Commentaire du 22 avril 2012 / Pierre Desroches (87e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, composition de la musique et arrangements, montage.

« Le feu de l’Esprit Saint rend Pierre incapable d’étouffer la Parole qui l’habite / Les fois où l’on choisit Barabbas / L’urgence de la prédication de la Parole est toujours actuelle / Notre Défenseur auprès du Père lorsqu’on est dans le péché / Jésus accepte de montrer sa vulnérabilité par ses plaies. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=22/04/2012

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Évangile : Le Christ ressuscité envoie les Apôtres en mission (Luc 24, 35-48)
Les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment ils avaient reconnu le Seigneur quand il avait rompu le pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même était là au milieu d’eux, et il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Frappés de stupeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent en vous ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os, et vous constatez que j’en ai. » Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui offrirent un morceau de poisson grillé. Il le prit et le mangea devant eux. Puis il déclara : « Rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il fallait que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. » Alors il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Écritures. Il conclut : « C’est bien ce qui était annoncé par l’Écriture : les souffrances du Messie, sa résurrection d’entre les morts le troisième jour, et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. C’est vous qui en êtes les témoins. » 

1ère lecture : Dieu a donné sa gloire à son serviteur Jésus (Actes 3, 13-15,  17-19)
Devant tout le peuple, Pierre prit la parole : « Hommes d’Israël, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a donné sa gloire à son serviteur Jésus, alors que vous, vous l’aviez livré ; devant Pilate, qui était d’avis de le relâcher, vous l’aviez rejeté. Lui, le saint et le juste, vous l’avez rejeté, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier. Lui, le Chef des vivants, vous l’avez tué ; mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, nous en sommes témoins. D’ailleurs, frères, je sais bien que vous avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs. Mais Dieu qui, par la bouche de tous les prophètes, avait annoncé que son Messie souffrirait, accomplissait ainsi sa parole. Convertissez-vous donc et revenez à Dieu pour que vos péchés soient effacés. »

Psaume 4, 2.7.9

R/ Révèle-nous, Seigneur, ton visage de lumière

Quand je crie, réponds-moi, Dieu, ma justice !
Toi qui me libères dans la détresse,
pitié pour moi, écoute ma prière !

Beaucoup demandent :
« Qui nous fera voir le bonheur ? »
Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage !

Dans la paix moi aussi, je me couche et je dors,
car tu me donnes d’habiter, Seigneur,
seul, dans la confiance.

2ème lecture : Le Christ victime offerte pour nos péchés (1 Jean 2, 1-5a)
Mes petits enfants, je vous écris pour que vous évitiez le péché. Mais, si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste. Il est la victime offerte pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais encore pour ceux du monde entier. Et voici comment nous pouvons savoir que nous le connaissons : c’est en gardant ses commandements. Celui qui dit : « Je le connais », et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur : la vérité n’est pas en lui. Mais en celui qui garde fidèlement sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection.

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Commentaire du 22 avril 2012 (87è) – 3e dimanche de Pâques (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q. 

Après la résurrection, Dieu réaffirme son incarnation en se laissant toucher

L’abbé Pierre Desroches

Cette semaine vous voyez en arrière-fonds la chaire de l’église St-Stanislas. Quand j’étais plus jeune à la paroisse Ste-Zotique de Montréal qui est dans le quartier de St-Henri, et que chaque dimanche je voyais le prêtre monter dans la chaire pour aller nous adresser la Parole, je me disais intérieurement que jamais je ne serai prêtre parce que je ne serais pas capable d’ouvrir ma bouche devant tout un peuple en écoute. Il y a une partie de ce qui bougeait en dedans qui a été vraie, c’est que lorsque je suis devenu prêtre on ne montait plus dans les chaires pour adresser la Parole et j’ai beaucoup adressé la Parole depuis que je suis ordonné prêtre. C’est un ministère qui me passionne parce que pour moi cette Parole, elle m’a donné la vie. Elle m’a permis de sortir d’un dialogue stérile, intérieur avec moi-même, et de pouvoir ouvrir ce dialogue, toujours à l’intérieur de moi-même, mais avec la Présence de Dieu qu’elle m’avait révélée. Combien de fois la Parole vient éclairer toute cette réalité que j’ai à vivre jour après jour, le quotidien, les événements du quotidien,  je dirais souvent, les assauts du quotidien. Et pour moi, de pouvoir être serviteur de la Parole, c’est une grâce pour laquelle je remercie le Seigneur chaque jour.

Et justement dans la première lecture, c’est Pierre qui va prendre la parole. Ce Pierre-là  aussi avait bien pensé probablement ne jamais prendre une parole en public pour défendre une réalité religieuse, une réalité de foi, mais il va s’adresser à ses frères d’Israël dont plusieurs n’ont pas reconnu le Christ, n’ont pas reconnu le Messie. Mais comme il en a fait l’expérience, qu’il en a fait la rencontre et qu’il a reçu l’Esprit Saint, il y a maintenant un feu en lui qui le rend incapable d’étouffer cette Parole qui l’habite et qui a complètement transformé sa réalité, mais d’abord son être de Pierre, son être de Simon. Il reprend dans la première lecture un peu l’histoire de l’Alliance d’Israël « Celui que vous avez rejeté et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier. » Il ramène le peuple au moment où il a choisi Barrabas plutôt que de choisir Jésus. Je ne sais pas si vous avez déjà pris conscience comment il nous arrive souvent de choisir Barabbas. On choisit celui qui essaie de gagner sa cause par la force et par la violence. Barrabas voulait tellement sauver son peuple ou donner la liberté à son peuple qu’il était prêt à tuer pour le libérer. Jésus veut aussi donner la liberté à ce peuple, surtout à ce peuple de fils et lui, plutôt que d’être prêt à tuer, il est prêt à être tué et à donner sa vie. Ce sont deux chemins profondément différents et notre ami Pierre est en train d’amener ceux qu’il aime à une saisie de conscience. « Le chef des vivants, vous l’avez tué mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, et nous en sommes témoins. » Il ne faut pas beaucoup tenir à sa vie pour clamer haut et fort une telle parole sachant ce qui était arrivé au Maître. Ça veut dire qu’il y a une peur qui n’existe plus. Il y a une conversion qui s’est accomplie.

« D’ailleurs, frères, je sais bien que vous avez  agi dans l’ignorance, vous et vos chefs. » Pas de jugement… mais cette saisie aussi que ce qui a été fait n’a pas été fait par méchanceté, mais par ignorance, par peur. « Et Dieu qui, par la bouche de tous les prophètes, avait annoncé que son Messie souffrirait, accomplissait ainsi sa parole. »  Ce que nous n’avons pas reconnu nous avait été annoncé et nous l’avons peut-être entendu mais nous ne l’avons pas compris. Ce sont deux choses chose que d’écouter et de bien entendre ce qui est dit. « Convertissez-vous donc et revenez à Dieu pour que vos péchés soient pardonnés. » Vous ne serez pas condamnés, revenez à Celui qui est miséricorde, revenez à Celui qui est l’auteur de la vie et qui est toujours la source de la vie nouvelle. Les hommes de notre temps, les femmes de notre temps ont aussi besoin de retrouver ce chemin. D’appeler à la conversion, c’est appeler nos frères et nos sœurs à sortir de cette culpabilité, de sortir de ce péché qui les fait douter d’eux-mêmes, qui vient éteindre les sources vives qui sont en eux et qui les maintiennent dans le tombeau. Cette urgence de la Parole et de la prédication elle est toujours bien actuelle et Dieu continue à choisir des hommes et des femmes pour que puisse retentir la Bonne Nouvelle.

Jean va reprendre dans son épître : « Je vous écris pour que vous évitiez le péché. »  Ce n’est pas un obsédé du péché, il n’a pas une peur maladive du péché, on le voit tout de suite. « Mais si l’un de vous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père. » Nous ne sommes pas seuls. Le péché ne sera pas l’unique à venir nous détruire, il y a pour nous un défenseur qui est déjà auprès du Père et c’est lui qui a été offert, c’est Lui qui s’est livré, c’est Lui qui s’est donné. Lorsque quelqu’un parfois a un problème majeur de rein et que quelqu’un s’offre pour donner son rein, cette gratuité, ce désir que la vie puisse se poursuivre, c’est tout le sens de celui qui s’offre. C’est comme si dans sa conscience le Christ savait qu’il était Celui qui pouvait vaincre ce péché, qui pouvait avoir le poids pour nous délivrer de ce qui nous enfermait. Et ce qui était vrai à l’époque est toujours aussi vrai dans la réalité d’aujourd’hui.

Et les disciples qui vont rentrer d’Emmaüs et qui vont raconter tout ce qui s’était passé sur la route vont avoir la visite de Jésus qui va leur dire : « La paix soit avec vous. » Et tout le monde est frappé de stupeur. Et il leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et  pourquoi es pensées qui surgissent en vous ? », parce qu’ils ne comprennent pas. Est-ce Lui, est-ce que ce n’est pas Lui ? « Il leur montre ses mains et ses pieds. » Cette manière que Jésus dans les évangiles a de se faire reconnaître en montrant sa vulnérabilité.  « C’est bien moi ! Touchez moi, regardez : un esprit  n’a pas de chair, ni d’os. » Le mystère de l’incarnation, c’est un grand mystère. Notre Dieu s’est incarné. « Touchez-moi, regardez-moi ». Il est très sensiblement présent au milieu de nous. Il va même manger pour leur dire qu’il a besoin d’être nourri et qu’il appartient vraiment à cette condition d’homme. Et « Rappelez-vous tout  ce que je vous ai dit. »  Aujourd’hui, j’ai le goût de vous laisser ce « Rappelez-vous. » Rappelez-vous, c’est toute cette Parole qu’on mange, toute cette Parole que l’on rumine en nous, et que nous sommes appelés à faire, les chrétiens, pour qu’en se rappelant bien de tout ce qu’il nous a dit, on ne soit jamais trop inquiets de ce qui pourrait nous faire douter qu’on pourrait être détruits parce qu’il y a une Parole qui est victorieuse sur la mort dont on peut se rappeler et rappeler aux autres.

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