Commentaire du 6 mars 2011 / Pierre Desroches (25e)

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal.
Gino Fillion : composition, guitare, caméra et montage.

« Que votre main soit le prolongement de votre cœur / Jésus donnait de sa connaissance très intime de l’Être même de Dieu / Une Parole qui donne le droit d’être humain et qui ne dramatise pas le péché / Notre péché ne fait pas renoncer Dieu à nous donner avec beaucoup de gratuité. »

Textes liturgiques © AELF

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Évangile : Conclusion du sermon sur la montagne. La maison bâtie sur le roc et la maison bâtie sur le sable (Matthieu 7, 21-27)
Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Il ne suffit pas de me dire : ‘Seigneur, Seigneur !’, pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. Ce jour-là, beaucoup me diront : ‘Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ?’ Alors je leur déclarerai : ‘Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal !’ Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé et s’est abattue sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc. Et tout homme qui écoute ce que je vous dis là sans le mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé, elle a secoué cette maison ; la maison s’est écroulée, et son écroulement a été complet. »

1ère lecture : Ceux qui écoutent les commandements, et ceux qui ne les écoutent pas (Deutéronome 11, 18.26-28.32)
Moïse disait au peuple d’Israël : « Les commandements que je vous donne, mettez-les dans votre coeur, dans votre âme. Attachez-les à votre poignet comme un signe, fixez-les comme une marque sur votre front. Aujourd’hui je vous donne le choix entre la bénédiction et la malédiction : bénédiction si vous écoutez les commandements du Seigneur votre Dieu, que je vous donne aujourd’hui ; malédiction si vous n’écoutez pas les commandements du Seigneur votre Dieu, si vous abandonnez le chemin que je vous prescris aujourd’hui, pour suivre d’autres dieux que vous ne connaissez pas. Veillez à mettre en pratique les décrets et les commandements que je vous présente aujourd’hui. »

Psaume 30, 3bc-4, 17.20cd, 24ab.25
R/ C’est toi Seigneur, le rocher qui me sauve

Sois le rocher qui m’abrite,
la maison fortifiée qui me sauve.
Ma forteresse et mon roc, c’est toi :
pour l’honneur de ton nom, tu me guides et me conduis.

Sur ton serviteur, que s’illumine ta face ;
sauve-moi par ton amour.
Tu combles à la face du monde
ceux qui ont en toi leur refuge.

Aimez le Seigneur, vous ses fidèles :
le Seigneur vielle sur les siens.
Soyez forts, prenez courage,
vous tous qui espérez le Seigneur !

2ème lecture : « C’est par la foi que l’homme devient juste » (Romains 3, 21-25a.28)
Frères, tous les hommes sont dominés par le péché ; la loi de Moïse, elle, servait seulement à faire connaître le péché. Mais aujourd’hui, indépendamment de la Loi, Dieu a manifesté sa justice qui nous sauve : la Loi et les prophètes en sont déjà témoins. Et cette justice de Dieu, donnée par la foi en Jésus Christ, elle est pour tous ceux qui croient. En effet, il n’y a pas de différence : tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu, lui qui leur donne d’être des justes par sa seule grâce, en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus. Car Dieu a exposé le Christ sur la croix afin que, par l’offrande de son sang, il soit le pardon pour ceux qui croient en lui. En effet, nous estimons que l’homme devient juste par la foi, indépendamment des actes prescrits par la loi de Moïse.

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Commentaire du 6 mars 2011 (25e) – 9e dimanche du Temps Ordinaire (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Écouter les commandements de Dieu et être dans la bénédiction

L’abbé Pierre Desroches

Bonjour mes amis ! On se retrouve une fois de plus et dans les dernières semaines, les paroles ont souvent abordé le thème de la justice. C’est un thème qui demande beaucoup d’approfondissement, parce qu’on le voit, semaine après semaine, il y a des dimensions nouvelles qui nous sont apportées. La première lecture de cette semaine, c’est le livre du Deutéronome qui fait partie de la première série de l’Ancien Testament et qui dit : «  les commandements que je vous donne, mettez-les dans votre cœur, dans votre âme. Attachez-les à votre poignet comme un signe, fixez-les comme une marque sur votre front ». Je vous ferai remarquer que l’expression c’est « mettez-les dans votre cœur, dans votre âme ! » Ce n’est pas d’abord un commandement qui est écrit en lettres sur des pages, mais c’est d’abord un commandement qu’on est appelé à habiter, un commandement qu’on est appelé à intérioriser. « Attachez-les à votre poignet », c’est une manière de dire que votre main soit le prolongement de votre cœur et vous allez y avoir accès. Pensons à ces Juifs qui ont interprété cette parole au pied de la lettre, en se l’attachant au poignet. « Fixez une marque sur votre front », c’est ce qu’on va retrouver sur le front souvent, des images qu’on voit de certains scribes qui ont ce signe sur leur être. Mais cela n’a rien à voir avec une loi extérieure. Tout l’appel, est un appel à une grande intériorité.

« Je vous donne le choix entre la bénédiction et la malédiction ». Ce qui veut dire que comme humain on est souvent dans des situations graves et que les réalités ne sont pas innocentes. Quand je parle, je peux bénir ou maudire. Quand j’écris, je peux bénir ou maudire. Quand je suis en relation avec mes proches, je peux bénir ou je peux maudire. Le Seigneur nous rappelle qu’on a le choix et que, si on écoute les commandements – le verbe écouter n’est jamais très naïf, c’est un des premiers appels de la Bible – « Écoute Israël », alors, si vous écoutez mes commandements que je vous donne, alors vous allez être dans la bénédiction. Mais écouter les commandements, ce n’est pas de s’asseoir sur une chaise et de recevoir les textes. Écouter les commandements, ça va beaucoup plus loin qu’une simple écoute auditive. C’est une écoute, je dirais, existentielle, qui va faire qu’on va s’incarner d’une manière différente, d’une manière authentique, d’une manière ajustée à la réalité de Dieu.

« Veillez à mettre en pratique les décrets et les commandements que je vous présente aujourd’hui ». Veiller, c’est une attitude aussi d’attention, de vigilance; cherchez comment le faire. Cette première Parole nous invite à prendre au sérieux ces paroles qui nous ont été transmises depuis des siècles. J’entends souvent des personnes passer des commentaires et de nous dire que la Bible est dépassée, qu’elle n’a pas de sens. C’est comme si, parfois notre parole à nous qui a la richesse de notre petite histoire, pouvait facilement se substituer à une sagesse qui essaie de se dire depuis deux mille ans. C’est sûr que dans la Bible les passages s’éclairent les uns les autres. Parfois même on est étonné parce qu’on a l’impression que les choses se contredisent. Probablement qu’elles se contredisent du dehors, mais si on va scruter pour bien saisir ce qui est dit dans la profondeur de la Parole, on risque de s’apercevoir qu’elles s’harmonisent. Jésus lui-même a été quelqu’un qui est arrivé et qui a dit : « On vous a dit…, mais moi je vous dis… », mais qui nous disait dans un texte tout récemment « je ne suis pas venu abolir mais accomplir ». Parce que, ce qu’il donnait de son expérience n’était pas d’abord une lettre mais était vraiment une expérience, une relation, une connaissance très intime de l’Être même de Dieu, de l’être même de l’homme et de la femme.

Dans la deuxième lecture qui est tirée de Paul dans l’épître aux Romains, il nous dit : « frères tous les hommes sont dominés par le péché ». Je ne suis pas sûr qu’on est très heureux d’entendre ça, mais qu’on soit heureux ou pas de l’entendre, c’est une réalité qui est très vraie. Moi je trouve toujours cela très libérateur d’entendre une Parole comme celle-là parce que, c’est sûr qu’on a reçu des formes d’éducation qui nous appelaient tous à une certaine perfection. On a tous rencontré des êtres un peu rigides qui auraient aimé nous façonner selon des concepts, alors que cette parole nous donne le droit d’être humain et ne dramatise pas le péché; elle dit « on est tous dominés par le péché ». Alors il y a toute une réalité devant laquelle on a à se mettre debout, et une réalité qu’on a à vaincre. Il y a une victoire à remporter, mais cette victoire ne se gagne pas à la force de nos poignets, elle ne se gagne pas par notre propre force. On sait que cette victoire-là, elle a été remportée par Jésus Christ. Et de façon très gratuite, le Seigneur nous invite à entrer dans ce salut. Alors, « il n’y a pas de différence : tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu, lui qui leur donne d’être des justes par sa seule grâce, en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus ». Pour moi, c’est une libération extraordinaire parce que, ce n’est pas par tes vertus, ce n’est pas par toi, c’est quelque chose qui a été acquise, et qui a été acquise par le Fils et par pure gratuité, par pure reconnaissance. Et probablement que vous avez dans votre propre expérience des grandes gratuités que vous avez faites; des choses que vous avez données à des personnes, que ce soit vos enfants, vos conjoints, des amis, pas parce qu’ils le méritaient, mais parce que vous reconnaissiez qu’ils étaient pour vous importants et que vous étiez heureux de leur rendre ou de leur donner une amitié, un amour, parce que vous saviez que ça pouvait vous conduire plus loin, et les conduire plus loin dans une plus grande humanité.

Dans l’Évangile qui est le Sermon sur la montagne : « Il ne suffit pas de dire Seigneur, Seigneur ! pour entrer dans la royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux ». C’est facile de faire des enseignements, on peut faire beaucoup d’enseignements. On peut dire de très belles choses, on peut même énoncer de très grandes vérités, mais ce n’est pas parce qu’on les énonce qu’on les accomplit ou qu’on les vit. Le Royaume des cieux, ce n’est pas une question de mots, c’est une question d’être. Entrer dans le Royaume, c’est prendre une voie étroite. On a beaucoup à apprendre à se baisser, à se pencher, parce que la porte, – on va nous dire dans certains textes -, elle est étroite. Si on arrive du haut de notre grandeur, on va plus se frapper le nez sur le mur qu’on va être en mesure de pénétrer à l’intérieur. Le Seigneur nous dit que « la grande porte pour entrer dans le Royaume de Dieu, c’est de faire la volonté du Père ». C’est une question qui doit nous habiter chaque jour. À quoi Dieu nous appelle dans telle ou telle situation ? On a toujours l’opportunité de partir de nos émotions ou d’essayer de saisir à quoi on est appelé. Et je pense que la Parole d’aujourd’hui nous dit que, si on saisit la volonté de Dieu, on pourra entrer dans cette grâce extraordinaire qu’est la bénédiction. Si on ne saisit pas tout à fait cette volonté, on risque de faire un mal qu’on ne voudrait pas faire et qui va abîmer nos proches, qui va nous abîmer nous-mêmes, mais qui ne fera pas renoncer Dieu à nous donner  avec beaucoup de gratuité son amour pour qu’on retrouve le chemin qui nous mène à ce Royaume qui doit débuter dès maintenant. Amen !

Évangile : Matthieu 7, 21-27

1ère lecture : Deutéronome 11, 18.26-28.32

Psaume 30, 3-4, 17.20, 24-25

2ème lecture : Romains 3, 21-25a.28

 

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