Commentaire du 19 août 2012 / Pierre Desroches (105e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et mixage.

« La contemplation de la nature qui communique la sagesse / La gratuité de la nature / Paul fait appel à notre conscience / Être reconnaissant de ce que nous avons / Donner notre chair, notre vie, pour les autres / Arrêter de croire que le bonheur se trouve dans les réalités extérieures. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=19/08/2012

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Évangile : Jésus est la vraie nourriture (Jean 6, 51-58)
Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. » Les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi. Tel est le pain qui descend du ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. » 

1ère lecture : Le banquet de la Sagesse (Proverbes 9, 1-6)
La Sagesse a bâti sa maison, elle a sculpté sept colonnes. Elle a tué ses bêtes, apprêté son vin, dressé sa table, et envoyé ses servantes. Elle proclame sur les hauteurs de la cité : « Si vous manquez de sagesse, venez à moi ! » À l’homme sans intelligence elle dit : « Venez manger mon pain, et boire le vin que j’ai apprêté ! Quittez votre folie et vous vivrez, suivez le chemin de l’intelligence. »

Psaume 33, 2-3, 10-15

R/ Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Saints du Seigneur, adorez-le :
rien ne manque à ceux qui le craignent.
Des riches ont tout perdu, ils ont faim ;
qui cherche le Seigneur ne manquera d’aucun bien.

Venez, mes fils, écoutez-moi,
que je vous enseigne la crainte du Seigneur.
Qui donc aime la vie
et désire les jours où il verra le bonheur ?

Garde ta langue du mal
et tes lèvres des paroles perfides.
Évite le mal, fais ce qui est bien,
poursuis la paix, recherche-la. 

2ème lecture : Vivre en chrétiens dans l’action de grâce (Éphésiens 5, 15-20)
Frères, prenez bien garde à votre conduite : ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages. Tirez parti du temps présent, car nous traversons des jours mauvais. Ne soyez donc pas irréfléchis, mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur. Ne vous enivrez pas, car le vin porte à la débauche. Laissez-vous plutôt remplir par l’Esprit Saint. Dites entre vous des psaumes, des hymnes et de libres louanges, chantez le Seigneur et célébrez-le de tout votre cœur. À tout moment et pour toutes choses, rendez grâce à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ.

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Commentaire du 12 août 2012 (105e) – 20e semaine du Temps Ordinaire (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle

L’abbé Pierre Desroches                           

Alors mes amis, on s’est encore rapprochés un peu plus de la rivière. Il va bien falloir  que je vous la présente. Elle s’appelle la rivière Ouareau. Elle prend sa source à St-Donat dans le lac Ouareau et elle descend et va se jeter à Crabtree dans la rivière l’Assomption. Je me suis senti très vite chez moi quand j’avais  acheté mon chalet il y a une trentaine d’années parce que comme vous voyez, elle est abondamment garnie de pierres et de roches. Alors, je m’étais trouvé dans mon élément avec le nom qui est le mien : Pierre Desroches, je me retrouvais bien dans ce lieu qui me faisait aussi penser à des images que j’ai vu de la de la Terre sainte, avec peut-être avec un peu moins d’eau aussi abondante,  mais souvent avec des paysages qui avaient  des ressemblances. Puis aujourd’hui avec ce bruit merveilleux qui nous accompagne déjà depuis quelques semaines, je vais vous parler de cette première lecture qui est tirée des Proverbes.

« La Sagesse a bâti sa maison, elle a sculpté sept colonnes. Elle a tué ses bêtes, apprêté son vin, dressé sa table, et envoyé ses servantes. Elle proclame sur les hauteurs de la cité : « Si vous manquez de sagesse, venez à moi ! » Je pense qu’un décor comme celui-là nous fait le don d’une sagesse parce que ce n’est pas une construction de mains d’homme, mais vraiment une construction de l’Être de Dieu et on retrouve dans ces réalités de la nature toute une harmonie, toute une accalmie qui parfois qu’on perd dans le brouhaha de la cité. Et là il y a cet appel qui est fait : « Si vous manquez de Sagesse venez à moi. » C’est un lieu accessible, accessible à tous, on n’est pas obligé d’adhérer à une religion particulière, il y a déjà un temple dans lequel le Seigneur nous a déposé qui est le temple de la terre. « À l’homme sans intelligence : Venez manger mon pain, et boire le vin que j’ai apprêté ! » Toute la gratuité, toutes les possibilités de gratuité qu’on peut retrouver dans cette nature qui est vraiment à l’image de son Créateur. J’ai lu quand j’étais plus jeune, des manières de survivre si on était perdu dans le bois, si on s’était égaré, alors tous ces livres nous apprenaient que nous avons à notre disposition tout ce qu’il y a de nécessaire pour conserver la vie qui nous était donnée même si on n’a pas d’argent. Cette première lecture  nous parle de cette sagesse qui est inscrite même au cœur de la nature qui peut nous redonner notre propre nature si on sait venir y puiser une lumière et une vérité.

J’aime bien dans  la Parole aux Éphésiens : « prenez bien garde à votre conduite. »  Ce n’est pas une façon de vouloir nous contrôler ou de nous dire quoi faire, mais de nous aviser que, dépendant de notre conduite, il y aura des états qui seront les nôtres.  « Ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages. Et tirez parti du temps présent, car nous traversons des jours mauvais. » Je ne pense pas que notre ami Paul est en train de nous dire que les jours sont  mauvais, mais il en train de nous dire qu’il y a des temps de difficultés, des temps d’oppression, qu’il y a  des temps d’égarement, et que ces jours-là ne sont pas favorables d’une façon spontanée pour nous conduire dans la voie de la vie. « Ne soyez donc pas irréfléchis. » Il fait appel à notre conscience, à notre capacité de prendre une distance par rapport à des propositions qui s’imposent, qui peuvent nous sembler très alléchantes mais qui n’ont comme résultat : la mort, la mort de l’être.

« Mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur. » Il nous oriente tout de suite, non pas vers nos désirs les plus  immédiats, mais vers le sens profond qui est celui d’accomplir  une volonté, une volonté qui est de vie éternelle et que lorsqu’ on l’accomplit on n’échappe jamais la vie, on s’en remplit abondamment. « Ne vous enivrez pas, car le vin porte à la débauche. » Il n’a pas dit de ne pas boire mais de ne pas s’enivrer, de ne pas essayer de se remplir avec ce qui ne dure qu’un instant mais « laissez-vous plutôt remplir par l’Esprit Saint. » Je pense que ce sont des appels qu’il est bon de laisser retentir chaque jour dans nos vies pour qu’on prenne cette orientation. « Dites entre vous des psaumes, des hymnes et de libres louanges, chantez le Seigneur et célébrez-le de tout votre cœur. À tout moment et pour toutes choses, rendez grâce à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ. En cette capacité de dire merci, en cette capacité d’être reconnaissants pour, non pas par ce que nous n’avons pas, mais pour ce que nous avons.

Et dans l’Évangile c’est Jésus qui dit : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. » Comment manger la chair du Fils de l’homme ? La première image qui monte en moi présentement c’est celle du Père Maximilien Kolbe qui, dans le camp de concentration, voyant ce père de famille complètement déroutée, où cet homme qui ne veut pas abandonner les siens, va offrir sa vie, va se substituer à cet homme. C’est une très belle façon de manger la chair du Christ parce que le Christ, sa chair, il l’a donnée pour nous. Et on est appelé à donner notre chair pour les autres, pour nos frères et pour nos sœurs. J’ai été abondamment nourri de la chair de ma mère qui n’a pas gardé son être pour elle mais qui a mis sa vie au service de notre croissance, de notre devenir. On a été sa fierté. Il en était de même pour mon père. Et cette capacité de se donner au quotidien et de se consacrer pour une œuvre aussi humble et aussi petite que l’éducation d’une famille, elle était abondamment nourrie de leur spiritualité, de leur foi qui les faisait, non pas se tourner vers eux, mais se tourner vers  nous et de nous tourner avec eux vers Dieu.

« Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang – ce sang qui a été livré pour la multitude -, vous n’aurez pas la vie en vous. » Arrêtez de croire que ce n’est que dans les réalités du dehors, dans les réalités matérielles que vous allez trouver l’abondance, que vous allez trouver le bonheur, la joie, la sécurité. Non c’est en mangeant le Fils de l’homme, en mangeant sa chair, et sa chair c’est aussi toute cette réalité qui nous environne où on peut voir des gens atteints de toutes sortes de maladies, dans toutes sortes de situations, il faut être nourri par les événements, les rencontres que Dieu met dans notre vie et sur notre chemin. C’est de cette façon que nous pouvons vraiment accomplir notre mission de chrétiens qui est une mission d’appartenir à un Dieu de l’incarnation. Il n’est pas à l’extérieur de la chair mais il est bien présent au cœur même de cette chair pour qu’elle puisse cheminer jusqu’à  son devenir qui est de devenir le corps du Christ. C’est ce que je nous souhaite mes amis et je vous souhaite une excellente semaine, et qu’elle puisse vous nourrir et vous remplir pour que vous ayez cette joie  qui est le grand désir de notre Père.

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