Commentaire du 15 juillet 2012 / Pierre Desroches (99e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, composition de la musique et arrangements, direction des comédiens, montage des images et mixage.

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=15/07/2012

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Évangile : Jésus envoie les Douze appeler les hommes à la conversion (Marc 6, 7-13)
Jésus appelle les Douze, et pour la première fois il les envoie deux par deux. Il leur donnait pouvoir sur les esprits mauvais, et il leur prescrivit de ne rien emporter pour la route, si ce n’est un bâton ; de n’avoir ni pain, ni sac, ni pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient. 

1ère lecture : La mission divine du prophète (Amos 7, 12-15)
Amazias, prêtre de Béthel, dit au prophète Amos : « Va-t’en d’ici avec tes visions, enfuis-toi au pays de Juda ; c’est là-bas que tu pourras gagner ta vie en faisant ton métier de prophète. Mais ici, à Béthel, arrête de prophétiser ; car c’est un sanctuaire royal, un temple du royaume. » Amos répondit à Amazias : « Je n’étais pas prophète ni fils de prophète ; j’étais bouvier, et je soignais les figuiers. Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : ‘Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël.’ »

Psaume 84, 9-14

R/ Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut

J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ?
Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple.
Son salut est proche de ceux qui le craignent,
et la gloire habitera notre terre.

Amour et vérité se rencontrent,
justice et paix s’embrassent ;
la vérité germera de la terre
et du ciel se penchera la justice.

Le Seigneur donnera ses bienfaits,
et notre terre donnera son fruit.
La justice marchera devant lui,
et ses pas traceront le chemin

2ème lecture : Dieu nous a choisis depuis toujours (Éphésiens 1, 3-14)
Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ. Dans les cieux, il nous a comblés de sa bénédiction spirituelle en Jésus Christ. En lui, il nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard. Il nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ : voilà ce qu’il a voulu dans sa bienveillance, à la louange de sa gloire, de cette grâce dont il nous a comblés en son Fils bien-aimé, qui nous obtient par son sang la rédemption, le pardon de nos fautes. Elle est inépuisable, la grâce par laquelle Dieu nous a remplis de sagesse et d’intelligence en nous dévoilant le mystère de sa volonté, de ce qu’il prévoyait dans le Christ pour le moment où les temps seraient accomplis ; dans sa bienveillance, il projetait de saisir l’univers entier, ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre, en réunissant tout sous un seul chef, le Christ. En lui, Dieu nous a d’avance destinés à devenir son peuple ; car lui, qui réalise tout ce qu’il a décidé, il a voulu que nous soyons ceux qui d’avance avaient espéré dans le Christ, à la louange de sa gloire. Dans le Christ, vous aussi, vous avez écouté la parole de vérité, la Bonne Nouvelle de votre salut ; en lui, devenus des croyants, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. Et l’Esprit que Dieu avait promis, c’est la première avance qu’il nous a faite sur l’héritage dont nous prendrons possession au jour de la délivrance finale, à la louange de sa gloire.

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Commentaire du 15 juillet 2012(99e) – 15e semaine du Temps Ordinaire (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Les apôtres qui sont envoyés ne devront mettre leur confiance qu’en Dieu seul

L’abbé Pierre Desroches

Alors mes amis, je vous rappelle que nous sommes à Montréal dans les jardins de l’Hôtel-Dieu qui appartiennent  aux religieuses hospitalières  de St-Joseph et que la petite chapelle qui est en arrière de moi a été érigée dans ce jardin en 1861. Notre Parole du jour nous conduit dans un autre sanctuaire, qui est celui de Béthel. C’est le prêtre Amazias qui dit au prophète Amos : « Va-t’en d’ici ». Le prêtre Amazias travaille pour le roi puisque c’est un sanctuaire royal, un Temple du royaume. Il ne manque jamais de prêtres pour Les royaumes mais des prophètes qui viennent au nom du Seigneur, il y en a souvent un petit moins. Alors notre ami Amos va dire : « Je n’étais pas prophète ni fils d’un prophète… – je n’ai pas reçu du tout cette mission par tradition familiale; …j’étais bouvier, et je soignais les figuiers. » On voit que sa théologie il ne l’a pas pris dans les livres ni dans les lois, mais qu’il l’a pris dans la vie. « Et le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau ». C’est intéressant, qu’est-ce qu’il a fait pour aller le chercher là. Et il m’a dit : « Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël.’ » On veut l’envoyer à l’extérieur d’Israël, mais il ne partira pas. On a de ces prophètes dans nos temps modernes qui ne sont pas passés dans nos grandes écoles de théologie et qui sont là à nous parler d’une manière qui peuvent nous étonner, nous surprendre, ou qui vont faire qu’on ne reconnaîtra pas beaucoup l’autorité de leur parole ou de leur vie.

J’ai fait venir il y a quelques années, il y a 16 ans maintenant, des amis qui sont des familles missionnaires et qui viennent, non pas de grands lieux mais qui viennent d’une vie quotidienne toute simple, qui ont travaillé un peu comme tous leurs frères et sœurs et qui un jour ont risqué la mission, ont quitté leur pays, ont quitté leurs familles et sont venir s’établir l’un avec ses huit enfants, l’autre  avec ses treize maintenant, et qui se sont mis à évangéliser, non pas à la manière des grands, mais à la manière des humbles et des simples et qui l’ont fait par une réponse qu’ils ont voulu vraiment donner au Seigneur. Juste  dans une société  comme la nôtre de témoigner d’une ouverture à la vie en ayant de nombreux enfants, c’est quelque chose qui peut déranger, nous questionner, nous interroger sur notre mentalité souvent sécularisée en se disant : est-ce que chacun de ces enfants va avoir tout ce dont il a besoin pour grandir équilibré, etc… C’est comme si la vie abondante pouvait un moment donné faire, que d’autres en aient moins. Je pense que là aussi c’est dans la logique de la multiplication des pains. L’important ce n’est pas d’avoir un, deux, trois, quatre, cinq enfants, c’est de répondre aux appels qui sont faits de la part du Seigneur. En ce qui me concerne, il m’a appelé à en avoir que deux qui ont un handicap physique et je trouve déjà que le départ était une belle plénitude et je ne crois pas que j’aie à avoir honte  comme certains m’avaient dit un jour  « vous n’en n’avez que deux. » Je leur avais dit : « c’est un bon début, commencez ainsi. »

Et depuis toujours « Dieu nous a choisis ». C’est important de savoir que l’élection de Dieu n’est pas exceptionnelle. L’élection de Dieu existe depuis toujours. Et celui qui nous dit ça c’est Paul dans son épître aux Éphésiens. Il bénit le Seigneur parce « qu’il l’a comblé de bénédictions spirituelles ». Une bénédiction spirituelle, ce n’est rien d’abstrait, c’est d’avoir reçu un souffle par cet être exceptionnel qu’a été Jésus, cet homme qui nous a incarnés du début à la fin de sa vie ce qui pouvait être l’amour de Dieu et qui nous donne un souffle pour être capables de traverser la mort et aussi de traverser les erreurs, de traverser les tromperies, d’être à la mesure de trouver la lumière qui est même cachée dans les ténèbres. Que son amour que nous avons reçu, que  «  nous soyons dans cet amour saint et irréprochable sous son regard. » On ne sait pas tellement ce que c’est d’être sous le regard de Dieu mais on peut le comprendre parce qu’on vit souvent sous le regard des autres. Qu’est-ce que les autres vont dire ?  Qu’est-ce que les autres vont penser ? On est constamment sous le regard de ces réalités auxquelles on prête une importance indéfinissable alors que lui nous invite à être toujours sous le regard de Dieu. J’aime toujours commencer ma journée puis me rappeler souvent  que je ne suis jamais quelque part en mon nom personnel,  je suis toujours là au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Quand je me place sous ce regard, ma façon d’être, ma façon d’exister doit nécessairement être fidèle à une reconnaissance que j’ai de cet amour qui m’a été donné gratuitement.

« Elle est inépuisable, la grâce par laquelle Dieu nous a remplis de sagesse ».  On n’est pas vides, on est pleins de sagesse et d’intelligence. Il nous a dévoilé un mystère. « Ce qu’il prévoyait dans le Christ pour le moment où les temps seraient accomplis ; dans sa bienveillance, il projetait de saisir l’univers entier, ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre, en réunissant tout sous un seul chef, le Christ. » C’est le grand projet de Dieu, c’est de nous réunir dans ce corps, c’est de faire que ce qui a été révélé dans les temps anciens puisse nous être accessible dans les temps présents  et que cet amour puisse nous faire vivre maintenant. Et que, pleins de cet amour, on soit capable de conduire à l’amour tous ceux qui nous sont confiés pour qu’eux aussi puissent connaître  la joie de cette relation et grandir au milieu des alliances dans lesquelles ils sont appelés à s’humaniser.

Pour la première fois dans l’Évangile, Jésus va appeler les douze, il va les envoyer deux par deux. Vous mesurez tout l’enjeu, être envoyé tout seul c’est parfois un plus simple que d’être envoyé avec un autre parce qu’il y aura avec cet autre, toute la dynamique et toute la réalité qu’on aura à assumer dans la différence de l’un et de l’autre. « Il leur donnait pouvoir sur les esprits mauvais. » J’ai été longtemps en paroisse un prêtre qui était seul prêtre, seul ministre. Depuis quelques années j’ai à travailler avec un vicaire, et maintenant deux et probablement au moment où je vous parle un troisième s’est ajouté. Ce n’est pas une grande difficulté de me retrouver avec quelques-uns de mes confrères parce que c’est un beau don où je sens que les esprits mauvais peuvent parfois être guéris          et envoyés par la qualité de relation ou de reconnaissance mutuelle que l’on a à vivre les uns avec les autres, en sachant que la mission que l’on a reçue n’est pas une mission personnelle et qu’elle est vraiment un don de Dieu et que ce don on a à l’exercer dans cette alliance qu’il nous confie. « N’apportez,  si ce n’est qu’un bâton »  si ce n’est pour regarder la solidité du terrain, peut-être voir quelques vipères qui pourraient se cacher dans le sable pour ne pas qu’elles vous  mordent et aussi pour vous protéger de l’agression des bêtes qui peuvent se trouver sur le chemin. « N’apportez pas de pain, pas de sac », on ne peut collecter beaucoup d’argent car on n’a pas de lieu où le mettre, « ni pièces de monnaie dans votre ceinture ». Ne vous fournissez pas à vous-mêmes votre sécurité, mais ayez le cœur ouvert pour recevoir ce qui va advenir. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. Quand vous avez trouvé l’hospitalité quelque part, restez-y jusqu’à votre départ. » 

Ne passez pas de maison et maison, ne faites pas du social, mais accueillez le don de Dieu, la reconnaissance, la réception de ceux qui vont vouloir se mettre au service de la Bonne Nouvelle que vous apportez, et « si, dans une localité, on refuse de vous accueillir ou de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos sandales. » Ce n’est pas une manière de faire une insulte, c’est simplement une manière de signifier qu’on n’est pas venu vous voler, qu’on ne veut rien prendre, on vous laisse tout, «  ce sera pour eux un témoignage » que ce détachement, cette dépossession, cette gratuité. « Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. » Et souvent lorsqu’on se convertit, qu’on se tourne vers Dieu, il y a beaucoup de démons qui s’en vont parce qu’ils ne sont plus capables de tenir et on dit « qu’avec des onctions d’huile ils guérissaient de nombreux malades ». Alors mes amis, cette Parole-là elle est encore vraie pour aujourd’hui et la guérison n’est pas juste dans nos pharmacies et dans les cabinets de nos médecins, la guérison est souvent aussi au niveau du cœur et un cœur en santé est souvent l’occasion de régénérer tout un corps malade. Je vous souhaite une bonne semaine, et que vous puissiez être guéri en rencontrant tous ces prophètes que le Seigneur a mis sur vos chemins, ou en devenant ce prophète guérisseur.

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