Commentaire du 26 septembre 2010 / Pierre Desroches (2e)

Transcription du commentaire au bas de la page.

Réflexion hebdomadaire sur les textes bibliques de la messe de chaque semaine par l’abbé Pierre Desroches, prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Guitare, enregistrement et réalisation par Gino Fillion de l’organisme Qéhélata.

Textes liturgiques © AELF

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Évangile du 26è dimanche du temps ordinaire : Parabole du riche et du mendiant Lazare (Luc 16, 19-31)

Jésus disait cette parabole : « Il y avait un homme riche, qui portait des vêtements de luxe et faisait chaque jour des festins somptueux. Un pauvre, nommé Lazare, était couché devant le portail, couvert de plaies. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais c’étaient plutôt les chiens qui venaient lécher ses plaies. Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; il leva les yeux et vit de loin Abraham avec Lazare tout près de lui.
Alors il cria : ‘Abraham, mon père, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper dans l’eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise.
– Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : Tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur. Maintenant il trouve ici la consolation, et toi, c’est ton tour de souffrir. De plus, un grand abîme a été mis entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient aller vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne vienne pas vers nous.’ Le riche répliqua : ‘Eh bien! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. J’ai cinq frères : qu’il les avertisse pour qu’ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de torture ! » Abraham lui dit : ‘Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent !

1ère lecture : Contre le gaspillage insolent des riches (Amos 6, 1a.4-7)

Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Jérusalem, et à ceux qui se croient en sécurité sur la montagne de Samarie. Couchés sur des lits d’ivoire, vautrés sur leurs divans, ils mangent les meilleurs agneaux du troupeau, les veaux les plus tendres ; ils improvisent au son de la harpe, ils inventent, comme David, des instruments de musique ; ils boivent le vin à même les amphores, ils se frottent avec des parfums de luxe, mais ils ne se tourmentent guère du désastre d’Israël ! C’est pourquoi maintenant ils vont être déportés, ils seront les premiers des déportés ; et la bande des vautrés n’existera plus.

2ème lecture : Vivre la foi au Christ (1 Timothée 6, 11-16)

Toi, l’homme de Dieu, cherche à être juste et religieux, vis dans la foi et l’amour, la persévérance et la douceur. Continue à bien te battre pour la foi, et tu obtiendras la vie éternelle ; c’est à elle que tu as été appelé, c’est pour elle que tu as été capable d’une si belle affirmation de ta foi devant de nombreux témoins. Et maintenant, en présence de Dieu qui donne vie à toutes choses, et en présence du Christ Jésus qui a témoigné devant Ponce Pilate par une si belle affirmation, voici ce que je t’ordonne : garde le commandement du Seigneur, en demeurant irréprochable et droit jusqu’au moment où se manifestera notre Seigneur Jésus Christ. Celui qui fera paraître le Christ au temps fixé, c’est le Souverain unique et bienheureux, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, le seul qui possède l’immortalité, lui qui habite la lumière inaccessible, lui que personne n’a jamais vu, et que personne ne peut voir. A lui, honneur et puissance éternelle. Amen.

Psaume : Ps 145, 5a.6c.7ab, 7c-8, 9-10a

R/ Chantons le Seigneur : il comble les pauvres !

Heureux qui s’appuie sur le Seigneur son Dieu ;
il garde à jamais sa fidélité,
il fait justice aux opprimés,
aux affamés, il donne le pain.

Le Seigneur délie les enchaînés,
le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes.

Le Seigneur protège l’étranger,
il soutient la veuve et l’orphelin,
il égare les pas du méchant.
D’âge en âge, le Seigneur régnera !

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Commentaire du 26 septembre 2010 (2e) –  26e dimanche du Temps Ordinaire (Année C)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q. 

Savons-nous reconnaître quand le pauvre Lazare nous est envoyé ? 

L’abbé Pierre Desroches

Bonjour amis internautes ! Cette semaine on se retrouve à nouveau avec notre ami Amos qui a toujours des paroles assez virulentes. Je vais vous en lire un extrait parce qu’elle est assez forte : « Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Jérusalem et de ceux qui se croient en sécurité sur la montagne de Samarie ». La sécurité et la tranquillité ce sont des choses qu’on connaît bien et qu’on désire. Mais est-ce que cette sécurité et cette tranquillité nous coupent de ceux qui sont dans une autre réalité que la nôtre, que cette réalité qui est autre que l’abondance ? Il parle de cette abondance : « Couchés sur des lits d’ivoire, vautrés sur leurs divans, ils mangent les meilleurs agneaux du troupeau, les veaux les plus tendres, ils improvisent au son de la harpe, ils inventent comme David des instruments de musique, boivent le vin à même les amphores. Ils se frottent avec des parfums de luxe mais ils ne se tourmentent guère du désastre d’Israël ». C’est comme si cette réalité qui se désorganise, c’est comme si leur abondance les rend peu soucieux de ce qu’il advient. Et là, Amos va annoncer quelque chose qui va être pour Israël une expérience d’une grande difficulté. Il va annoncer : « C’est pourquoi maintenant ils vont être déportés », alors le déportement. « Ils seront les premiers déportés » et il conclut avec « la bande des vautrés n’existera plus ». On ne peut pas dire qu’il a un langage correct, « politically correct » comme on dit, mais cette Parole est considérée comme une Parole de Dieu.

On ne connaît pas tellement la déportation, mais des fois comme chrétien, j’ai l’impression d’avoir été déporté sur ma propre terre. Je n’ai pas eu besoin de changer de place, on a tout simplement fait que cette terre n’est plus la terre que j’ai connue quand j’étais plus jeune, quand j’étais adolescent. La richesse, en soi, n’est jamais un problème. La richesse ce sont les biens abondants que Dieu nous a confiés. Qu’est-ce qu’on fait et quel genre d’êtres nous devenons dans notre rapport avec tous ces biens et toute cette abondance.

Notre ami Paul, dans sa lecture, va nous inviter à être des hommes justes et religieux et de persévérer dans la douceur. « Continue à bien te battre pour la foi ». C’est intéressant d’associer la foi à la lutte. Il y a un combat. Plus loin, il va nous parler « d’être des témoins » parce «  que c’est pour elle que tu as été capable d’une si belle affirmation  de ta foi devant de nombreux témoins ». Alors, mes amis, est-ce que notre foi est privée ou publique ? Est-ce qu’on s’autorise à  signifier  le trésor qu’on porte ? La foi ce n’est pas d’abord quelque chose qu’on a appris dans des livres, la foi ce ne sont pas des connaissances, ce n’est pas une réalité qui se transmet par la tête, c’est d’abord une relation avec Quelqu’un. Ce quelqu’un pour nous, c’est Jésus Christ. Et Jésus Christ a vaincu la mort. Est-ce que nous avons fait cette expérience que la mort est vaincue, que les ténèbres dans notre vie sont vaincues ? Est-ce qu’on est capable de témoigner de comment elles ont été vécues, et comment on est passé d’une vie triste à une réalité d’être illuminés ? On a souvent peur d’être rejetés, d’être condamnés, d’être jugés, et on préfère la taire. Or la taire, c’est comme la faire disparaître. Lorsque la foi n’agit plus dans le monde, le monde devient  beaucoup moins accueillant, le monde devient plus dur. Il n’y a plus de cette douceur dont va parler Paul dans cette lettre. Ceux qui sont dans les ténèbres, ceux qui sont opprimés, oppressés, ils n’entendent plus aucune interpellation, on ne leur indique plus aucun chemin pour qu’ils puissent arriver à des ports qui sont différents. Et c’est notre responsabilité.

Dans l’Évangile qui est assez bien connu, c’est la parabole de Lazare. Lazare est à la porte du riche qui, justement, mange avec abondance, lui est à son portail. Mais notre ami le riche, il ne le voit pas parce qu’il fait la fête, il fait bombance tous les jours. Et voilà que les deux meurent. Le premier, le riche, est enseveli et le deuxième est porté au ciel par les anges. On peut dire qu’il est bien chanceux, mais c’est une belle matière dont use la parabole pour nous dire que personne s’en occupe, car c’est Dieu lui-même va devoir le prendre en charge. Il n’a pas les moyens d’être enseveli et sa mort n’est pas un événement pour personne. Puis, de l’autre côté, notre ami le riche se met à le voir de loin. Il ne le voyait pas de proche mais là il est rendu qu’il le voit de loin. Il fait une demande au Seigneur et lui dit : « Envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour rafraichir ma langue car je suis dans une fournaise. J’ai chaud, je suis asséché ». Et c’est  intéressant de voir le riche qui commence à devenir pauvre,  parce qu’il ne demande plus des litres et des litres d’eau, mais juste une goutte pour rafraîchir sa langue. On parle souvent des langues de bois. Lui avait une langue sèche, et on sait que pour peuple d’Israël, la Parole, c’est le grand trésor. Et quand ta langue est sèche tu n’es plus capable de proclamer la parole. Alors il veut faire rafraîchir sa langue, comme un début de conversion. Mais le Seigneur lui dit que cela n’est pas possible car il y a un grand fossé entre lui et Lazare et il ne peut pas le traverser.

Cette réalité qui est évoquée, de ce fossé qui existe entre riches et pauvres et qu’on ne voit comment le pauvre peut venir rafraîchir nos langues, venir nous porter des gouttes d’eau. On reste éloignés. Alors, le riche fait une autre demande, il demande « que Lazare soit envoyé chez ses frères pour qu’ils ne viennent pas à la même place que lui ». On lui répond : « qu’ils ont les prophètes et s’ils n’écoutent pas les prophètes, ils n’écouteront pas plus Lazare ». C’est intéressant de voir que ce pauvre commence à avoir le souci des autres, le souci de ses proches et qu’une de ses prières, c’est la deuxième fois qu’il la signifie. « Envoie Lazare ». Et on lui dit que « ce n’est pas possible ». Il répond : « Oui mais s’il y a quelqu’un de chez les morts qui vient,  ils vont se convertir ». Et on répond dans la Parabole : « Même si quelqu’un parmi les morts ressuscite, ils ne seront pas convaincus ». Mais ce qui est fort dans cette parabole, c’est cette prière où, par trois fois, le riche va demander qu’on envoie Lazare. Sommes-nous conscients que Lazare est envoyé, qu’il est peut-être tout près de nous, tout près de notre portail, mais on est trop coupé, nous sommes trop dans l’abondance pour le voir et nous laisser nous rafraîchir ? Que cette Parole puisse vous inspirer pour vivre une bonne semaine et commencer à ouvrir les yeux.

Évangile : Luc 16, 19-31

1ère lecture : Amos 6, 1a.4-7

Psaume 145, 5-10

2e lecture : 1 Timothée 6, 11-16

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