Commentaire du 18 septembre 2011 / Pierre Desroches (54e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion :
caméra, montage et musique.

« Le Seigneur n’est jamais fermé au pardon et au recommencement / La grande solidité de Paul dans sa foi / Le monde nous est confié pour transmettre la foi / Ceux qui ont connu Dieu plus tôt devraient se réjouir de tout ce qu’ils ont pu recevoir / Partir du regard de Dieu pour découvrir le mystère de chacun. »

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– Références pour les textes bibliques (AELF) :  http://aelf.org/?date_my=18/09/2011

Évangile : La générosité de Dieu dépasse notre justice (Matthieu 20, 1-16)
Jésus disait cette parabole : « le Royaume des cieux est comparable au maître d’un domaine qui sortit au petit jour afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. Il se mit d’accord avec eux sur un salaire d’une pièce d’argent pour la journée, et il les envoya à sa vigne. Sorti vers neuf heures, il en vit d’autres qui étaient là, sur la place, sans travail. Il leur dit : ‘Allez, vous aussi, à ma vigne, et je vous donnerai ce qui est juste.’ Ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures, et fit de même. Vers cinq heures, il sortit encore, en trouva d’autres qui étaient là et leur dit : ‘Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ?’ Ils lui répondirent : ‘Parce que personne ne nous a embauchés.’ Il leur dit : ‘Allez, vous aussi, à ma vigne.’ Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : ‘Appelle les ouvriers et distribue le salaire, en commençant par les derniers pour finir par les premiers.’ Ceux qui n’avaient commencé qu’à cinq heures s’avancèrent et reçurent chacun une pièce d’argent. Quand vint le tour des premiers, ils pensaient recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d’argent. En la recevant, ils récriminaient contre le maître du domaine : ‘Ces derniers venus n’ont fait qu’une heure, et tu les traites comme nous, qui avons enduré le poids du jour et de la chaleur !’ Mais le maître répondit à l’un d’entre eux : ‘Mon ami, je ne te fais aucun tort. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour une pièce d’argent ? Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien ? Vas-tu regarder avec un oeil mauvais parce que moi, je suis bon ?’ Ainsi les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers. » 

1ère lecture : « Mes pensées ne sont pas vos pensées » (Isaïe 55, 6-9)
Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver. Invoquez-le tant qu’il est proche. Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme pervers, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui aura pitié de lui, vers notre Dieu qui est riche en pardon. Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins, déclare le Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. 

Psaume 144, 2-3, 8-9, 17-18
R/ Proche est le Seigneur de ceux qui l’invoquent 

Chaque jour je te bénirai,
je louerai ton nom toujours et à jamais.
Il est grand, le Seigneur, hautement loué ;
à sa grandeur, il n’est pas de limite.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses oeuvres.

Le Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Il est proche de ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.

2ème lecture : « Pour moi, vivre c’est le Christ » (Philippiens 1, 20c-24.27a)
Frères, soit que je vive, soit que je meure, la grandeur du Christ sera manifestée dans mon corps. En effet, pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage. Mais si, en vivant en ce monde, j’arrive à faire un travail utile, je ne sais plus comment choisir. Je me sens pris entre les deux : je voudrais bien partir pour être avec le Christ, car c’est bien cela le meilleur ; mais, à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire. Quant à vous, menez une vie digne de l’Évangile du Christ.

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Commentaire du 18 septembre 2011 (54è) – 25e dimanche du temps ordinaire (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

La générosité de Dieu dépasse notre justice

L’abbé Pierre Desroches

C’est un nouveau début d’année, on sera bientôt à l’automne alors on sera à l’intérieur. De fait, aujourd’hui, il ne fait pas très beau, alors il y a des gens qui vont sûrement s’ennuyer du bruit vent ou de la rivière. Beaucoup m’en ont parlé et ils souhaitent même que je puisse refaire une série à l’extérieur avant le début de l’hiver pour qu’ils puissent avoir encore la joie d’écouter le son de la nature. Aujourd’hui nous sommes appelés à une autre nature, à la nature du Christ. Et la première lecture qui est tirée du texte d’Isaïe nous parle du « Seigneur qui se laisse trouver ». Vous savez, le Seigneur, on peut le trouver facilement en autant qu’on ne se soit pas perdu soi-même. Et qu’est-ce qui fait qu’on va se perdre ? C’est qu’on va se couper, on va se mettre en rupture, on va entrer dans des sentiments qu’on connaît  et qu’on expérimente souvent : la haine, la colère, tout ce qui fait que tout devient comme brouillard à l’intérieur de nous. Le Seigneur se laisse trouver parce qu’il n’est jamais fermé au pardon, il n’est jamais fermé aux recommencements et ce qu’il désire pour nous, c’est d’être dans une unité avec nous et de nous aider à bâtir notre propre unité avec nous-mêmes.

Et on peut dire qu’à ce niveau-là notre ami Paul a vraiment une capacité d’être « un » parce qu’il nous dit dès le début de la lecture qu’on va trouver aux Philippiens : «   Soit que je vive, soit que je meure, la  grandeur du Christ sera manifestée dans mon corps. » Ça me touche d’entendre toujours Paul qui a une telle affection, mais aussi une foi, une solidité qui fait que c’est un homme qui est capable d’être debout, qui est capable d’affirmer cette conviction qu’il a au plus profond de lui-même que Dieu notre Père nous aime et que cette Bonne Nouvelle qui nous a été manifestée en Jésus Christ c’est à nous de la faire resplendir dans le monde qui nous est confié. Il a une ouverture dès maintenant sur l’éternité. Il est prêt à vivre l’une comme l’autre, parce qu’il sait très bien qu’il n’y a pas de rupture entre maintenant et ce qui va se manifester pour nous dans la rencontre de ce Dieu trinitaire.

Dans l’Évangile on trouve une Parole qu’on a souvent de la misère à saisir parce qu’on la prend peut-être trop à un premier niveau. La Parole qui nous est partagée, elle vient de Matthieu et on va nous parler du « Royaume des cieux qui est comparable à un maître d’un domaine. » qui sort au petit jour et il voit des gens qui sont sur la place. Il les embauche et les envoie travailler à sa vigne puis il se met en accord avec eux pour leur donner une pièce d’argent. Et il est dit qu’il va sortir un peu plus tard et il leur dit : « Allez vous aussi travailler à ma vigne. » Et il va sortir encore et il va envoyer d’autres personnes. Et la parabole est ainsi bâtie qu’il se met à donner à chacun son dû en commençant par les derniers et il remonte jusqu’au premier. Et là on s’aperçoit qu’il donne la même pièce à chacun. Et il y a comme un cri d’injustice parce que ceux qui ont travaillé plus longtemps se demandent bien pourquoi ils n’ont pas davantage.

Je pense que c’est une parabole qui nous invite à réfléchir sur : « Est-ce que ceux qui ont reçu plus tôt n’ont pas pu jouir de ce bien que Dieu a pour nous dès le commencement du jour ? Alors que ceux qui sont arrivés à la fin ne peuvent pas avoir moins parce que l’amour qui nous remplit, il nous remplit. Qu’il nous remplisse au début du jour ou qu’il nous remplisse à la fin du jour, il va nous remplir. Dieu c’est une plénitude. C’est sûr que l’image de l’argent est bien choisie. Quel est notre grand désir, quelle est notre grande attente à l’intérieur de nos cœurs ? C’est d’être plus aimés ou que l’amour de Dieu soit connu par tous et chacun. Et lorsqu’on est dans la mission, on n’est pas là pour soi, on n’est pas là pour recevoir, on est là pour accueillir le don que Dieu nous fait. On est là pour le partager. Et la joie d’un ouvrier qui est vraiment à la vigne du Seigneur et qui est à l’image du Christ, sa joie, c’est que l’homme ou la femme ou l’enfant puisse avoir trouvé cette plénitude.

Dans le milieu où je travaille avec les personnes handicapées, souvent on les regarde comme des gens qui ont tout à recevoir et rien à donner. Mon expérience, et je dirais, ma joie, c’est de savoir que nous avons tout à recevoir d’eux et que nous avons très peu à leur donner. On peut me demander parfois de préparer pour eux des activités, alors que pour moi, c’est ce qu’eux peuvent nous transmettre de leur réalité et de leur expérience. J’ai plus à les emmener sur la place publique pour qu’ils se révèlent et qu’ils révèlent à travers la lumière qui est dans leur vie, le Seigneur qui les a fait se mettre debout et qui les aide à découvrir qu’ils sont debout et qu’ils sont des fils et des filles uniques et non pas des personnes handicapées. On enferme facilement les autres ou les proches dans des visions qui sont très limitées parce qu’elles partent de nous, alors que, si on part du regard de Dieu, il y a une révélation qui est faite sur le mystère de chacun. Je nous souhaite de pouvoir trouver cette réalité-là. Et le soir ici, le maître de la vigne va dire à son intendant « Appelle. » Nous sommes appelés par le Seigneur à être ses ouvriers. Est-ce que dans notre cœur, dans notre ouverture à l’Esprit on reçoit ce souffle qui nous est donné gratuitement pour qu’on puisse faire la route et qu’on puisse être surtout témoins de la Bonne Nouvelle. Je vous souhaite de pouvoir vous aussi de recevoir ce denier qui nous est aussi promis et qui nous est aussi accordé.

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