Commentaire du 5 mai 2013 / Pierre Desroches (133e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses Saint-Pierre Claver, Saint-Stanislas de Kostka et de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End à Montréal (Québec). Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : composition et interprète de la musique, caméra, mixage et montage visuel.

« Un premier conflit dans l’Église sur la circoncision / Choisir un tiers pour des voies de solutions dans les conflits / Nous sommes le premier Temple de Dieu / Un fruit de l’absence de Dieu : la violence / L’importance de recevoir l’Esprit. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

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Évangile : La promesse de la venue de l’Esprit (Jean 14, 23-29)
À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. Celui qui ne m’aime pas ne restera pas fidèle à mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous dis tout cela pendant que je demeure encore avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit toutes ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. » 

2ème lecture : L’Agneau est la lumière du peuple de Dieu (Apocalypse 21, 10-14.22-23)
Moi, Jean, j’ai vu un ange qui m’entraîna par l’esprit sur une grande et haute montagne ; il me montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu. Elle resplendissait de la gloire de Dieu, elle avait l’éclat d’une pierre très précieuse, comme le jaspe cristallin. Elle avait une grande et haute muraille, avec douze portes gardées par douze anges ; des noms y étaient inscrits : ceux des douze tribus des fils d’Israël. Il y avait trois portes à l’orient, trois au nord, trois au midi, et trois à l’occident. La muraille de la cité reposait sur douze fondations portant les noms des douze Apôtres de l’Agneau. Dans la cité, je n’ai pas vu de temple, car son Temple, c’est le Seigneur, le Dieu tout-puissant, et l’Agneau. La cité n’a pas besoin de la lumière du soleil ni de la lune, car la gloire de Dieu l’illumine, et sa source de lumière, c’est l’Agneau. 

Psaume 66, 2-3. 5. 7-8

R/ Dieu, que les peuples t’acclament ! Qu’ils t’acclament, tous ensemble !

Que ton visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.

Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
sur la terre, tu conduis les nations.

Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore ! 

1ère lecture : L’Église décide d’accueillir les païens sans leur imposer la loi juive (Actes 15, 1-2.22-29)
Certaines gens venus de Judée voulaient endoctriner les frères de l’Église d’Antioche en leur disant : « Si vous ne recevez pas la circoncision selon la loi de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés. » Cela provoqua un conflit et des discussions assez graves entre ces gens-là et Paul et Barnabé. Alors on décida que Paul et Barnabé, avec quelques autres frères, monteraient à Jérusalem auprès des Apôtres et des Anciens pour discuter de cette question. Finalement, les Apôtres et les Anciens décidèrent avec toute l’Église de choisir parmi eux des hommes qu’ils enverraient à Antioche avec Paul et Barnabé. C’étaient des hommes qui avaient de l’autorité parmi les frères : Jude (appelé aussi Barsabbas) et Silas. Voici la lettre qu’ils leur confièrent : « Les Apôtres et les Anciens saluent fraternellement les païens convertis, leurs frères, qui résident à Antioche, en Syrie et en Cilicie. Nous avons appris que quelques-uns des nôtres, sans aucun mandat de notre part, sont allés tenir des propos qui ont jeté chez vous le trouble et le désarroi. Nous avons décidé à l’unanimité de choisir des hommes que nous enverrions chez vous, avec nos frères bien-aimés Barnabé et Paul qui ont consacré leur vie à la cause de notre Seigneur Jésus Christ. Nous vous envoyons donc Jude et Silas, qui vous confirmeront de vive voix ce qui suit : L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci, qui s’imposent : vous abstenir de manger des aliments offerts aux idoles, du sang, ou de la viande non saignée, et vous abstenir des unions illégitimes. En évitant tout cela, vous agirez bien. Courage ! »

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Commentaire du 5 mai 2013 (143e) – 6e dimanche de Pâques (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

L’Esprit Saint pour contrer la violence de notre monde

L’abbé Pierre Desroches

Bonjour, alors bienvenue ! Je suis heureux qu’on se retrouve pour ce sixième dimanche de Pâques et on va assister aujourd’hui à quelque chose que je trouve bien merveilleux. Vous savez, si on écrit l’histoire de nos familles ou nos histoires personnelles, on va être portés à dire tout ce qu’il y a de beau, de grand, de lumineux. Et dans la Bible, dans l’Évangile, aujourd’hui on commence à recevoir un des premiers grands conflits de l’Église qui aurait pu presque conduire à un schisme. À distance on peut avoir beaucoup de difficulté à comprendre ce qui nous est soumis, mais ce qui se passe c’est qu’il y a des frères qui arrivent dans la communauté et qui viennent d’Antioche et qui disent à la communauté que si elle ne reçoit pas la circoncision selon la Loi de Moïse, les gens ne peuvent pas être sauvés. J’aime bien l’expression qui est prise : un endoctrinement. C’est donc une réalité dans laquelle on veut enfermer la communauté naissante, la communauté nouvelle et on voit que « ça va provoquer un conflit et des discussions assez graves entre ces gens-là et Paul et Barnabé. »

Qu’est-ce qu’on fait devant un conflit quand il y a deux autorités qui s’affrontent ? Ici, on va voir ce qu’ils vont faire, ils vont faire entrer un tiers. C’est très intéressant d’amener un tiers. Quand vous êtes en conflit avec quelqu’un, allez chercher une troisième personne que chacun reconnaît, puis vous allez voir que parfois ça va donner des voies de solution beaucoup plus rapidement que si on continue à se quereller et s’affirmer sans avoir nécessairement les bonnes assises. Alors eux, ils vont faire appel à la communauté de Jérusalem qui est reconnue comme celle qui détient un service pour l’unité de l’Église. À ce moment-là, ce n’était pas Rome mais Jérusalem. C’est beaucoup, je dirais, le service de Rome d’être un tiers qui n’est pas là pour exercer un pouvoir doctrinaire mais un pouvoir dans le service de l’unité. Je pense que le pape François semble avoir de grands talents pour accomplir cela dans l’aujourd’hui de notre Église. Ce qu’ils vont finalement recevoir comme réponse, ça vaut la peine de la lire parce que c’est tellement simple, tellement beau. « L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci, qui s’imposent : vous abstenir de manger des aliments offerts aux idoles, du sang, ou de la viande non saignée, et vous abstenir des unions illégitimes. En évitant tout cela, vous agirez bien. Courage ! » Alors, ils viennent de dire que la communauté nouvelle n’a pas besoin d’être circoncis. C’est cette unité-là, cette invitation, cet appel qu’ils vont faire devrait resituer les frères les uns par rapport aux autres.

Dans la deuxième lecture qui est un texte de l’Apocalypse on s’aperçoit que l’Église dont il est question est vraiment une Église qui a été persécutée, une Église qui est fragile, une Église qui est assez vulnérable qui n’a pas de Temple, qui n’a pas d’assises, qui n’a pas d’image sociale très reconnue parce qu’elle dit ceci : « Dans la cité, je n’ai pas vu de temple, car son Temple, c’est le Seigneur, le Dieu tout-puissant, et l’Agneau. La cité n’a pas besoin de la lumière du soleil ni de la lune, car la gloire de Dieu l’illumine, et sa source de lumière, c’est l’Agneau »  Mes amis, je ne sais pas si vous entendez ce que ça veut dire, ce que cela a comme implication pour chacun de nous ? Le Temple, le premier temple : c’est « vous êtes le temple du Christ » et c’est nous le premier temple. C’est un temple vivant et ce qui doit nous éclairer c’est une Présence qui est dans ce temple qui est au plus profond de nous, et, c’est tout un appel à non pas à être tourné vers le dehors, à ne pas être impressionné par les œuvres des hommes, mais à être impressionné par l’œuvre de Dieu, et son trésor, c’est l’Agneau, c’est Celui qui s’est livré, c’est Celui qui s’est donné, c’est Celui qui a épousé l’humanité pour la conduire à sa stature, à sa grande dignité d’enfant, de fils et de filles de Dieu.

Et il y a une belle promesse qui nous est faite dans l’Évangile, c’est la venue de l’Esprit Saint. C’est vraiment le grand désir que j’ai, que mes frères reçoivent cet Esprit Saint. Dernièrement on me parlait d’un événement qui m’a beaucoup attristé, un événement qui s’est passé aux États-Unis mais qui aurait pu se passer ailleurs. Une dame qui se promenait avec son enfant, un enfant de trois mois, on s’est approché pour la voler et pour prendre son argent, elle n’avait pas d’argent, alors, les personnes en présence ont sorti leurs fusils, lui ont tiré une balle dans la jambe et ils se sont tournés et ont tiré sur l’enfant. Une violence incroyable qui vient d’où ? Pour moi, c’est de l’absence de l’accueil d’un Souffle. Lorsqu’on est rendu à poser des gestes à ce point inhumains, qu’arrive-t-il à notre humanité ? Et tout le sens de donner notre vie pour que l’humanité retrouve, découvre ou reconnaisse sa valeur, sa beauté, sa grandeur devient pour moi tellement essentiel parce que si on ne s’ouvre pas sur le ciel même sur la terre, la vie va devenir de plus en plus éteinte, morbide, violente.

La question de Dieu n’est jamais accessoire pour moi, elle est toujours une question très fondamentale et, de recevoir l’Esprit pour aller annoncer la bonne nouvelle, de recevoir l’Esprit pour aller révéler au cœur des humains combien ils sont aimés, combien ils sont précieux, nous permet de retrouver une capacité de faire un corps. Parce que lorsqu’avec autant de gratuité on peut vraiment violenter les uns et violenter les autres, c’est qu’on a perdu de vue le sens profond et notre identité profonde d’être humain. Cet être humain il est un grand désir de Dieu et il a été très loin pour que son désir puisse advenir. Il nous a envoyé Jésus Christ. Alors, je souhaite que notre frère le Christ, nous donne le courage de nous mettre debout pour annoncer cette bonne nouvelle qui peut transfigurer le monde parce qu’actuellement on voit bien que la souffrance est encore bien présente au cœur de notre monde et que nous avons encore des pas à faire pour que nous ayons plus de justice, plus d’égalité et on ne peut pas la faire cette marche sans opter nous aussi pour le chemin  que l’Agneau nous a proposé. Alors que nous soyons dans la confiance et que plein de son amour nous allions la partager avec ceux vers qui il nous envoie.

Évangile : Jean 14, 23-29

1ère lecture : Actes 15, 1-2.22-29

Psaume 66, 2-3.5.7-8

2e lecture : Apocalypse 21, 10-14.22-23

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