Commentaire du 27 février 2011 / Pierre Desroches (24e)

« Dieu ne nous oubliera jamais et nous ne sommes pas un accident / Tenter simplement de mériter la confiance de notre Dieu / Ne pas se soucier du jugement des autres sur nous, laissons Dieu le faire / L’argent ne donne pas la vie, c’est nous qui pouvons donner vie avec l’argent. »

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal
– Gino Fillion : composition, guitare, caméra et montage.

Textes liturgiques © AELF

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Évangile : Sermon sur la montagne. Confiance en Dieu notre Père (Matthieu 6, 24-34)
Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Aucun homme ne peut servir deux maîtres : ou bien il détestera l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent. C’est pourquoi je vous dis : Ne vous faites pas tant de souci pour votre vie, au sujet de la nourriture, ni pour votre corps, au sujet des vêtements. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que les vêtements ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils ne font pas de réserves dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? D’ailleurs, qui d’entre vous, à force de souci, peut prolonger tant soit peu son existence ? Et au sujet des vêtements, pourquoi se faire tant de souci ? Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’eux. Si Dieu habille ainsi l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ? Ne vous faites donc pas tant de souci ; ne dites pas : ‘Qu’allons-nous manger ?’ ou bien : ‘Qu’allons-nous boire ?’ ou encore : ‘Avec quoi nous habiller ?’ Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché. Ne vous faites pas tant de souci pour demain : demain se souciera de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. »

1ère lecture : Dieu ne peut pas oublier son peuple (Isaïe 49, 14-15)
Jérusalem disait : « Le Seigneur m’a abandonnée, le Seigneur m’a oubliée. »
Est-ce qu’une femme peut oublier son petit enfant, ne pas chérir le fils de ses entrailles ? Même si elle pouvait l’oublier, moi, je ne t’oublierai pas. – Parole du Seigneur tout-puissant.

Psaume 61, 2-3, 8, 9
R/ En Dieu seul, le repos de notre âme.

Je n’ai de repos qu’en Dieu seul,
mon salut vient de lui.
Lui seul est mon rocher, mon salut,
ma citadelle : je suis inébranlable.

Mon salut et ma gloire
se trouvent près de Dieu.
Chez Dieu, mon refuge,
mon rocher imprenable !

Comptez sur lui en tous temps,
vous, le peuple.
Devant lui épanchez votre coeur :
Dieu est pour nous un refuge.

2ème lecture : C’est Dieu qui juge : ne jugez pas (1 Corinthiens 4, 1-5)
Frères, il faut que l’on nous regarde seulement comme les serviteurs du Christ et les intendants des mystères de Dieu. Et ce que l’on demande aux intendants, c’est en somme de mériter confiance. Pour ma part, je me soucie fort peu de votre jugement sur moi, ou de celui que prononceraient les hommes ; d’ailleurs, je ne me juge même pas moi-même. Ma conscience ne me reproche rien, mais ce n’est pas pour cela que je suis juste : celui qui me juge, c’est le Seigneur. Alors, ne portez pas de jugement prématuré, mais attendez la venue du Seigneur, car il mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et il fera paraître les intentions secrètes. Alors, la louange qui revient à chacun lui sera donnée par Dieu.

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Commentaire du 27 février 2011 (24e) – 8e dimanche du Temps Ordinaire (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

La réalité de notre personne est un souci constant pour Dieu

L’abbé Pierre Desroches

Bonjour et bienvenue ! Aujourd’hui on va débuter avec une Parole qui nous exprime un sentiment qui est très répandu, que j’ai beaucoup entendu dans mes propres relations, dans mes rencontres, et que j’ai moi-même éprouvée très souvent. « Le Seigneur m’a abandonné, le Seigneur m’a oublié ». Comme on a souvent l’impression qu’on est tout seul et que toutes les prières qu’on peut avoir faites, toutes les demandes, tous les désirs qui nous ont habités, toutes les attentes qu’on a eues du Seigneur, nous restent insatisfaits. Et là cette Parole qui nous vient du Livre d’Isaïe nous présente une très belle image que va prendre le prophète qui va dire : « Est-ce qu’une femme peut oublier son petit enfant ? » C’est sûr qu’on va dire : « Bien non ». C’est bien sûr qu’une femme ne peut pas oublier son enfant, et que tout son désir est le bonheur de cet enfant. Une femme ne peut pas oublier cela, mais le prophète a tout de même une sagesse : « Même si une femme pouvait oublier son enfant, Dieu, Lui, ne t’oubliera jamais ». C’est dire que, pour Dieu, on n’est pas un accident; comment notre réalité d’être et de personne est un souci constant, une vigilance constante de ce Dieu. C’est une Parole du Dieu tout-puissant. Moi, je n’en doute pas et je ne peux pas dire que j’ai senti dans ma vie d’en avoir vraiment douté même si dans ma vie je peux m’avoir senti abandonné, je peux m’être senti oublié, mais je ne peux pas dire que j’ai pu douter de la présence ou de la vigilance de Dieu, mais que j’avais à me tourner, que j’avais à m’approcher de Lui.

Dans la deuxième lecture, c’est une autre réalité qui souvent nous paralyse. J’aime bien entendre Paul nous dire : « Frères, il faut qu’on nous regarde seulement comme les serviteurs du Christ et les intendants du mystère de Dieu ». Le premier niveau de regard sur lequel il faut qu’on nous regarde, ce n’est pas comme des êtres qui sont d’abord les premiers responsables, on est juste les intendants. On n’est pas là pour nous-mêmes, on n’est pas là en notre propre nom. On est là comme intendants de Dieu, « c’est en somme, de mériter la confiance de ce Dieu et c’est tout ce qu’on demande à des intendants », de mériter la confiance de celui qui lui fait confiance et qui lui confie ses biens. « Et pour ma part, je me soucie fort peu de votre jugement sur moi ». Je ne sais pas s’il y en a beaucoup d’entre nous qui sont capables de reprendre cette phrase de saint Paul. On peut se regarder aller des fois dans une journée, une semaine, on peut se regarder aller au travail, dans la famille, auprès des amis : est-ce qu’on est en pleine liberté ou est-ce qu’on essaie de satisfaire ou de répondre à ce qui ferait que les autres auraient un très bon regard positif sur nous ?  Paul est complètement déroutant. Il dit aux gens de sa communauté : votre jugement, il m’importe très peu, ce n’est pas lui du tout qui va me faire agir. Il va même dire : « Je ne me juge pas moi-même ». Le seul jugement qui m’importe, c’est celui que Dieu va accomplir sur moi. « Ma conscience ne me reproche rien ». Vous avez peut-être toutes sortes de reproches à me dire, toutes sortes de murmures à dire, vous avez peut-être à contester tous les enseignements que je vous fais, mais moi, ma conscience elle est claire et je le laisse, Lui, me juger. Si je me suis trompé, connaissant sa bienveillance, je sais très bien que je serai pardonné.

« Ne portez pas de jugement prématuré ». Comme vous le voyez, Paul n’est pas en train de se défendre, il est en train d’inviter sa communauté à ne pas porter ces jugements rapides les uns sur les autres. « Attendez la venue du Seigneur ». C’est de là que va venir le bon jugement. Je dis souvent ceci : « Je n’ai absolument pas peur du jugement dernier. Ceux qui me dérangent, ce sont tous ceux qui précèdent », parce que le jugement dernier je sais très bien par qui il va être fait. Je n’ai pas d’inquiétude par rapport à ce jugement-là.  Mais souvent les autres viennent contrecarrer mes projets ou viennent profondément alourdir l’exercice de mon quotidien, mais je fais quand même confiance que  j’ai à entendre, à accueillir, à percevoir, à laisser la Parole de Dieu et ma relation avec Dieu, éclairer toute cette réalité.

Et dans l’Évangile, on nous dit « qu’on ne peut pas servir deux maîtres ». C’est une très belle image dans le fond, de qui est difficile pour chacun de nous d’éviter; c’est d’être divisé, entre l’argent qui est une symbolique des biens de ce monde, et Dieu. Et c’est comme si ces deux réalités ne sont pas toujours en en train de concourir au même salut. Comme curé de paroisse, je ne sais plus depuis combien d’années je le suis, on éprouve beaucoup le manque d’argent. On pourrait s’asseoir parfois et se demander si on augmente tel service, si on augmente tel autre, et essayer de trouver la solution par les impôts qu’on pourrait faire par rapport à ceux qui nous font confiance et qui viennent nous voir. De compter sur Dieu, ça peut être très fatigant et très dérangeant, mais je pense que ce qui m’aide à dormir beaucoup… (je regardais dernièrement dans une de mes communautés qui a à dépenser au-delà de quarante mille dollars pour le chauffage et que dans les quêtes de l’année on a à peu près vingt-cinq mille, on voit si on fait un calcul rapide qu’on est déjà en manque)…

Est-ce qu’on croit que  l’avenir de l’Église dépend d’abord de sa santé financière ou qu’elle dépend d’abord de sa relation avec le Christ ? L’argent, c’est une réalité nécessaire, tout le monde en convient, mais l’argent ne donne pas la vie. Comme je le dis souvent, c’est nous qui pouvons donner vie à l’argent. Parfois, de rencontrer des gens qui vont dire : « Père j’ai un ami qui est décédé et qui est sans famille, on ne trouve pas de sous pour les funérailles ». Je pense qu’il y a là un appel à partir de Dieu qui est capable de célébrer sans la ressource des sous, qui va célébrer d’abord avec son cœur. Et que s’il y a des transformations à amener dans nos communautés, s’il y a des transformations à apporter pour ajuster la réalité de notre communauté à la réalité du monde dans laquelle elle a à témoigner, c’est en s’appuyant d’abord  sur cette relation et sur la présence avec Dieu. Je pense que lorsque l’Évangile nous invite à ne pas servir deux maîtres, c’est qu’il nous invite à nous éclairer d’abord à la bonne source. « Ne vous faites pas tant de souci pour demain, demain se souciera de lui-même; à chaque jour suffit sa peine ». J’essaie de l’expérimenter depuis plusieurs années et je peux dire que je crois que cette Parole, elle est vraie, parce que Celui qui vient toujours nous ouvrir des chemins inattendus dans l’impossible, c’est Celui qui nous visite en Jésus Christ et dont la Parole est éternelle, et qui est avec nous jusqu’à la fin des jours. Je vous souhaite de pouvoir entrer dans cette unité et dans cette confiance, et de vivre en toute harmonie les événements qui vous sont présentés jour après jour, et entrer dans sa volonté pour y connaître la joie, la paix. Bonne semaine à tous !

Évangile : Matthieu 6, 24-34

1ère lecture : Isaïe 49, 14-15

Psaume 61, 2-3, 8-9

2ème lecture : 1 Corinthiens 4, 1-5

 

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1 commentaire

  1. Michel dit :

    Une amie à moi a dit:Un site magnifique, cher Michel, et qui apparemment – comme annoncé – promet d’autres richesses. Jusqu’à présent, j’ai apprécié les homélies et réflexions du Père Pierre Desroches, que tu nous as fait connaître sur notre site ; ainsi que les compositions méditatives de Gino Fillion.

    Le titre du site est particulièrement bien choisi, pour un organisme de charité. Puisse un tel feu se propager rapidement, assurément.

    Merci…

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