Commentaire du 2 novembre 2011 / Pierre Desroches (61e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion :
caméra, montage et musique.

« Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable car il est à son image / La différence entre le mémorial et le souvenir / La mort n’est pas un châtiment mais un passage, un accomplissement / Laisser croître en nous l’héritage laissé par ceux qui ont rejoint le Père / Le défi du salut c’est d’entrer dedans en trouvant refuge en Dieu. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=02/11/2011

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Évangile : « Maintenant tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix » (Luc 2, 25-32)
Il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. L’Esprit lui avait révélé qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Messie du Seigneur. Poussé par l’Esprit, Syméon vint au Temple. Les parents y entraient avec l’enfant Jésus pour accomplir les rites de la Loi qui le concernaient. Syméon prit l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d’Israël ton peuple. » 

1ère lecture : La vie de tout homme est dans la main de Dieu (Sagesse 2, 23; 3, 1-6.9)
Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable, il a fait de lui une image de ce qu’il est en lui-même. La vie des justes est dans la main de Dieu, aucun tourment n’a de prise sur eux. Celui qui ne réfléchit pas s’est imaginé qu’ils étaient morts ; leur départ de ce monde a passé pour un malheur ; quand ils nous ont quittés, on les croyait anéantis, alors qu’ils sont dans la paix. Aux yeux des hommes, ils subissaient un châtiment, mais par leur espérance ils avaient déjà l’immortalité. Ce qu’ils ont eu à souffrir était peu de chose auprès du bonheur dont ils seront comblés, car Dieu les a mis à l’épreuve et les a reconnus dignes de lui. Comme on passe l’or au feu du creuset, il a éprouvé leur valeur ; comme un sacrifice offert sans réserve, il les a accueillis. Ceux qui mettent leur confiance dans le Seigneur comprendront la vérité ; ceux qui sont fidèles resteront avec lui dans son amour, car il accorde à ses élus grâce et miséricorde.

Psaume 30 (31), 2-3.6, 11.15

R/ En tes mains, Seigneur, je remets mon esprit. 

En toi, Seigneur, j’ai mon refuge ;
garde-moi d’être humilié pour toujours.
Dans la justice, libère-moi ;
écoute, et viens me délivrer.

Sois le rocher qui m’abrite,
la maison fortifiée qui me sauve.
En tes mains, je remets mon esprit ;
tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité.

Ma vie s’achève dans les larmes,
et mes années, dans les souffrances.
Moi, je suis sûr de toi, Seigneur,
je dis : « Tu es mon Dieu ! »

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Commentaire du 2 novembre 2011 (61è) – Commémoration des défunts (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

La mort n’est pas une coupure avec ceux et celle qu’on a aimés

L’abbé Pierre Desroches

Alors mes amis, une visite inattendue !… On est en pleine semaine. Aujourd’hui c’est un jour important dans l’Église, on célèbre la Commémoration des  défunts. Je ne sais pas quelle est votre expérience par rapport au deuil. Vous savez que le mot « deuil » vient du mot douleur. C’est la douleur d’une séparation, la douleur d’une distance, et je dirais peut-être aussi, la peur de peut-être penser qu’on s’est échappé et qu’on est dans le néant. Et on voit un texte qui nous est proposé du Livre de la Sagesse qui est assez intéressant parce qu’il nous parle presque de la Résurrection qui dit ceci : «  Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable », – une affirmation qui est assez inhabituelle – pour une existence impérissable -, alors qu’on croit tous qu’on périt. Quelle est l’expérience, quelle est cette sagesse, quel est cet esprit qui fait qu’on voit dès maintenant que l’homme est créé pour une existence qui ne périra pas. « Il a fait de lui une image de ce qu’il est en lui-même. » Alors, c’est une grande reconnaissance de l’Être de Dieu et une grande saisie que lorsqu’on dit qu’on est fait à son image et à sa ressemblance, c’est dans tout ce qu’il est et même dans cette éternité.

« La vie des justes est dans la main de Dieu. » C’est intéressant parce que c’est peut-être pour cela que parfois on doute, c’est qu’on porte tellement de choses dans nos mains, on porte tellement de choses sur nos propres épaules qu’on croit que, lorsqu’on ne porte plus, on n’existe plus. Il y a un amour qui nous fonde et c’est ce que la foi nous invite à expérimenter. On est fondamentalement des êtres aimés, des êtres qui ont été élus par cet amour, et un amour qui nous veut de toujours à toujours.  « Aucun tourment n’a de prise sur eux parce qu’ils savent très bien qu’ils sont dans la main de celui qui est éternel. Ceux qui ne réfléchissent pas se sont imaginés qu’ils étaient morts. » Vous savez qu’à chaque année, j’ai à présider à l’occasion de la messe du Souvenir pour les policiers de Montréal, j’ai à célébrer un événement qui est la Commémoration des défunts. Ce n’est pas tant un souvenir qu’un mémorial. Je pense qu’il y a une grande différence entre un souvenir et un mémorial. Le souvenir c’est se rappeler quelque chose qui a eu lieu dans le passé, un mémorial c’est rendre présent et actuel un geste, un sens qui nous a rejoint et qui nous a atteint. Lorsqu’on célèbre l’Eucharistie, on ne se souvient pas, on fait le mémorial de Jésus Christ : « Faites ceci en mémoire de moi ». Et faire cela en mémoire de Lui c’est, comme Lui, faire le don de sa vie, se livrer, et le faire, non pas à l’autel, mais le faire dans notre être même, le faire dans notre personne pour que cette reconnaissance du passage de Jésus de la mort à la vie, on puisse l’expérimenter en accueillant dans le présent Celui qui continue pour nous à être la Pâque.

« Aux yeux des hommes, il subissait un châtiment. » La mort n’est pas un châtiment, elle est un temps de passage, elle est un accomplissement. Il y a des saints qui l’ont apprivoisée avec beaucoup de courage, avec beaucoup de lucidité, avec beaucoup d’humilité. Ils nous ont laissé des témoignages et ceux qui étaient autour d’eux au moment où ils partaient, ont aussi rendu témoignage à ces êtres qui n’ont pas eu peur de la mort parce qu’ils savaient très bien qu’elle était une porte pour une vie, pour une rencontre, et enfin, un face-à-face avec cet amour qui nous habite et qui est caché en nous, mais qui va se révéler en nous dans la plénitude; eux l’ont déjà fait en Jésus, mais que nous aussi pourrons voir de nos propres yeux. Tout cette Commémoration nous invite, à non pas faire des coupures entre ceux qui sont partis et nous qui sommes encore ici, mais à continuer de laisser croître ce que leur personne a pu déposer dans les êtres que nous sommes. Chaque semaine, je pense à mes parents, chaque semaine, je pense à mes grands-parents, toutes ces personnes très significatives, qui pour moi, même si elles ne sont plus ici n’en sont pas moins en moi et continuent à me façonner, à me parler, à m’instruire, à m’éclairer, parce qu’ils sont Parole de Dieu. Et cette Parole elle est enracinée, et cette semence ne disparaît pas parce qu’eux, maintenant sont auprès de Dieu et sont auprès du Père.

Dans le Psaume, on peut lire, « En Toi Seigneur, j’ai mon refuge, garde-moi d’être humilié pour toujours. Dans la justice libère-moi,  écoute et  viens me délivrer. » Le salut, c’est une dimension qui nous est donnée. Le défi du salut, c’est d’entrer dedans, et pour pouvoir entrer dans ce salut, il faut trouver notre refuge dans le Seigneur. Si on trouve nos consolations et notre refuge dans des choses qui n’ont pas de fondement, on sera des êtres fragiles, mais si on trouve notre refuge dans le Seigneur, on ne sera pas humilié parce qu’on ne sera pas diminué par la pauvreté, ou par le fait que nous n’avons pas nécessairement de grands postes, mais on sera dépossédé et complètement abandonné et confiant dans Celui qui est notre avenir.

Et aujourd’hui on célèbre, non pas une fête du passé, on célèbre justement, comment ce passé est toujours présent et comment ceux qui ont passé sont maintenant présents auprès de Dieu et continuent à pouvoir nous parler de la vie. Alors je vous souhaite comme Syméon qui disait : « Maintenant j’ai vu le salut et j’ai reconnu la consolation d’Israël, mon attente sur cette terre est accomplie, je peux aller vers toi en toute joie. Bonne célébration des défunts.

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