent le temps de nous écrire et d’enrichir de leurs commentaires les réflexions qu’on veut bien se partager les uns les autres.

On est toujours dans les semaines après Pâques. C’est un temps où on revit en communauté les débuts de l’Église et là, on est devant une communauté qui augmente; elle commence à avoir un peu de nombre. Ils étaient habitués à être quelques-uns et là peu à peu, on voit se joindre des personnes d’ici et d’ailleurs, et on va être devant deux groupes, des frères de langue grecque qui vont récriminer contre ceux de langue  hébraïque et qui vont trouver que leurs veuves sont moins bien traitées que celles de la communauté hébraïque.

Probablement que le propre d’avoir des communautés en compétition ne doit pas  nécessairement juste appartenir  à notre réalité à nous, mais à être échelonnés tout au long de l’histoire de l’Église. Ce sont des sentiments qui sont humains et ça peut aussi être parfois le temps de faire des vérités et de faire des prises de conscience. Et on voit ces communautés qui vont  le faire. Et le choix qu’ils vont faire c’est de présenter aux Apôtres des gens pour que les Apôtres n’aient pas à délaisser le service de la prière et de la (parole) table.

Dans les communautés où je suis curé, cette année, on est en train de vivre cette expérience de faire l’unité entre deux paroisses qui ont à peu près chacune cent ans, l’une étant de quelques années l’aînée de l’autre. Pendant cent ans, ces deux communautés ont marché côte à côte, en parallèle, l’une à côté de l’autre. Et maintenant, on les invite à se donner la main. Quand ça fait cent ans que vous marchez à votre pas, de s’ajuster au pas de l’autre c’est un grand défi. C’est intéressant de voir ce choix, ce discernement que l’Église primitive va faire, de choisir des disciples qui vont pouvoir assumer des tâches qui ne seront plus assumées par ceux qui annoncent la Parole. On les voit donc les  présenter aux Apôtres, qui, après avoir prié vont leur imposer les mains, ce qui n’est pas un geste de pouvoir, mais un  geste transmission, un geste qui signifie qu’ils sont maintenant envoyés et au nom de cette Église, au nom  de ce corps, pour prendre soin de ceux qui, dans la communauté ont besoin d’être soignés, d’être reconnus, d’être accueillis dans la réalité plus fragile qu’est leur quotidien.

Dans la deuxième épître, on se retrouve avec Pierre. Ça fait quelques semaines qu’on chemine avec Pierre qui va nous parler de la pierre vivante, de la pierre qui est Jésus-Christ, cette pierre qu’ont voulu éliminer ceux qui bâtissaient et qui avaient d’autres vues pour bâtir que de se fonder, de s’appuyer sur cette réalité toujours déconcertante qui est la façon de Dieu de venir à nous et de nous interpeler. Et Pierre va dire « que la pierre rejetée des bâtisseurs est devenue la pierre d’angle. » Il serait intéressant de voir dans nos propres vies, dans nos propres histoires et peut-être même dans l’histoire de nos familles quelles seraient les réalités qu’on aurait toujours tendance à vouloir évincer. Peut-être que c’est à travers ces réalités que Dieu a quelque chose d’unique, a quelque chose d’important à nous dire. C’est peut-être sur ces réalités qu’on voudrait nier qu’il veut bâtir, qu’il veut faire de nous une solidité. Et Pierre est très bien placé pour en parler parce qu’il a tellement voulu lui, prendre la tête et dire à Jésus ce qu’il aurait dû faire. Et on sait bien que dans la Passion il va prier amèrement parce qu’il va saisir qu’il est passé à côté du mystère profond de celui qu’il aime. Et il va être ressaisi par un regard d’amour qui est celui de Jésus. Je pense que c’est important pour nous de nous laisser ressaisir par ce regard qui est aussi vrai pour Pierre qu’il est vrai pour nous.

Dans l’Évangile Jésus va nous dire : « Ne soyez donc pas bouleversés, vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » Ça m’a toujours interpelé cette parole car c’est plus facile de croire en Dieu qu’on imagine très loin que de croire en Jésus qui est incarné et qui est très près. C’est  toujours plus facile de croire en Dieu qu’on va dire tout-puissant à la manière de nos rêves et de nos illusions que de toucher à la vulnérabilité de son Église qui, elle, est bien de chair et de sang. « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » C’est comme un appel à croire à l’incarnation.

« Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure. » C’est fort intéressant d’entendre cette Parole qui nous dit que Jésus est parti nous préparer une place. Dans la demeure du Père, il n’y a que des places uniques. Chacun a sa place dans ce qu’il est. Alors que, très souvent, on peut avoir le sentiment de ne pas avoir de place ou qu’il n’y a pas de place pour ce qu’on est. Avec toutes ces  années de cheminement avec les personnes handicapées, particulièrement physiques dans ma situation, c’est toujours très bon de les voir passer un jour de croire qu’ils n’ont pas de place et d’avoir découvert leur place. Et lorsque quelqu’un découvre sa place, il sait comment il peut s’offrir, il sait comment il peut enrichir le monde de ce qu’il est et il s’ouvre à être un don.

Dans cet appel que le Seigneur nous fait ou cette révélation qu’il nous donne « je m’en vais vous préparer une place » notre ami Philippe (et/ou Thomas) comprend de manière assez mal ce qu’il est en train de vouloir dire. Et notre ami Jésus dit à (Thomas) Philippe : « Pour aller où je m’en vais vous connaissez le chemin ». Thomas lui dit : « Seigneur nous ne savons même pas où tu vas, comment pourrions-nous savoir le chemin? » Et quand Jésus dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie, » c’est toute l’invitation à accueillir son histoire, à reconnaître que cette histoire ne nous est pas étrangère et que cette histoire, c’est celle que nous sommes aussi appelés à expérimenter non pas en la regardant comme étant rejetés par le Père mais comme étant élus et choisis pour être témoins que la mort vaincue en Jésus est aussi être appelée à être vaincue sur notre propre route. Que l’Église qui est la demeure où le Père nous invite à nous établir, puisse être l’occasion pour nous de connaître cette grande joie de nous accomplir dans ce Fils bien-aimé. Bonne semaine mes amis et à bientôt.

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1 commentaire

  1. ginette st-denis dit :

    Merci père Desroches pour ce beau partage de la Parole, de la Parole à ma vie, je vois ainsi qu’il y a de la place pour les êtres vulnérables comme moi qui en accompagnent d’autres, Jésus nous sort de nos faiblesses et de nos manques pour nous déposés sur le Rocher qui est le coeur tout aimant de Jésus. Merci Paix à vous

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