Commentaire du 2 septembre 2012 / Pierre Desroches (107e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page (à venir).

« Les commandements : des lois dans la logique de Dieu et non celle des hommes / L’expérience d’un ami de Pierre : Jean-Eudes, non pas un paralytique mais une lumière / Personne ne peut se substituer à nous dans notre relation avec Dieu / Ne pas nier l’importance de notre vie intérieure. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=02/09/2012

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Évangile : Loi divine et traditions humaines (Marc 7, 1-8.14-15.21-23)
Les pharisiens et quelques scribes étaient venus de Jérusalem. Ils se réunissent autour de Jésus, et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. – Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, fidèles à la tradition des anciens ; et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de cruches et de plats. – Alors les pharisiens et les scribes demandent à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas sans s’être lavé les mains. » Jésus leur répond : « Isaïe a fait une bonne prophétie sur vous, hypocrites, dans ce passage de l’Écriture : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. Il est inutile, le culte qu’ils me rendent ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. » Puis Jésus appela de nouveau la foule et lui dit : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui pénètre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. » Il disait encore à ses disciples, à l’écart de la foule : « C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. » 

1ère lecture : Valeur incomparable de la loi du Seigneur (Deutéronome 4, 1-2.6-8)
Moïse disait au peuple : « Maintenant, Israël, écoute les commandements et les décrets que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique. Ainsi vous vivrez, et vous entrerez en possession du pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères. Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne, et vous n’y enlèverez rien, mais vous garderez les ordres du Seigneur votre Dieu tels que je vous les prescris. Vous les garderez, vous les mettrez en pratique ; ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples. Quand ceux-ci entendront parler de tous ces commandements, ils s’écrieront : ‘Il n’y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation !’ Quelle est en effet la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ? Et quelle est la grande nation dont les commandements et les décrets soient aussi justes que toute cette Loi que je vous présente aujourd’hui ? » 

Psaume 14, 1-5

R/ Tu es proche, Seigneur ; fais-nous vivre avec toi.

Seigneur, qui séjournera sous ta tente ?
Celui qui se conduit parfaitement,
qui agit avec justice
et dit la vérité selon son cœur.

Il ne fait pas de tort à son frère
et n’outrage pas son prochain.
À ses yeux, le réprouvé est méprisable
mais il honore les fidèles du Seigneur.

Il prête son argent sans intérêt,
n’accepte rien qui nuise à l’innocent.
L’homme qui fait ainsi
demeure inébranlable. 

2ème lecture : La parole de Dieu, semence de la vie chrétienne (Jacques 1, 17-18.21b-22.27)
Frères bien-aimés, les dons les meilleurs, les présents merveilleux, viennent d’en haut, ils descendent tous d’auprès du Père de toutes les lumières, lui qui n’est pas, comme les astres, sujet au mouvement périodique ni aux éclipses passagères. Il a voulu nous donner la vie par sa parole de vérité, pour faire de nous les premiers appelés de toutes ses créatures. Accueillez donc humblement la parole de Dieu semée en vous ; elle est capable de vous sauver. Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. Devant Dieu notre Père, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion, c’est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leur malheur, et de se garder propre au milieu du monde.

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Commentaire du 2 septembre 2012 (107e) – 22e semaine du Temps Ordinaire (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Les pharisiens et les traditions invoquées pour servir leurs propres intérêts

L’abbé Pierre Desroches                          

Heureux de me retrouver avec vous, toujours dans ce site enchanteur. Aujourd’hui on est avec Moïse, le législateur qui invite le peuple d’Israël à entendre, à écouter les commandements et les décrets qu’il enseigne pour les mettre en pratique, ceux qu’il a reçus de Dieu. « Ainsi vous vivrez, et vous entrerez en possession du pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères. » C’est comme si ce  pays n’était pas d’abord un lieu géographique, il est plus  un espace relationnel, il est plus une façon d’être dans un lieu précis qui va trouver ses lois, non pas dans la logique de l’homme mais dans la logique de Dieu. C’est ce que cette loi veut nous communiquer comme lumière. J’aime beaucoup quand il dit : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne, et vous n’y enlèverez rien.» On a toujours tendance à vouloir à vouloir en mettre plus, mais c’est intéressant de dire : « non, vous n’ajouterez rien, mais vous ne retrancherez rien. » Vous suivez tels que je vous les ai prescrits. C’est assez difficile d’accepter de suivre de cette manière même une Parole de Dieu qui vient de nous être transmise par un humain. « Vous les garderez, vous les mettrez en pratique, ils seront votre sagesse et tous les peuples des alentours diront : « D’où vient cette sagesse de ce peuple ? » 

Je suis en train présentement de faire la relecture autobiographique d’un de mes amis   qui est mort il n’y a pas très longtemps à l’âge de 65 ans et Jean-Eudes était atteint de paralysie cérébrale et c’est extraordinaire de suivre tout son parcours à partir de l’enfance dans son milieu familial qui est un milieu rural qui avait toutes les caractéristiques de ma propre famille parce que j’ai à peu près le même âge que mon ami Jean-Eudes, moi c’est à Montréal, lui c’est à Nicolet et de voir qu’il avait toute une sagesse, une manière d’être, une manière de faire. On peut très bien voir les fruits qui ont été portés par cet homme qui avait de grandes capacités, même s’il était non-verbal, qu’il ne pouvait pas marcher et à travers son quotidien comment il a pu découvrir Dieu, devenir un témoin de Dieu  extraordinaire, comment il était en relation avec une  multitude de personnes parce qu’il a suivi un appel, il s’est mis debout. Et ici, c’est un peu ce que nous dit cette Parole : « Quelle est en effet la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ? »  Et on voit comment ça été pour Jean-Eudes dans sa vie cette présence, cette proximité de Dieu dans son histoire, comment ça fait de lui, non pas un paralytique, mais une lumière au milieu les nations.

Dans la deuxième lecture, c’est un texte de Jacques qui nous dit que la Parole de Dieu est « semence de la vie chrétienne. » C’est intéressant parce qu’on passe d’un décret à une autre dynamique, une autre dimension : La Parole. On n’est plus devant une législation, on est devant un interlocuteur, on est devant quelqu’un qui nous parle, non plus à travers un autre, mais à travers sa propre Parole, ce qui est l’expérience typiquement chrétienne. La Parole de Dieu, on est appelé l’interpréter avec notre cœur, avec notre intelligence, avec tout ce qui nous est transmis pour découvrir qu’à l’intérieur de nous ce n’est pas le vide mais c’est une omniprésence et lorsqu’on apprend à les habiter soi-même on devient capable d’habiter le monde et d’habiter les relations avec les proches. Cette deuxième Parole va nous parler beaucoup de la grandeur de notre réalité chrétienne qui ne fait jamais abstraction que nous sommes un sujet appelé à rencontrer un autre Sujet qui est Dieu lui-même et que personne ne peut se substituer à nous. Nous avons à faire cette démarche et nous l’approprier d’une  façon à la fois personnelle et communautaire.

Puis l’Évangile va reprendre la loi divine et les traditions humaines. Les Juifs ne comprennent pas, ils sont à Jérusalem, et ils ne comprennent pas que les disciples de Jésus ne se lavent pas les mains avant le repas. Cette Parole-là ne veut pas nous dire qu’on doive garder les mains sales avant le repas, mais il faut comprendre que les notions d’hygiène de l’époque sont très différentes des nôtres et la science n’a pas encore découvert certaines réalités, mais ce à quoi Jésus va s’attaquer dans cet évangile c’est la réalité qu’on va mettre souvent en avant-plan, non pas la réalité de Dieu, mais la tradition des hommes, et que parfois pour appuyer nos débats, appuyer nos thèses on va  finalement utiliser cette tradition pour nos fins à nous, elle ne nous conduit pas à la source, elle nous permet de maintenir un pouvoir sur un peuple que Lui veut libérer. C’est ce qu’on va retrouver avec les disciples de Jésus qui va dire : «  Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ». Lorsqu’on regarde trop l’extérieur on perd complètement de vue ce qu’il y a à l’intérieur. « Il est inutile, le culte qu’ils me rendent; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. »

Mes amis, je vois souvent qu’on a beaucoup de difficulté par rapport à des êtres parfois qui souffrent, à des êtres qui sont enfermés. On a beaucoup de difficulté à saisir ou à percevoir qu’il y a des maladies dont on ne viendra jamais à bout parce que nous sommes la cause première de ces maladies. Nous avons une façon d’être, nous avons une façon d’exister, nous avons envahi les espaces, nous avons multiplié des bruits qui détruisent, et il y a de nos contemporains, de nos proches, et nous-mêmes, qui sommes rendus malades par des façons d’être, des façons de vivre, et que de retrouver la santé, de retrouver le fondement même de notre être, et ce fondement le plus profond, c’est Dieu lui-même. Nous avons à réapprendre l’importance de conduire et d’accompagner les personnes  pour qu’elles puissent découvrir ce Dieu qui les appelle, qui leur parle et qui veut les conduire à ce qu’il y a de meilleur en eux et ce qu’il y a de meilleur autour d’eux.

Jésus appelle de nouveau la foule et dit : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui pénètre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur… C’est du dedans de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. »  Nier notre vie intérieure c’est se condamner à être menés par une réalité qui a profondément besoin d’être convertie, et la conversion nous arrive toujours dans la communion, et on peut se réjouir d’être appelés à former un corps, à former une Église   qui se réjouit de chaque victoire de ses membres sur l’égoïsme, sur l’orgueil, et de voir les fruits de l’humilité, de l’obéissance, rendre heureux et féconde toute cette humanité qui appartient à Dieu est qui est appelée à la manière de Jésus à faire le don d’elle-même pour que le règne vienne. Bonne semaine et que son règne advienne chez vous et autour de vous.

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