Commentaire du 16 décembre 2012 / Pierre Desroches (120e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses Saint-Pierre Claver, Saint-Stanislas de Kostka et de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End à Montréal (Québec). Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : arrangement de cordes sur une chanson du père Guylain Princecaméra et montage visuel.

« La joie chrétienne n’est pas une réalité de surface / On est une maison choisie pour que le Seigneur vienne y résider / Le monde s’en va chez le Père / La dimension importante du partage de nos biens / Les propositions de Jean sont raisonnables / On reconnaissait un bien-être dans les paroles de Jean. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

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Évangile : Jean Baptiste prépare les foules à la venue du Messie (Luc 3, 10-18)
Les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? » Jean leur répondait : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! » Des publicains (collecteurs d’impôts) vinrent aussi se faire baptiser et lui dirent : « Maître, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » À leur tour, des soldats lui demandaient : « Et nous, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « Ne faites ni violence ni tort à personne ; et contentez-vous de votre solde. » Or, le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas. » Par ces exhortations et bien d’autres encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle. 

1ère lecture : « Fille de Sion, réjouis-toi, car le Seigneur est en toi » (Sophonie 3, 14-18)
Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi, tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem ! Le Seigneur a écarté tes accusateurs, il a fait rebrousser chemin à ton ennemi. Le roi d’Israël, le Seigneur, est en toi. Tu n’as plus à craindre le malheur. Ce jour-là, on dira à Jérusalem : « Ne crains pas, Sion ! Ne laisse pas tes mains défaillir ! Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête. »

Psaume : Cantique dans Isaïe 12, 2.4-6

R/ Laissons éclater notre joie : Dieu est au milieu de nous.

Voici le Dieu qui me sauve :
j’ai confiance, je n’ai plus de crainte.
Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ;
il est pour moi le salut.

Rendez grâce au Seigneur,
proclamez son nom,
annoncez parmi les peuples ses hauts faits !
Redites-le : « Sublime est son nom ! »

Jouez pour le Seigneur,
car il a fait des prodiges que toute la terre connaît.
Jubilez, criez de joie, habitants de Sion,
car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël !

2ème lecture : Soyez dans la joie : le Seigneur est proche (Philippiens 4, 4-7)
Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ; laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie. Que votre sérénité soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, dans l’action de grâce priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, gardera votre cœur et votre intelligence dans le Christ Jésus.

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Commentaire du 16 décembre 2012 (122e) – 3e semaine du Carême (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Jean le Baptiste : celui qui fait valoir le messie

L’abbé Pierre Desroches

Alors mes amis, il serait difficile de vous cacher qu’on est à l’heure de l’Angélus. On entend en arrière-fond, les cloches de l’église appeler le peuple de Dieu à la prière, à l’action de grâce. C’est très bien qu’il en soit ainsi parce qu’aujourd’hui on est au    troisième dimanche de l’Avent, et on est donc dans le dimanche de la joie. Ça fait du bien car on dit souvent qu’un chrétien triste est un triste chrétien. Le propre d’un chrétien, c’est d’être dans la joie. La joie, c’est une réalité qui est profonde, ce n’est pas une réalité de surface, on ne parle pas de plaisir, on ne parle pas d’amusement, on parle d’une profonde reconnaissance, d’une grande exaltation qui vient de dedans pour cet amour qu’on touche, qu’on voit, qui nous atteint et qui nous transforme.

Dans la première lecture, c‘est ce qu’on entend beaucoup. « Poussez des cris de joie, toi  fille de Sion ! Éclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi, tressaille d’allégresse, car le  Seigneur a écarté tes accusateurs. » Il y a tellement de monde qui ploie sous le poids de la culpabilité. On est dans un monde facilement accusé, on a juste à s’arrêter quelques instants sur les drames profonds qui se passent dans les couples et qui aboutissent abondamment devant les tribunaux, non pas pour l’exaltation, mais pour la parole accusatrice, une parole qui engendre beaucoup de tristesse, qui engendre beaucoup de doutes, de déchirements qui viennent opprimer. Ici on dit : « Le Seigneur a écarté tes accusateurs et il a fait rebrousser chemin à ton ennemi. » Qui ne rêverait pas de vivre cette expérience exaltante dans son existence. « Le roi d’Israël, le Seigneur, est en toi. Tu n’as plus à craindre le malheur. »  Alors il est en toi, on est des êtres habités, on n’est pas des êtres vides. On est une maison élue et choisie pour que le Seigneur  des nations vienne y résider. Alors, on n’a plus besoin de défaillir, de craindre, on n’a qu’à se mettre debout et à marcher droit dans ces chemins qui nous sont proposés. C’est Lui ce Seigneur-là qui apporte ton salut. On peut arrêter de se fatiguer et de vouloir le faire nous-mêmes, il nous est donné, on a juste à l’accueillir.

« Il te renouvellera par son amour » et non pas par son jugement et non pas par ses réprimandes, mais par son amour. « …il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête. » Alors mes amis, comment ne pas entrer dans la danse, comment ne pas se laisser aller à la fête. Alors, on se prépare parce qu’on sait que le troisième dimanche de l’avent, on est tout près de cette naissance, de ce grand désir que va remplir Celui qui vient de naître. À ce moment-ci, imaginez-vous ici, on est en plus dans l’église de l’Enfant Jésus, alors il n’y a pas beaucoup de lieux qui sont érigés comme celui-ci pour l’enfance de Jésus, pour Jésus-Enfant. Alors « soyez toujours dans la joie du Seigneur, laissez-moi vous redire, soyez dans la joie. » C’est toujours dans la deuxième lecture qui garde toujours ce thème de la joie qui nous est proposée par l’Église cette semaine. « Que votre sérénité soit connue de tous les hommes. »  Je ne sais pas si vous vivez bien ces expériences de rencontres des gens qui sont dans la paix. Je suis souvent impressionné par cette paix que je vois dans des gens qui sont en train de mourir. J’en vois qui sont dans l’angoisse, j’en vois beaucoup qui sont dans la paix. J’aime beaucoup rencontrer des gens qui, par rapport à l’avenir sont dans l’espérance, qui ne sont pas dans l’inquiétude que tout va être défait, que tout va être détruit, que le monde s’en va, comme on dit « chez le  diable ». Moi, je pense que le monde s’en va chez le Père et de savoir qu’on va tomber dans les bras du Père et que c’est dans ces bras-là qu’on va être fait, moi ça me donne une grande espérance, de savoir que peu importent les réalités qui nous sont données de vivre du dehors, le Père n’est pas un accusateur, il est Celui qui est vraiment le salut pour son peuple et pour tous les peuples.

Dans l’Évangile cette semaine, ce sont des foules qui viennent se faire baptiser et qui demandent : « Que devons-nous faire ? » C’est une grande question. Qu’est-ce qu’on doit faire pour être à la hauteur du baptême qui va être le nôtre ? Qu’est-ce qu’on doit changer, qu’est-ce qu’on doit transformer, à quoi doit-on renoncer ? Alors Jean va répondre : « que celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas. » Une première dimension sur laquelle il interpelle, c’est celle du partage. Ce n’est pas de partir de l’impossible, ce n’est pas d’aller en chercher davantage, c’est tout simplement de s’ouvrir à ne pas tout posséder pour soi et à partager de son bien avec ceux qui sont dans le manque, si nous on est dans un superflu. « Et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! » Ne pas avoir un cœur fermé et porter des jugements en disant qu’ils sont paresseux, en disant que si en disant que ça, et d’accepter de partager les biens qui nous sont confiés par Dieu et que nous avons la grâce à cause des dons qui sont les nôtres de pouvoir profiter et de faire profiter nos frères et nos sœurs de ces dons que le Seigneur nous a donnés.

Et puis des collecteurs d’impôts viennent, eux qui aimaient bien en mettre un peu dans leurs poches, se faire baptiser et disent : « qu’est-ce qu’on doit faire ? » Alors il leur répond : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » Il ne dit pas qu’il faut qu’ils arrêtent d’être des collecteurs d’impôts. Non, il les invite à ne pas être dans l’abus, de ne pas abuser de la situation favorable qui est la leur et de faire tout simplement ce qui est juste. Et les soldats qui font souvent violence disent : « Et nous, qu’est-ce qu’on doit faire ? » Il répond : « Ne faites ni violence ni tort à personne; et contentez-vous de votre solde. » La proposition de Jean on peut dire qu’elle est dans le raisonnable. Il aurait peut-être été bon ici au Québec qu’on développe  cette dimension d’être raisonnable. « Or, le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie » parce qu’ils reconnaissaient  une sagesse dans ses paroles, ils reconnaissaient un bien-être dans ces paroles. Et Jean va leur dire  « Moi, je vous baptise dans  de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. » Jean ne se montre pas lui-même, il indique quelqu’un d’autre. C’est la vocation profonde, je dirais d’un chrétien, non pas de se faire valoir mais d’être celui qui va faire valoir Celui qui est le Messie et qui n’est pas lui mais qui est bien Jésus Christ. « Et Lui va vous baptiser, non pas dans l’eau mais dans l’Esprit Saint. » Et ça c’est toute une dimension intérieure, une force qui vient du dedans, un feu qui brûle au cœur et qui transforme complètement l’être. Et c’est ce baptême que Jésus va nous proposer et il va nous le proposer, on sait très bien en allant lui jusqu’au bout de ce baptême-là et en offrant ce qu’Il est comme personne et comme être, il va se livrer, il va se donner.

« Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas. »  Il y a des dimensions de notre humanité qui peuvent facilement être brûlées, non pas pour détruire notre être, mais pour le purifier. Ce feu n’est pas un feu de destruction mais il est un feu qui nous rend plus purement humain. « Par ces exhortations et bien d’autres encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle. » Mais bientôt la Bonne Nouvelle ne sera plus juste annoncée, elle va être là et c’est ce que nous allons célébrer bientôt mais on se réjouit déjà de ce qu’Il vient et de cette attente profonde que Jésus va venir combler par ce qu’Il est pour nous maintenant et toujours. Alors mes amis, bonne préparation à la fête de Noël qui vient bientôt.

Évangile : Luc 3, 10-18

1ère lecture : Sophonie 3, 14-18

Psaume : Cantique dans Isaïe 12, 2.4-6

2e lecture : Philippiens 4, 4-7 

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