Commentaire du 17 juin 2012 / Pierre Desroches (95e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, composition de la musique et arrangements, direction des comédiens, voix additionnelles, montage des images et mixage.

« Les grandeurs qui sont appelées à demeurer sont celles du Seigneur / Notre Église qui aurait bien besoin d’une nouvelle plantation / Dieu agit dans le moment présent de notre humanité même si la foi a régressé / Croire que même dans l’ordinaire de nos vies, ce que l’on sème va porter du fruit en s’abandonnant à Dieu. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=17/06/2012

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Évangile : Germination et croissance du règne de Dieu (Marc 4, 26-34)
Parlant à la foule en parabole, Jésus disait : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette le grain dans son champ : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le grain le permet, on y met la faucille, car c’est le temps de la moisson. » Il disait encore : « À quoi pouvons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole allons-nous le représenter ? Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences du monde. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. » Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de la comprendre. Il ne leur disait rien sans employer de paraboles, mais en particulier, il expliquait tout à ses disciples. 

1ère lecture : L’arbre planté par Dieu (Ézéchiel 17, 22-24)
Ainsi parle le Seigneur Dieu : À la cime du grand cèdre, à son sommet, je cueillerai un jeune rameau, et je le planterai moi-même sur une montagne très élevée. Sur la haute montagne d’Israël je le planterai. Il produira des branches, il portera du fruit, il deviendra un cèdre magnifique. Tous les passereaux y feront leur nid, toutes sortes d’oiseaux habiteront à l’ombre de ses branches. Et tous les arbres des champs sauront que c’est moi, le Seigneur : je renverse l’arbre élevé et relève l’arbre renversé, je fais sécher l’arbre vert et reverdir l’arbre sec. Moi, le Seigneur, je l’ai dit, et je le ferai. 

Psaume 91, 2-3, 13-16 

R/ Il est bon, Seigneur, de chanter pour toi !

Qu’il est bon de rendre grâce au Seigneur,
de chanter pour ton nom, Dieu Très-Haut,
d’annoncer dès le matin ton amour,
ta fidélité, au long des nuits.

Le juste grandira comme un palmier,
il poussera comme un cèdre du Liban ;
planté dans les parvis du Seigneur,
il grandira dans la maison de notre Dieu.

Vieillissant, il fructifie encore,
il garde sa sève et sa verdeur
pour annoncer : « Le Seigneur est droit !
Pas de ruse en Dieu, mon rocher ! » 

2ème lecture : Nous sommes faits pour habiter auprès du Seigneur (2 Corinthiens 5, 6-10)
Frères, nous avons pleine confiance, tout en sachant que nous sommes en exil loin du Seigneur tant que nous habitons dans ce corps ; en effet, nous cheminons dans la foi, nous cheminons sans voir. Oui, nous avons confiance, et nous aimerions mieux être en exil loin de ce corps pour habiter chez le Seigneur. Que nous soyons chez nous ou en exil, notre ambition, c’est de plaire au Seigneur. Car il nous faudra tous apparaître à découvert devant le tribunal du Christ, pour que chacun reçoive ce qu’il a mérité, soit en bien soit en mal, pendant qu’il était dans son corps.

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Commentaire du 17 juin 2012(95e) – 11e dimanche du Temps ordinaire (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Avec patience, laissons germer ce que Dieu a ensemencé dans nos vies

L’abbé Pierre Desroches

Alors, mes amis, bienvenue dans le temps ordinaire parce que cette semaine on débute une nouvelle période. On vient de quitter  la période  pascal et on commence le temps ordinaire. Le temps ordinaire, ce n’est pas du tout un temps ennuyant, ce n’est pas le sens que cela a profondément, ça veut dire c’est ce qu’il y a du quotidien, du régulier. Dans ce temps ordinaire, il y a toujours quelque chose d’extraordinaire, il y a la présence de Dieu, il y a la présence de sa Parole, puis il y a tout l’accomplissement de ses  promesses et l’avènement de son salut. On est encore présentement toujours dans la ville de Victoriaville et on est dans un espace qui s’appelle la Terre des Jeunes. C’est un espace de verdure en pleine cité et qui permet de prendre une distance du quotidien pour ressaisir dans l’ordinaire  de nos vies les merveilles que Dieu veut bien y faire.

Et le texte premier qui nous est proposé, c’est une parole d’Ézéchiel, « l’arbre planté par Dieu ». Comme vous le voyez, il y en a quelques-uns autour.  « À la cime du grand cèdre, » – malheureusement, on n’a pas de cèdre du Liban ici -, « à son sommet, je cueillerai un jeune rameau. » Il a pris du temps pour se rendre au sommet ce jeune rameau, il y a une longue histoire de vie, il est très loin des racines puisqu’il est au sommet de l’arbre. Mais le Seigneur dit : « je vais le prendre ce jeune rameau, et je vais aller le planter moi-même sur une montagne très élevée. Sur la montagne d’Israël je le planterai. Il produira des branches, il portera du fruit, il deviendra un cèdre magnifique. Tous les passereaux y feront leur nid, toutes sortes d’oiseaux habiteront à l’ombre de ses branches. » On sent une ouverture tout à fait universelle sous ce magnifique arbre va pouvoir venir se réfugier toutes les richesses de la création. « Et tous les arbres des champs sauront que c’est moi, le Seigneur. » Écoutez bien ce qu’il nous dit : « je renverse l’arbre élevé et relève l’arbre renversé, je fais sécher l’arbre vert et reverdir l’arbre sec. Ça se termine ainsi : « Moi, le Seigneur, je l’ai dit, et je le ferai. » Je pense qu’on a mis un peu de côté dans notre société cet arbre planté par le Seigneur, on a voulu s’en affranchir, on a voulu s’affranchir de Dieu. Cela a donné des fruits peut-être très beaux, très grands, très majestueux, mais le Seigneur dit qu’au sommet de ces arbres-là, Lui, il va prendre une repousse. « Il va renverser l’arbre élevé et faire sécher l’arbre vert et reverdir l’arbre sec ». C’est comme si cette parole nous disait qu’au-delà de toutes les apparences, au-delà de toutes les grandeurs, celles qui sont appelées à durer et à revenir, ce sont celles qui sont plantées par le Seigneur. Belle espérance pour notre Église qui à certains égards a l’air un peu sèche de temps en temps et qui aurait besoin d’une nouvelle plantation.

« Nous sommes faits pour habiter auprès du Seigneur » ce que l’on trouve en  2 Corinthiens « et nous avons pleine confiance, tout en sachant que nous sommes en exil loin du Seigneur,  que nous habitons tous son  corps; nous cheminons dans la foi et nous cheminons sans le voir. » Cheminer dans la foi, c’est de savoir de l’intérieur  de nous- même, sans que parfois on le touche, sans qu’on soit assis sur des certitudes, c’est de savoir qu’Il est là  et qu’on appartient à son corps. « Nous avons confiance, et nous aimerions mieux être en exil loin de ce corps pour habiter chez le Seigneur. » Des  fois on aimerait ça se libérer de nos tâches ou de nos combats ou  de nos luttes. « Que nous soyons chez nous ou en exil, notre ambition, c’est de plaire au Seigneur. » C’est de répondre à son appel. Et moi-même, si à l’occasion dans ma vie, je trouve souvent difficile  et regrettable, une forme d’Église que j’ai connue quand j’étais plus jeune, je suis toujours en émerveillement de ce qui se produit dans ce moment présent de l’Histoire. Tout ce renouvellement et tout ce langage nouveau qui nous apprend un Dieu de miséricorde, qui nous apprend un Dieu présent, un Dieu qui fait route avec nous et qui n’est jamais très loin de nos luttes et de nos combats et qui sans cesse suscite une humanité pour qu’elle puisse prendre soin de cette humanité qu’il aime et qui parfois s’égare ou qui parfois l’ignore ou ne le connait pas. Il y a dans ce moment présent un appel à être des partenaires d’un  Dieu qui veut continuer à bâtir cette humanité.

Dans l’Évangile on nous dit ceci : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette le grain dans son champ : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. » Je nous vois toujours en train de chercher nos programmes de pastorale ou d’essayer de trouver des structures qui devraient s’ajuster à tout cela. Le Royaume ça ressemble, non pas à un programme, ça ressemble à un homme qui jette un grain, qui jette une semence. C’est une façon d’être dans laquelle je me sens excessivement à l’aise. « Jeter une semence. » Puis,  « nuit et jour, qu’il dorme, qu’il se lève, la semence germe et grandit. » Puis, ça ne dépend pas de nous, puis on ne sait même pas comment, mais c’est exactement ce qui se produit. « Puis, d’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le grain le permet, on y met la faucille, car c’est le temps de la moisson. » On sait que cette semence va produire une abondance de vie et on va pouvoir la couper pour la partager pour que nos vies soient nourries. « À quoi pouvons-nous comparer le règne de Dieu ? Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite des semences du monde. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. » Il  semble qu’on entend assez bien en ce temps  ordinaire que ce qui nous est demandé ce n’est pas d’être extraordinaires, mais de faire l’ordinaire de la vie et d’être de ces hommes et de ces femmes qui jettent cette semence. Et la semence de la Parole de Dieu est une semence qui peut faire un grand bien. Et lorsqu’on l’a semée, comme elle ne nous appartient pas, et elle va bien produire le fruit qu’elle aura à produire. « Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de la comprendre. » Il parlait toujours en paraboles parce qu’il semble que finalement, pour le langage du Royaume, c’est la parabole qui est la plus claire, parce que ce qui est trop clair nous fait entrer dans une confusion dont on ne sort pas. Laissons Dieu agir, faisons-lui confiance et acceptons de mettre au monde ce qu’il a ensemencé dans chacune de nos vies.

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