Commentaire du 4 septembre 2011 / Pierre Desroches (52e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion :
caméra et montage.

« Avertir ses frères, ce n’est pas un appel au contrôle / Partager à nos frères les lumières qui nous sont confiées / Notre part de responsabilité à prendre / Paul rend un nouveau visage au judaïsme, basé sur l’amour / L’Église a une vocation d’alliance, de lier l’humanité avec Dieu / La prière de l’Église pour les frères au loin. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=04/09/2011

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Évangile : Instructions pour la vie de l’Église. Tout chrétien est responsable de ses frères (Matthieu 18, 15-20)
Jésus disait à ses disciples : « Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à la communauté de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain. Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Encore une fois, je vous le dis : si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »

1ère lecture : Le prophète est responsable de ses frères (Ezéchiel 33, 7-9)
La parole du Seigneur me fut adressée : « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël. Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. Si je dis au méchant : ‘Tu vas mourir’, et que tu ne l’avertisses pas, si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise, lui, le méchant, mourra de son péché, mais à toi, je demanderai compte de son sang. Au contraire, si tu avertis le méchant d’abandonner sa conduite, et qu’il ne s’en détourne pas, lui mourra de son péché, mais toi, tu auras sauvé ta vie. »

Psaume 94, 1-2, 6-9

R/ Aujourd’hui, ne fermons pas notre coeur, mais écoutons la voix du Seigneur !

Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il conduit.

Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre coeur comme au désert,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »

2ème lecture : « Celui qui aime les autres accomplit la Loi » (Romains 13, 8-10)
Frères, ne gardez aucune dette envers personne, sauf la dette de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a parfaitement accompli la Loi. Ce que dit la Loi : Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas de vol, tu ne convoiteras rien ; ces commandements et tous les autres se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait rien de mal au prochain. Donc, l’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour.

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Commentaire du 4 septembre 2011 (52è) – 23e dimanche du temps ordinaire (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Si un de tes frères a commis le mal, prie et de l’abandonne pas

L’abbé Pierre Desroches

Mes amis, nous ne sommes pas très loin du fleuve comme vous le voyez. On aurait aimé pouvoir s’approcher de ce fleuve, mais aujourd’hui le vent nous empêche d’y être trop à proximité. Nous sommes dans un lieu qui s’appelle Cap Tourmente et je pense que le tourment se fait bien entendre. Vous avez sûrement vu au cours des dernières semaines des images de la Côte-de-Beaupré, parce que ce lieu se trouve sur la Côte-de-Beaupré. Le nom de Beaupré vient justement du fait qu’il y avait des prés qui étaient beaux et c’est pour cela que ce lieu a été ainsi baptisé par nos ancêtres. Aujourd’hui nous sommes invités à une Parole qui va aussi être une Parole de grand vent. La première est tirée d’Ézéchiel : «  Je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël. » Il y a plusieurs générations qui ont interprété de façon différente où « surveiller nos frères » peut nous faire prendre des attitudes assez différentes. Mais le Seigneur est assez clair dans ce qu’il dit à Ézéchiel. « Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. » Il y a comme une responsabilité qui est communiquée à notre ami Ézéchiel et, lorsqu’il entend une parole pour ses frères, il est appelé à aller la leur communiquer. « Si je dis au méchant <tu vas mourir>, et que tu ne l’avertisses pas, si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise, lui, le méchant mourra de son péché… » C’est intéressant pour moi pour ceci : ce n’est pas un appel au contrôle, ce n’est pas un appel à aller maîtriser, c’est un appel à aller communiquer et à se retirer de la présence, pour que le frère éclairé puisse décider et choisir s’il acceptera de recevoir ou non.

Et ce qu’il dit à notre ami Ézéchiel « si tu ne le fais pas je demanderai compte de son sang ». La responsabilité qu’on a ce n’est pas de vivre à la place des autres, mais c’est de partager les lumières qui nous sont confiées. Et il dit : « Si tu le fais, et au contraire si lui ne change pas, lui mourra de son péché mais toi, tu auras la vie sauve. » C’est comme si Dieu nous avisait que si nous n’assumons pas nos responsabilités, nous-mêmes nous allons être pris dans des tourments probablement aussi grands que ceux du Cap Tourmente aujourd’hui. Dans la lettre de Paul aux Romains, il nous invite à « n’avoir aucune dette envers personne, » donc, de bien donner, de bien partager avec nos frères ce que nous avons à leur partager. Il dit : « La seule dette que nous pouvons garder, c’est celle de l’amour mutuel ». Je pense que c’est une invitation à être vraiment ce que nous sommes, un don et non pas n’importe lequel don, non pas un don de jugement et de condamnation mais de nous rendre ce service de l’amour mutuel. Il y a un très beau sacrement dans l’Église qui est celui du mariage qui veut justement marquer, signifier, reconnaître cet amour de mutualité auquel deux personnes sont appelées à grandir. « Car  celui qui aime les autres a parfaitement accomplit la loi. » Paul passe son temps à nous libérer de la loi. Puis il donne un visage à la Loi que le judaïsme n’avait jamais été capable de donner, de rendre. Il la fonde dans l’amour même de Dieu, des rapports qui existent le Père et le Fils et le Saint Esprit. « L’amour ne fait rien de mal au prochain. Donc l’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour. »

Et dans l’évangile, tout chrétien est responsable de ses frères. Et c’est l’Évangile qui va nous parler, et nous dire : « Si un de tes frères a commis le mal ne l’abandonne pas à sa conduite mauvaise, ne le laisse pas s’égarer, va l’aviser, va lui parler. Mais si ton frère ne t’écoute pas, va avec un autre pour faire à deux ce service du ministère pour, non pas pour faire des reproches, mais pour éclairer, ouvrir les  yeux, nourrir la conscience, donner une parole, donner une écoute, recevoir du frère ce qu’il a lui-même à dire sur son agissement, de son comportement. Puis s’il refuse de vous écouter, dis-le à l’Église qui, par son autorité, pourra l’interpeler pour qu’il passe de la mort à la vie. Et tout ce que vous aurez lié sur la terre – cette belle Parole de lier et de délier – c’est une vocation extraordinaire. L’Église a vocation d’alliance, de lier l’humanité avec Dieu, de délier l’humanité de ce qui est morbide, de ce qui est mortel. Alors, encore une fois, dans ce beau ministère qui est le tien, si le frère ne se transforme pas, que l’Église puisse prier pour ce frère, que l’Église puisse elle-même se dépouiller, qu’elle fasse ce ministère d’amour qui n’est pas un ministère de jugement ni de condamnation, mais un ministère de désir de salut. Nous sommes appelés et entraînés pour ce ministère. Que cette Parole aujourd’hui puisse nous donner le goût de pouvoir nous y engager.

Pendant que je vous parlais, probablement que vous entendu beaucoup de chants d’oiseaux, alors c’est le mien qui n’est pas très loin qui entend ma voix mais qui ne me voit pas. Son nom est « Deo gracias » ce qui veut dire : nous « rendons grâce à Dieu. » Je vous souhaite de rendre grâce à Dieu tout au long de la semaine par des cris inexprimables comme il vient de nous le faire. Bonne semaine mes amis !

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