Commentaire du 1er janvier 2012 / Pierre Desroches (70e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et guitare sur la chanson « Le Roi des cieux » sur l’excellent album de Noël de la chanteuse Laurence Jalbert, « Noël des Anges ».

« Les bergers de l’époque n’étaient pas tellement bien vus / La naissance du Sauveur dans un lieu où les animaux vont trouver leur subsistance / L’Enfant Jésus sera une nourriture : celui qui mange ma chair et boit mon sang / Avons-nous, dans notre histoire, une Parole qui nous a visité ? pas seulement que des mots. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) :  http://aelf.org/?date_my=01/01/2012

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Évangile : Jésus fils de Marie (Luc 2, 16-21)
Quand les bergers arrivèrent à Bethléem, ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tout le monde s’étonnait de ce que racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé. Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.

1ère lecture : Vœux de paix et de bonheur (Nombres 6, 22-27)
Le Seigneur dit à Moïse : « Voici comment Aaron et ses descendants béniront les fils d’Israël : ‘Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !’ C’est ainsi que mon nom sera prononcé sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai. »

Psaume 66, 2b.3, 5abd, 7.8b
R/ Que Dieu nous prenne en grâce et qu’il nous bénisse !

Que son visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.

Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
sur la terre, tu conduis les nations.

La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Et que la terre tout entière l’adore !

2ème lecture : Le Fils de Dieu, né d’une femme (Galate 4, 4-7)
Frères, lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils ; il est né d’une femme, il a été sous la domination de la loi de Moïse pour racheter ceux qui étaient sous la domination de la Loi et pour faire de nous des fils. Et voici la preuve que vous êtes des fils : envoyé par Dieu, l’Esprit de son Fils est dans nos cœurs, et il crie vers le Père en l’appelant « Abba ! ». Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils, et comme fils, tu es héritier par la grâce de Dieu.

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Commentaire du 1er janvier 2012 (70è) – Sainte Marie, Mère de Dieu (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q. 

Avons-nous, comme les bergers, quelque chose à dire sur l’Enfant Jésus ?

L’abbé Pierre Desroches

Alors, mes amis, nous sommes en ce début d’année et la Parole va nous inviter à célébrer la liturgie, elle nous invite à célébrer Marie, mère de Dieu. Où on va se retrouver, ça va être à nouveau dans la crèche avec une Parole qui nous dit que les bergers vont arriver à Bethléem. Les bergers, il faut comprendre que ce sont de très pauvres et de très simples gens de ce temps qui ne sont pas tellement bien vus parce qu’ils ne peuvent pas laisser facilement leurs moutons à l’heure « de la messe », donc, ce ne sont pas des pratiquants. Et comme ils n’ont pas de douches à la portée de la main, ce ne sont pas des personnes qui se lavent le plus souvent et comme ils sont en compagnie du troupeau, ils en prennent aussi les odeurs. Pour nous, ce sont des personnages excessivement sympathiques, cependant cette image-là n’existait pas au temps où cette Parole a été écrite. C’était des personnes dont on se méfiait, dont on se distanciait. Ce sont eux qui arrivent à la crèche et qui vont trouver l’Enfant couché dans une mangeoire. Je ne sais pas si vous savez pourquoi le théologien a décidé de le mettre dans une mangeoire, on pourrait dire : couché dans une assiette, couché dans un lieu où les animaux, dans cette situation vont, eux, se nourrir, trouver ce qu’ils ont besoin pour leur subsistance. C’est déjà tout un signe qui nous est envoyé parce que ça va être la vocation même de cet Enfant Jésus de devenir le pain de vie qui vous nourrit.

Qu’est-ce qui vous nourrit ? Est-ce que vous avez cette expérience de devenir nourriture pour l’autre ? Jésus qui va nous dire: « Celui qui mange ma chair et boit mon sang ». Image qui fait beaucoup de difficulté dans notre monde et dans notre société. On a beaucoup de difficulté à saisir qu’est-ce que cette réalité vient nous dire. Nous sommes des dons de Dieu, nous sommes des cadeaux pour nos frères et pour nos sœurs ; et accepter que nos vies puissent les nourrir, être pour eux significatifs et puissent être pour eux chair de Dieu. C’est toute la vocation de cet Enfant Jésus et c’est tout le sens de la maternité de Marie, cet accueil qu’elle a fait. C’est là que les bergers vont retrouver l’Enfant couché dans une mangeoire, et après l’avoir vu on nous dit : « ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. » Avez-vous quelque chose à dire sur Lui ? Avez-vous dans votre propre vie, dans votre propre histoire, est-ce que cet enfant a pris sens ?  Est-ce qu’il est venu éclairer les événements de votre vie, est-ce qu’il est venu vous indiquer une manière d’être que le Seigneur vous appellerait à développer pour être au milieu de cette société celui que vous êtes en train de devenir ?

« Et tout le monde s’étonnait de ce que racontaient les bergers. » Chaque fois que je rencontre l’adoption que j’ai faite de mon fils et que je me mets à développer un peu comment cela s’est manifesté dans ma vie, les gens sont un peu étonnés. On ne décide pas comme ça par soi-même, un beau  jour de se dire, comme une idée qui passe : « je vais adopter un enfant handicapé ». Pour que la connexion se fasse il faut qu’il y ait eu comme une préparation et une préparation intérieure. Et une des préparations très lointaines dont je me souviens – j’en ai peut-être déjà parlé, je l’ai peut-être déjà racontée -, c’est que lorsque j’étais enfant et que j’allais à la messe très souvent, le dimanche évidemment, parce qu’à l’époque, c’était une obligation. Je n’ai jamais senti que j’étais allé à la messe par obligation mais on disait cela de cette manière-là et le dimanche on y allait pour répondre à une exigence de la foi et de la tradition qui était la nôtre. Et dans l’église chez moi, l’église St-Zotique de St-Henri, il y avait une statue de saint Antoine de Padoue qui portait un enfant et qui avait un livre dans la main. D’un côté il y avait cet enfant qui était sur le livre de la Parole. C’est très facile pour moi de vous dire à soixante ans tout ce que c’est mais à l’âge que j’avais, je ne le savais pas, je ne savais pas que c’était saint Antoine de Padoue. Pour moi c’était un homme qui avait une robe, donc c’était un prêtre. Ce que je ne comprenais pas c’est pourquoi qu’un enfant qui avait les deux pieds sur un livre ? Moi, ma mère m’avait bien élevé et je ne mettais jamais les pieds sur les livres. Chaque dimanche je regardais cette statue, et il y avait un dialogue intérieur et le dialogue intérieur « c’est qui lui? » Bien, c’est un prêtre. « C’est qui cet enfant-là ? Est-il son enfant ? » Je me disait : « Les prêtres n’ont pas d’enfants, ça ne doit pas être son enfant. Mais moi, je n’avais jamais vu ça un enfant qui regarde un homme comme ça quand ce n’est pas son père. Ah, c’est peut-être avant que les prêtres arrêtent de se marier parce que je savais que saint Pierre était marié et que, un moment donné  dans l’Église on avait arrêté de marier les prêtres et je me disais : je ne pense pas parce que lui il n’avait pas une soutane noire, il avait une bure, il y avait une robe brune et il n’y avait que les religieux qui ont ça et probablement  les religieux ont toujours fait le vœu de chasteté. » Mais de toute manière avec tout le discours que je faisais tous les dimanches, je terminais toujours en disant : « moi aussi quand je vais être grand, je veux faire un prêtre avec un enfant.

Ce que je vous raconte là, c’est ce que j’ai à raconter. Avez-vous à raconter, dans votre vie, dans votre histoire sainte, une Parole qui vous a visité, pas des mots, mais une Parole qui, intérieurement, s’est mise à mettre en mouvement votre cœur, à vous ouvrir sur un au-delà que vous ne pouvez pas soupçonner et qu’un jour toute cette réalité prend sens. J’ai oublié cette prière que j’ai faite dans mon enfance durant des années et des années, que j’ai arrêté de faire probablement quand j’ai déménagé et que je ne me suis plus retrouvé dans cette église et que je ne me suis plus retrouvé devant la statue de saint Antoine. Et j’ai retrouvé la statue lorsque je prêchais à Barraute, comme prêtre et, devant le lieu où j’étais au fond de l’église, la même statue se retrouvait là et toute mon histoire et ma prière d’enfance ont remonté alors que j’étais devenu prêtre et que j’avais effectivement un enfant. Alors, le mystère  que veut nous évoquer cette Parole d’aujourd’hui, elle nous concerne de très près et je souhaite que vous puissiez vraiment raconter cette irruption ou ces irruptions de Dieu dans vos propres vies. Bonne Année ! Et je vous bénis en son Nom, lui qui est Père, Fils et Esprit-Saint !

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