Commentaire du 18 août 2013 / Pierre Desroches (141e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

« Jérémie n’avait pas le goût d’être un prophète \ La sagesse chrétienne a plus à voir avec la joie que le plaisir \ L’annonce de la Parole peut amener la persécution \ Nous sommes appuyés par ceux qui nous ont précédés \ Dieu nous rend apte à l’amour \ Jésus par le glaive de sa Parole vient nous mettre dans la lucidité. »

 – Pierre Desroches est prêtre des paroisses Saint-Pierre Claver, Saint-Stanislas de Kostka et de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End à Montréal (Québec). Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : composition et interprète de la musique, caméra, mixage et montage visuel.

– Références bibliques : http://aelf.org/

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Évangile : Jésus, cause de division entre les hommes (Luc 12, 49-53)
Jésus disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. » 

1ère lecture : Le prophète signe de contradiction (Jérémie 38, 4-6.8-10)
Pendant le siège de Jérusalem, les chefs qui tenaient Jérémie en prison dirent au roi Sédécias : « Que cet homme soit mis à mort : en parlant comme il le fait, il démoralise tout ce qui reste de combattant dans la ville, et toute la population. Ce n’est pas le bonheur du peuple qu’il cherche, mais son malheur. » Le roi répondit : « Il est déjà entre vos mains, et le roi ne peut rien contre vous ! » Alors ils se saisirent de Jérémie et le jetèrent dans la citerne du prince Melchias, dans la cour de la prison. On le descendit avec des cordes. Dans cette citerne il n’y avait pas d’eau, mais de la boue, et Jérémie s’enfonça dans la boue. Un officier du palais, l’Éthiopien Ébed-Mélek, vint trouver le roi : « Mon Seigneur le roi, ce qu’ils ont fait au prophète Jérémie, c’est mal ! Ils l’ont jeté dans la citerne, il va y mourir de faim ! » Alors le roi donna cet ordre à l’Éthiopien Ébed-Mélek : « Prends trois hommes avec toi, et retire de la citerne le prophète Jérémie avant qu’il ne meure. » 

Psaume 39, 2-4.18

R/ Seigneur, à mon aide ! Viens à mon secours !

D’un grand espoir
j’espérais le Seigneur :
il s’est penché vers moi
pour entendre mon cri.

Il m’a tiré de l’horreur du gouffre,
de la vase et de la boue ;
il m’a fait reprendre pied sur le roc,
il a raffermi mes pas.

Dans ma bouche il a mis un chant nouveau,
une louange à notre Dieu.
Beaucoup d’hommes verront, ils craindront,
ils auront foi dans le Seigneur.

Je suis pauvre et malheureux,
mais le Seigneur pense à moi.
Tu es mon secours, mon libérateur :
mon Dieu, ne tarde pas ! 

2ème lecture : Le combat dans la foi à l’exemple de Jésus (Hébreux 12, 1-4)
Frères, ceux qui ont vécu dans la foi, foule immense de témoins, sont là qui nous entoure. Comme eux, débarrassons-nous de tout ce qui nous alourdit, et d’abord du péché qui nous entrave si bien ; alors nous courrons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré, sans avoir de honte, l’humiliation de la croix, et, assis à la droite de Dieu, il règne avec lui. Méditez l’exemple de celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité, et vous ne serez pas accablés par le découragement. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché.

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Commentaire du 18 août 2013 (159e) – 20e dimanche du temps ordinaire (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Jésus qui vient apporter un feu sur la terre, un glaive de vérité

L’abbé Pierre Desroches

Bonjour mes amis ! Je ne sais pas si vous avez reconnu le décor. On est à Ste-Anne-de-Beaupré. Pendant l’enregistrement, c’est possible qu’on entende divers bruits. Vous avez probablement vu la superbe fontaine qui est un signe qui nous rappelle facilement notre baptême et on entend sur place les échos d’une prédication qui se fait dans la basilique présentement. Et comme on a été faire un tour à l’Oratoire St-Joseph il n’y a pas si longtemps on est dans un autre Haut-Lieu, un Sanctuaire du Québec. Pour les gens qui nous regardent et qui ne sont pas de nos régions, ça donne la possibilité de découvrir une multitude de trésors ecclésiaux qui se retrouvent dans différentes parties de la province.

Aujourd’hui, c’est le texte de Jérémie. Jérémie est un prophète qui ne voulait vraiment pas être prophète, il a beaucoup résisté à cet appel et à cette vocation. Et on peut comprendre très bien quand on regarde ce que Jérémie va avoir à vivre, pourquoi il n’avait pas un désir fou de se retrouver dans une telle situation, avec une telle mission. Il préfigure le Christ et aujourd’hui on le retrouve en prison et les gardes vont voir le roi Sédécias et disent : « Que cet homme soit mis à mort. » C’est une très vieille histoire et souvent ceux qui sont signes de Dieu vont être rejetés ou vont être méprisés; c’est ce qui arrive à Jérémie. On poursuit : « En parlant comme il le fait, il démoralise tout ce qui reste de combattant dans la ville, et toute la population. Ce n’est pas le bonheur du peuple qu’il cherche, mais son malheur. » Réaction qu’on peut connaître souvent parce que dans l’enseignement qu’on peut faire à travers la sagesse chrétienne, il y en a qui ont la conviction que la sagesse chrétienne a très peu à voir avec le plaisir et beaucoup à voir avec la joie. Le discours peut nous faire peur parce qu’on cherche une satisfaction immédiate. Et effectivement la sagesse chrétienne a très peu à voir avec le plaisir et beaucoup à voir avec la joie.

Dans cette parole, on va s’en remettre au roi et le roi va tout simplement répondre : « Il est déjà entre vos mains, et le roi ne peut rien contre vous ! » Alors une autorité qui est impuissante comme il arrive très souvent que nos autorités qui veulent bien protéger leur réalité et leur pouvoir deviennent impuissante devant les calamités du monde ou des réalités qui sont tout à fait inadmissibles. Et on saisit Jérémie et on le jette dans une citerne, mais cette fameuse citerne elle est pleine de boue. D’être le prophète du Seigneur puis de se ramasser dans une citerne de boue, c’est vraiment une épreuve à traverser qui est au-delà de nos capacités. Notre ami Jérémie est incapable de sortir de cette citerne, le roi ne peut pas empêcher qu’il soit dans la citerne, alors un de ses serviteurs, un officier du palais, l’éthiopien, Ébed-Mélek vient trouver le roi pour donner la situation et parler de l’injustice qui est faite à notre ami Jérémie. Alors le roi dit à cet officier : « Prends trois hommes avec toi, et retire de la citerne le prophète Jérémie avant qu’il ne meure. » Ce qu’il n’est pas capable de faire en pleine réalité, n’est pas capable de faire devant tout le monde, il va le faire de façon plus privée et va inviter son officier à sortir notre ami Jérémie de ce guêpier. Ça peut nous arriver des choses semblables si on se met à annoncer la Parole. Ça peut faire partie de notre réalité de baptisé, de notre réalité de témoin. La réalité fait aussi que souvent dans nos impasses, ce n’est pas par nos propres forces ou nos propres moyens, mais le salut va nous venir d’un lieu inattendu.

La deuxième Parole est tirée de l’Épître aux Hébreux. « Frères, ceux qui ont vécu dans la foi, foule immense de témoins, sont là qui nous entoure. » C’est rassurant, on a des témoins, on a des gens qui ont mené le combat, on a des gens qui sont allés au bout du combat et ils sont là qui nous entourent. On n’est pas seuls même si parfois dans une société comme la nôtre on peut avoir l’impression d’être très isolés comme croyants. « Comme eux, débarrassons-nous de tout ce qui nous alourdit. » Belle invitation ! Il y a des réalités qui nous alourdissent. D’abord « le péché qui nous entrave si bien. Alors courrons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus Christ. » Quand je lis cette parole-là  ça me fait penser à la réalité que je pouvais vivre comme enfant – on est quatre dans la famille – et quand parfois on pouvait dire à nos parents : « pourquoi qu’elle a ça puis que moi je ne l’ai pas ? Pourquoi il y a cette injustice ? Pourquoi lui de l’autre bord de la rue, il a un bicycle et moi vous ne m’en achetez pas une ? Les yeux étaient toujours fixés sur des objets à acquérir, à conquérir, mais très rarement sur Jésus Christ. Mes amis, si on se met à regarder tout autour les réalités du monde, on va sûrement perdre de vue Celui qui est dans une autre dimension. Lui, il nous invite à nous rendre en combattant jusqu’au bout de la lutte, jusqu’au bout de la foi.

« Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré, sans avoir de honte, l’humiliation de la croix. » Ce n’est pas tout à fait naturel pour nous d’accepter l’humiliation de la croix, et pourtant la croix elle va nous être imposée comme elle a été imposée à Jésus. La croix va faire partie des grandes luttes et des grands combats de cette foi qui nous anime, et «  assis à la droite de Dieu, il règne avec lui. » La croix traversée nous donne une place une place privilégiée à la droite du Père. Être du côté de Dieu plutôt que du côté des ténèbres, de la tristesse et du vide, être dans la plénitude d’une présence à Celui qui est amour, qui nous rend aptes à l’amour, qui nous apprend à aimer, et non pas à aimer de manière juste sentimentale, mais aimer dans la victoire même de Jésus Christ. « Méditez l’exemple de Celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité. » L’amour vaut la peine qu’on endure des souffrances. L’amour pour être libéré, vaut la peine qu’on puisse recevoir et rester en paix devant les hostilités qu’on peut recevoir. Et on termine en disant : « et vous ne serez pas accablés par le découragement. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché, » ce que Jésus nous apprend à faire. 

Et dans l’Évangile de ce dimanche Jésus nous dit : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Ne croyez pas que je sois venu mettre la paix dans le monde, mais plutôt la division. Paroles très étonnantes, mais c’est comme si Jésus était semblable à un glaive, un glaive qui tranche, un glaive qui est capable de séparer ce qui est éternel de ce qui est temporel, de ce qui est mal de ce qui est bien, ce qui peut apparaître pour un instant le meilleur peut s’avérer facilement le pire. Alors Jésus vient faire cette division, il vient nous mettre dans la lucidité, il vient nous mettre sur le chemin pour accomplir notre vocation. Je vous souhaite de bien vivre cette réalité et que l’on puisse chanter avec les cloches votre victoire parce que maintenant la vie nouvelle est possible. Allez mes amis, courage dans l’accomplissement de votre baptême.

Évangile : Luc 12, 49-53

1ère lecture : Jérémie 38, 4-6.8-10

Psaume 39, 2-4.18

2e lecture : Hébreux 12, 1-4  

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