Commentaire du 19 juin 2011 / Pierre Desroches (40e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion :
caméra et montage / Ginette Beaudoin : assistante.

« Un lieu de retraite / La mort de Claude Léveillée / Le cheminement diversifié de chacun / Une génération qui a pris une distance par rapport à l’Église / Jésus appartient à tous ceux et celles qui veulent s’ouvrir à lui / Des chansonniers qui ont été des « paroles » / La Parole de Dieu nous invite à rester ouvert aux différences. »

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– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=19/06/2011

Évangile : « Dieu a tant aimé le monde…» (Jean 3, 16-18)
Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

1ère lecture : Le Dieu tendre et miséricordieux se révèle à son peuple (Exode  34, 4b-6.8-9)
Moïse se leva de bon matin, et il gravit la montagne du Sinaï comme le Seigneur le lui avait ordonné. Le Seigneur descendit dans la nuée et vint se placer auprès de Moïse. Il proclama lui-même son nom ; il passa devant Moïse et proclama : « YAHVÉ, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité. » Aussitôt Moïse se prosterna jusqu’à terre, et il dit : « S’il est vrai, Seigneur, que j’ai trouvé grâce devant toi, daigne marcher au milieu de nous. Oui, c’est un peuple à la tête dure ; mais tu pardonneras nos fautes et nos péchés, et tu feras de nous un peuple qui t’appartienne. »

Daniel  3, 52-56
R/ A toi, louange et gloire éternellement!

Béni sois-tu, Seigneur, Dieu de nos pères :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni soit le nom très saint de ta gloire :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni sois-tu dans ton saint temple de gloire :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni sois-tu sur le trône de ton règne :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni sois-tu, toi qui sondes les abîmes :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Toi qui sièges au-dessus des Kéroubim :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni sois-tu au firmament, dans le ciel :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

2ème lecture : Dans l’amour trinitaire (2 Corinthiens 13, 11-13)
Frères, soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous. Exprimez votre amitié en échangeant le baiser de paix. Tous les fidèles vous disent leur amitié. Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint soient avec vous tous.

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Commentaire du 19 juin 2011 (40è) – Sainte Trinité (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Alors, mes amis, je vous souhaite la bienvenue en ce lieu de repos, un lieu que je fréquente toute l’année, mais en cette période-ci il est particulièrement resplendissant. Ça me fait plaisir de vous le partager un peu à travers ce commentaire que nous allons entendre aujourd’hui. Il y a un événement cette semaine qui m’a beaucoup touché, c’est celui du décès de Claude Léveillée. Je suis d’une génération qui a beaucoup écouté les chansonniers et j’ai l’impression qu’il y a toute une poésie que j’ai apprise à travers eux. J’ai souvent l’impression qu’ils ont été de ceux qui m’ont formé aux commentaires des évangiles, non pas parce qu’ils les ont commentés eux-mêmes, mais parce qu’ils ont beaucoup exprimé à travers leurs poésies les réalités d’une grande densité de l’humanité.

Dans le texte qu’on écoute aujourd’hui de saint Jean, qui nous dit ceci : « Dieu a tant aimé le monde », c’est déjà intéressant d’entendre que Dieu, ce n’est pas la chrétienté qu’il a aimée, mais le monde. Et ce monde qu’il a créé dans toutes ses différences, dans les mentalités de chacun, dans le cheminement de chacun. Nos cheminements sont uniques, ils sont diversifiés et je pense que Claude Léveillée a eu le sien. Il appartient à une génération que je connais bien puisque c’est la mienne, une génération qui a eu beaucoup de distance par rapport à l’Église. Monsieur Léveillée a connu dans les dernières années de sa vie, il a expérimenté une réalité que je connaissais bien qui celle de l’handicap physique, non pas parce que je suis moi-même handicapé mais j’accompagne des personnes qui le sont depuis plus de trente-cinq ans et j’habite  avec deux fils qui sont eux-mêmes atteints de paralysie cérébrale.

« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. » Jésus Christ appartient à chacun de nous, il n’appartient pas qu’aux chrétiens, il appartient à tous ceux qui vont s’ouvrir à Lui pour trouver en Lui le sens des passages qu’ils ont à accomplir. Certains pourraient peut-être dire que Monsieur Léveillée, qui s’est retourné vers l’Église ou vers la foi, dans ses dernières années ou derniers mois, a vécu une faiblesse. Moi je pense qu’il a surtout expérimenté une fidélité d’un Dieu qui l’a habité toute sa vie. Et je pense qu’à travers ce que moi j’ai entendu, parce je l’écoute encore régulièrement, je l’écoute plusieurs fois par semaine avec bien d’autres chansonniers, qui, dans mon histoire ont été des gens qui ont été des paroles. S’ils n’ont pas été des paroles de Dieu, ils ont été des paroles de sens, ils ont été des paroles interpelantes, et je pense qu’ils ont puisé dans le meilleur d’eux-mêmes ce qu’ils avaient à dire. Ils ont tenu, puis ils ont été le reflet de toute une génération. Cette personne qui nous quitte et qui va nous quitter dans une célébration qui va avoir lieu – je ne me souviens plus précisément si c’est à la cathédrale de Montréal ou si ça va avoir lieu à l’église Notre-Dame, – mais qui va nous quitter en nous disant que dans les derniers mois de son existence il a rencontré Celui qui l’habitait et probablement Celui qui le portait et qui l’a inspiré tout au long de sa vie, alors j’ai le goût de le saluer.

Dans le deuxième texte de cette semaine, on parle d’un « Dieu tendre et miséricordieux, un Dieu lent à la colère, plein d’amour et de fidélité, » et qui n’est pas venu pour nous juger. Je pense qu’aussitôt qu’on entre dans le jugement, on entre dans la condamnation. Ce qui m’émerveille, c’est que cet homme, Claude, à la fin de sa vie, a retrouvé la plénitude du souffle, a retrouvé la toute plénitude qui ne l’avait jamais quitté. Tous ses chants en sont un témoignage et je dirais même que son histoire en est un témoignage. D’être invité par une parole à ne pas être dans le jugement, c’est être invité à rester ouvert à toute la différence, à tout le respect du cheminement des uns et des autres et de ne pas se condamner parce que quelqu’un n’a pas la même perception de la réalité ou n’a pas la même réponse dans le quotidien à ce que seraient nos certitudes. La seule certitude c’est que Dieu a aimé le monde et qu’Il a fait le don de son Fils et que lorsqu’on accueille ce don, ce don vient transformer notre présent et nous permet d’être capables de faire les grands passages qui ne sont pas des passages de destruction mais d’accomplissement même s’ils se réalisent dans la dépossession.

Alors, je salue un grand de chez nous et je me console de savoir que je pourrai continuer à écouter sa parole. Bonne semaine !

 

 

 

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