Commentaire du 21 juillet 2013 / Pierre Desroches (139e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses Saint-Pierre Claver, Saint-Stanislas de Kostka et de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End à Montréal (Québec). Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : caméra et montage visuel.

« La réalité de la foi chrétienne est que Dieu est relation / Une hospitalité qui débouchera à une descendance / Rien de notre vie n’échappe à Dieu / La mission maternelle de Paul : prendre soin du peuple de Dieu / Marthe doit aussi entrer dans l’intimité du Christ comme l’a fait Marie. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

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Évangile : Marthe et Marie accueillent Jésus chez elles (Luc 10, 38-42)
Alors qu’il était en route avec ses disciples, Jésus entra dans un village. Une femme appelée Marthe le reçut dans sa maison. Elle avait une sœur nommée Marie qui, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien ? Ma sœur me laisse seule à faire le service. Dis-lui donc de m’aider. » Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée. » 

1ère lecture : Abraham donne l’hospitalité à Dieu, qui lui promet un fils (Genèse 18, 1-10a)
Aux chênes de Mambré, le Seigneur apparut à Abraham, qui était assis à l’entrée de la tente. C’était l’heure la plus chaude du jour. Abraham leva les yeux, et il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui. Aussitôt, il courut à leur rencontre, se prosterna jusqu’à terre et dit: « Seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur. On va vous apporter un peu d’eau, vous vous laverez les pieds, et vous vous étendrez sous cet arbre. Je vais chercher du pain, et vous reprendrez des forces avant d’aller plus loin, puisque vous êtes passés près de votre serviteur ! » Ils répondirent : « C’est bien. Fais ce que tu as dit. » Abraham se hâta d’aller trouver Sara dans sa tente, et il lui dit : « Prends vite trois grandes mesures de farine, pétris la pâte et fais des galettes. » Puis Abraham courut au troupeau, il prit un veau gras et tendre, et le donna à un serviteur, qui se hâta de le préparer. Il prit du fromage blanc, du lait, le veau qu’on avait apprêté, et les déposa devant eux ; il se tenait debout près d’eux, sous l’arbre, pendant qu’ils mangeaient. Ils lui demandèrent : « Où est Sara, ta femme ? » Il répondit : « Elle est à l’intérieur de la tente. » Le voyageur reprit : « Je reviendrai chez toi dans un an, et à ce moment-là, Sara, ta femme, aura un fils. »

Psaume 14, 1-5

R/ Tu es proche, Seigneur : fais-nous vivre avec toi.

Seigneur, qui séjournera sous ta tente ?
Celui qui se conduit parfaitement,
qui agit avec justice
et dit la vérité selon son cœur.

Il ne fait pas de tort à son frère
et n’outrage pas son prochain.
À ses yeux, le réprouvé est méprisable
mais il honore les fidèles du Seigneur.

Il prête son argent sans intérêt,
n’accepte rien qui nuise à l’innocent.
L’homme qui fait ainsi
demeure inébranlable.

2ème lecture : Le mystère du Christ s’accomplit dans la vie de l’Apôtre (Colossiens 1, 24-28)Frère, je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous, car ce qu’il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l’accomplis dans ma propre chair, pour son corps qui est l’Église. De cette Église, je suis devenu ministre, et la charge que Dieu m’a confiée, c’est d’accomplir pour vous sa parole, le mystère qui était caché depuis toujours à toutes les générations, mais qui maintenant a été manifesté aux membres de son peuple saint. Car Dieu a bien voulu leur faire connaître en quoi consiste, au milieu des nations païennes, la gloire sans prix de ce mystère : le Christ est au milieu de vous, lui, l’espérance de la gloire ! Ce Christ, nous l’annonçons : nous avertissons tout homme, nous instruisons tout homme avec sagesse, afin d’amener tout homme à sa perfection dans le Christ.

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Commentaire du 21 juillet 2013 (154e) – 16e dimanche du temps ordinaire (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

L’hospitalité d’Abraham, de Marthe et de Marie

L’abbé Pierre Desroches

Alors mes amis, on est dans un endroit splendide, toujours à Montréal, toujours une propriété de l’Oratoire St-Joseph. On est dans la section du Chemin de croix et cette section est dans le jardin. Je suis actuellement assis devant un chêne que vous avez vu, et que je vois toujours et qui m’a fait signe puisque la première Parole de ce dimanche va être la Parole de notre ami Abraham qui est au chêne Mambré, une Parole qui est toujours très attachante, qui est très affective. Il voit trois personnes, c’est l’heure la plus chaude du jour. Une heure souvent, dans les pays tropicaux comme ceux-là, très chauds, on se cache, on se retire du soleil. Et il voit quand il lève les yeux, trois hommes. Il va courir auprès d’eux et va leur adresser cette parole : « Seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur. » Déjà, cette réalité de la foi chrétienne que Dieu est relation, que Dieu est communion, que Dieu est un dans la différence – on le voit déjà présent à ce chêne -, et ce que demande notre ami Abraham c’est qu’il s’arrête. C’est une prière que j’aime aussi faire dans ma vie que de demander à Dieu de s‘arrêter dans mon histoire, de s’arrêter dans ma vie. Il leur demande de demeurer chez lui. On croirait déjà qu’il y a un embryon de gens qui nous parlent beaucoup de la demeure et «  si j’ai trouvé grâce, arrête-toi chez moi. On va vous apporter un peu d’eau, vous vous laverez les pieds, et vous vous étendrez sous cet arbre. » Il donne tous les rites, le service de  l’hospitalité. Il veut bien prendre soin de son monde. C’est un bon curé, il prend soin de sa cure. « Je vais chercher du pain, et vous reprendrez des forces avant d’aller plus loin, puisque vous êtes passés près de votre serviteur. » Notre ami Abraham se présente non pas comme le riche propriétaire mais comme le serviteur de cette présence qui daigne s’arrêter chez lui !

Alors on lui dit : « C’est très bien. Fais ce que tu dis. » C’est très beau de voir ces trois seigneurs ou ce seigneur lui répondre non pas : ‘Nous n’avons besoin de rien’, mais « fais ce que tu dis », et qui accueille cette offrande, accueille ce don, cette hospitalité que notre ami Abraham leur propose. Alors, avec hâte, comme on va le voir un autre jour, non pas cette fois-ci à travers un homme mais à travers une femme qui va partir en hâte vers la maison de Zacharie, chez Élisabeth – dans le cadre de la fête de la visitation -, alors avec hâte, il entre sous sa tente et va trouver Sara : « Prends vite trois grandes mesures de farine, pétris la pâte et fais des galettes. » Il va dans son troupeau, « il prit un veau gras et tendre, et le donna à un serviteur », et prépare tout ce qu’il faut pour bien recevoir les visiteurs. Et on lui demande : « Où est, ta femme ?» Il répondit : « Elle est à l’intérieur de la tente. » Le voyageur reprit : « Je reviendrai chez toi dans un an, et à ce moment-là, Sara, ta femme, aura un fils. » Cette hospitalité, cette reconnaissance, Dieu veut nous donner une descendance. Et cette descendance ne viendra pas d’abord d’Abraham puisque sa femme est stérile, mais elle va venir de l’être même de Dieu, je dirais, de la fécondité de Dieu. C’est une belle parole qui nous met en marche dans l’espérance que tout ce qui nous échappe n’échappe pas à Dieu lorsqu’on accepte de le recevoir chez soi, de le recevoir en soi, de le recevoir dans sa demeure et de lui offrir ce qu’on a de meilleur.

Dans la deuxième lecture, je dirais que c’est presque un texte de maternité : «  Frères, je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous, car ce qu’il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l’accomplis dans ma propre chair, pour son corps qui est l’Église. » On pourrait dire que les apôtres ont une mission maternelle et on a l’impression qu’on est au moment de l’accouchement puisqu’il nous parle des douleurs qui sont dans sa chair et qu’il reçoit avec joie. Il y a comme un contraste, douleur et joie, « mais la joie, je l’accomplis pour vous dans ma propre chair pour son Corps qui est l’Église. Je suis ministre de cette Église, c’est la charge que Dieu m’a confiée »,  prendre soin de vous, prendre soin de votre croissance dans le Christ. « C’est d’accomplir pour vous sa parole, le mystère qui était caché depuis toujours à toutes les générations, » et accomplir la Parole du Christ c’est d’accomplir cette Parole qui fait que la mort est vaincue. Ce qui fait que ce qui est premier, c’est la résurrection, ce qui est dernier, c’est la mort. Et cette Parole qui est capable de dominer ce qui souvent va dominer la pauvre existence des humains qui n’ont pas encore découvert la foi et qui vont vivre dans la peur, dans l’angoisse, les inquiétudes en essayant de faire leur propre salut plutôt que de recevoir ce salut qui est déjà accompli pour chacun de nous dans le Christ.

L’Évangile est un Évangile que je connais très bien qui est celui de Marthe et de Marie. On a beaucoup écrit sur cet Évangile, mais je vais souligner un ou deux versets plus particuliers. Marie qui écoute la Parole de Jésus à ses pieds. C’est presqu’une image car si je veux être aux pieds de Jésus, de ce Jésus qui est derrière moi, vous comprendrez qu’il ne faut pas que je sois trop debout, il faut que je sois assis parce qu’il est en croix. Accueillir la Parole du Christ lorsqu’il est en croix ce sont deux moments bien différents. L’accueillir lorsqu’il est au milieu du peuple, l’accueillir lorsqu’il est en train de clore le bec des pharisiens c’est une chose, mais d’accueillir sa Parole quand il ne parle plus et qu’il est crucifié et que tout son être est Parole, Parole tournée vers Dieu et Parole tournée vers le monde. Je dirais, ‘corps de miséricorde’ qui se livre et qui se donne, je dirais presque, qui se décompose pour que puisse surgir le Corps mystique, Celui qui est appelé à devenir présent dans tout son Peuple, dans cette Église qui est en train de naître.

Marie est assise à ses pieds et voilà que s’agite Marthe et qui demande au Seigneur    « Tu ne dis pas à ma sœur de m’aider. » C’est comme si elle voulait séparer cette intimité. C’est comme si Marthe ne sait pas quelle place prendre dans cette intimité. Pourtant, elle a une très belle place, celle de préparer le repas, mais on sait très bien que c’est Lui le repas, c’est Lui la vraie nourriture. Elle veut couper cette communion alors qu’elle est appelée elle aussi dans sa façon de préparer le repas, d’habiter cette communion, d’être aussi dans cette intimité. Jésus va lui répondre : « tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses et même pour très peu de  choses. Marie a choisi la seule qui est nécessaire : elle ne lui sera pas enlevée. » Il est plus nécessaire d’être nourri par le Corps du Christ que de s’agiter pour essayer de produire un pain qui ne nourrira que le corps, mais que s’il est produit dans l’amour il va aussi, ce pain d’amour traduit sur la table, nourrir non simplement les convives dans leur être de chair mais dans leur esprit parce que nous sommes toujours appelés à faire de nos tables, la table du Christ. Bonne semaine et j’espère que ce repas d’aujourd’hui se prendra avec Lui.

Évangile : Luc 10, 38-42

1ère lecture : Genèse 18, 1-10a

Psaume 14, 1-5

2e lecture : Colossiens 1, 24-28

 

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