Commentaire du 10 juin 2012 / Pierre Desroches (94e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, composition de la musique et arrangements, direction des comédiens, voix additionnelles, montage des images et mixage.

« Le Saint Sacrement, la fête de la Présence / Dieu nous parle et crée avec nous une intimité et une proximité / Les apôtres connaîtront une Pâques totalement différente / Jésus initie un rite qui fera partie de la Nouvelle Alliance / Le sacrifice du Christ est pour la multitude / Jésus ne s’est pas séparé de l’humanité, il s’est fait chair. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=10/06/2012

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Évangile : L’institution de l’Eucharistie, sacrement de la nouvelle Alliance (Marc 14, 12-16.22-26)
Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour ton repas pascal ? » Il envoie deux disciples : « Allez à la ville ; vous y rencontrerez un homme portant une cruche d’eau. Suivez-le. Et là où il entrera, dites au propriétaire : ‘Le maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?’ Il vous montrera, à l’étage, une grande pièce toute prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. » Les disciples partirent, allèrent en ville ; tout se passa comme Jésus le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque. Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit, et le leur donna, en disant : « Prenez, ceci est mon corps. » Puis, prenant une coupe et rendant grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, répandu pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je boirai un vin nouveau dans le royaume de Dieu. » Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.

1ère lecture : Conclusion solennelle de la première Alliance (Exode 24, 3-8)
En descendant du Sinaï, Moïse vint rapporter au peuple toutes les paroles du Seigneur et tous ses commandements. Le peuple répondit d’une seule voix : « Toutes ces paroles que le Seigneur a dites, nous les mettrons en pratique. » Moïse écrivit toutes les paroles du Seigneur ; le lendemain matin, il bâtit un autel au pied de la montagne, et il dressa douze pierres pour les douze tribus d’Israël. Puis il chargea quelques jeunes Israélites d’offrir des holocaustes, et d’immoler au Seigneur de jeunes taureaux en sacrifice de paix. Moïse prit la moitié du sang et le mit dans des bassins ; puis il aspergea l’autel avec le reste du sang. Il prit le livre de l’Alliance et en fit la lecture au peuple. Celui-ci répondit : « Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique, nous y obéirons. » Moïse prit le sang, en aspergea le peuple, et dit : « Voici le sang de l’Alliance que, sur la base de toutes ces paroles, le Seigneur a conclue avec vous. » 

Psaume 115, 12-13, 15-18

R/ Nous partageons la coupe du salut en invoquant le nom du Seigneur.

Comment rendrai-je au Seigneur
tout le bien qu’il m’a fait ?
J’élèverai la coupe du salut,
j’invoquerai le nom du Seigneur.

Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !
Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?

Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce,
j’invoquerai le nom du Seigneur.
Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple. 

2ème lecture : Le Christ nous purifie par son propre sang (Hébreux 9, 11-15)
Le Christ est le grand prêtre du bonheur qui vient. La tente de son corps est plus grande et plus parfaite que celle de l’ancienne Alliance ; elle n’a pas été construite par l’homme, et n’appartient donc pas à ce monde. C’est par elle qu’il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire du ciel en répandant, non pas le sang des animaux, mais son propre sang : il a obtenu ainsi une libération définitive. S’il est vrai qu’une simple aspersion avec du sang d’animal, ou avec de l’eau sacrée, rendait à ceux qui s’étaient souillés une pureté extérieure pour qu’ils puissent célébrer le culte, le sang du Christ, lui, fait bien davantage : poussé par l’Esprit éternel, Jésus s’est offert lui-même à Dieu comme une victime sans tache ; et son sang purifiera notre conscience des actes qui mènent à la mort pour que nous puissions célébrer le culte du Dieu vivant. Voilà pourquoi il est le médiateur d’une Alliance nouvelle, d’un Testament nouveau : puisqu’il est mort pour le rachat des fautes commises sous le premier Testament, ceux qui sont appelés peuvent recevoir l’héritage éternel déjà promis.

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Commentaire du 10 juin 2012(94e) – Le Corps et le Sang du Christ (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q. 

Respecter la dignité de chaque homme est une façon d’accueillir le Corps de Jésus

L’abbé Pierre Desroches

Aujourd’hui nous sommes à la fête du Saint-Sacrement. C’est la fête de la Présence. On est toujours sur la montagne (le Mont Arthabaska, anciennement « Mont Saint-Michel »). Je ne sais pas si vous l’entendez, mais nous on l’entend bien, il y a une présence latino, parce qu’il y a une bonne musique qui peut peut-être vous arriver en arrière-fond, mais il y a une autre présence ici à Arthabaska. Ce qu’on voit aux pieds en arrière, c’est l’hôpital d’Arthabaska et un peu probablement sur ma droite, probablement sur votre gauche, on voit le Collège qui a été longtemps tenu par les Frères du Sacré-Cœur qui ont été très présents aux jeunes adolescents du milieu et des environs et aussi très présents à leurs familles, à leurs parents. Aujourd’hui le Collège a subi des transformations mais il y a encore une communauté de religieux qui habitent là et qui ont révélé la Présence de Dieu et son amour pour la population locale.

Les textes qui vont nous être présentés aujourd’hui ne sont pas nécessairement des textes très faciles. Le premier, c’est un texte capital, c’est la conclusion sur la première Alliance et elle se fait aussi sur une montagne et elle va se faire aussi aux pieds de la montagne. « Descendant du Sinaï, Moïse vint rapporter au peuple toutes les paroles du Seigneur et tous ses commandements. » Écoutez ce que le peuple dit : « Toutes ces paroles que le Seigneur a dites, nous les mettrons en pratique. » Ça fait écho dans le Nouveau Testament quand Marie va dire à Cana aux disciples : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Et cette Parole va faire écho un peu partout tout au long de la Bible. Et c’est la disposition du cœur qui est important de voir, c’est que ce Peuple veut accueillir la Parole et veut se laisser transformer pour que leur agir et leur action soient inspirées de cette Parole qui vient de Dieu, de ce Dieu qui nous parle et qui crée avec nous une intimité et aussi, une proximité. Et là on va offrir un sacrifice, et le rite va se terminer  par « Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique, nous y obéirons. » Moïse va prendre du sang  et va asperger le peuple. « Voici le sang de l’Alliance que, sur la base de toutes ces paroles, le Seigneur a conclue avec vous. »

Dans la Nouvelle Alliance on va voir que le sang qui va être livré ne sera plus celui d’une bête, la bénédiction ne viendra plus par un sang d’un animal mais ça va être le sang de Jésus Christ, le don de la vie de Jésus Christ, qui est le seul grand-prêtre. J’aime beaucoup l’expression qui nous dit « le Christ est le grand prêtre du bonheur qui vient. » Ce n’est pas un sacrifice pénitentiel qui nous est annoncé mais c’est une grande fête de joie, une grande reconnaissance pour une libération par un sang qui nous est donné tout à fait gratuitement, sans exigence. Ce qu’on n’était pas capable d’accomplir, ce qu’on n’était pas capable de réaliser par nous-mêmes, Dieu a décidé d’épouser notre chair et lui de l’accomplir et d’accepter de se donner lui-même.  « La tente de son corps est plus grande et plus parfaite que celle de l’ancienne Alliance. »  On est tous rassemblés dans le corps de Jésus Christ, on obtient cette dignité d’être des fils reconnus parce que, reçus par celui qui s’est livré corps et âme. On nous dit que contrairement aux grands prêtres de l’Ancien Testament qui entraient une fois dans leur vie dans le Saints des Saints, Lui il est entré une fois pour toutes dans le ciel. Alors il y a quelque chose qui est terminé, il y a quelque chose qui est achevé, et ce qui est proposé à nous maintenant, c’est de s’ouvrir à ce salut, c’est de l’accueillir dans nos vies. Et je pourrais commenter encore longuement ces textes qui ne sont pas nécessairement faciles d’abord, mais qui nous parlent de quelque chose de très fondamental et de très essentiel.

Et dans l’Évangile : « Où veux-tu que nous allions faire s les préparatifs pour ton repas pascal ?  On dit : « qu’il va envoyer deux disciples : « Allez à la ville ; vous y rencontrerez un homme portant une cruche d’eau. » Vous savez, peut être que vous ne vous en apercevez pas mais c’est étonnant que ce texte-là, parce qu’on pourrait dire : comment se fait-il ? Y-a-t-il seulement un homme qui porte une cruche d’eau ? Celui qu’ils vont rencontrer et qui porte la cruche d’eau, pourquoi serait-ce celui-là ? C’était plutôt les femmes qui portaient les cruches  d’eau. Et là il dit : « vous y rencontrerez un homme qui porte une cruche d’eau : « Suivez-le. » Et là où il entrera, dites au propriétaire : <Le maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? > » Donc, il les envoie, c’est un beau départ, ils sont envoyés pour faire les préparatifs pour ce repas et la Pâque qu’ils s’attendent à vivre va probablement être un peu différente parce qu’ils sont habitués de célébrer la Pâque juive. La salle qui va leur être désignée va avoir été préparée pour cet événement-là. « Et il va vous montrer, à l’étage, une grande pièce toute prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. Ils se rendent à la ville et tout se passe comme Jésus avait dit » et, ce qui va être tout à coup bouleversant, c’est ce qui arrive ici : « Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna, en disant : « Prenez, ceci est mon corps. » 

Je ne sais pas si vous mesurez à l’occasion de la célébration ce que signifie cette réalité-là, mais je peux vous dire que pour les disciples ce n’était pas plus évident que pour vous. Mais il y a quelque chose qu’eux s’apercevaient, c’est que le rituel avait été déplacé « Prenez, ceci est mon corps. » Ça ne faisait pas partie de l’ancienne Alliance, ça va faire partie essentiellement de la nouvelle Alliance. « Puis, prenant une coupe et rendant grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit, ce qui fut pour eux aussi, excessivement étonnant : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, répandu pour la multitude. » Et dans la multitude, vous comprendrez, c’est toute l’humanité qui est dans la multitude. Ce n’est pas pour un petit groupe privilégié, ce n’est pas juste pour le peuple juif, c’est vraiment pour cette humanité entière qui est aimée de Dieu. Et ce qui est donné, c’est son être. Quand on dit que la foi chrétienne est une foi incarnée, je pense qu’on regarde cette Parole- qu’on est, nous très habitués d’entendre, mais « ceci est mon Corps, ceci est mon Sang » on peut dire que dans notre vie de chrétiens,  respecter la dignité de chaque homme, c’est une façon d’accueillir le Corps de Jésus parce que Jésus ne s’est pas séparé de cette humanité, il l’a accomplie en venant habiter cette chair. Et aujourd’hui dans notre fête qui est la fête du Saint-Sacrement, ce dont on se réjouit c’est qu’au cœur de l’humanité a été vraiment signifiée la Présence de ce Dieu Très-Haut, de ce Dieu Très-Grand mais aussi de ce Dieu très proche. Je souhaite que nous puissions, comme chrétiens aider nos frères et nos sœurs à reconnaître la proximité du Dieu qui nous aime et qu’on puisse à travers l’amour qu’on reçoit de Lui leur faire expérimenter cet amour par lequel ils sont aimés à travers notre manière d’être avec eux et d’être présents au milieu de ce monde.

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