Commentaire du 15 août 2012 / Pierre Desroches (104e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et mixage.

« Notre corps n’est pas appelé à la corruption / L’Église qui vit la douleur de l’enfantement / Les forces de résistance qui nous confrontent dans cette vie / Nos situations d’impuissance où l’on trouve des issus par la puissance de Dieu / La joie et la reconnaissance exprimées par Marie. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=15/08/2012

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Évangile : « Heureuse celle qui a cru ! » (Luc 1, 39-56)
En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. » Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.

1ère lecture : La Femme de l’Apocalypse, image de l’Église comme Marie (Apocalypse de Jean 11, 19a ; 12, 1-6.10)
Le Temple qui est dans le ciel s’ouvrit, et l’arche de l’Alliance du Seigneur apparut dans son Temple. Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l’enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un énorme dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et sur chaque tête un diadème. Sa queue balayait le tiers des étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. Le Dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, la Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix puissante, qui proclamait : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! » 

Psaume 45, 11-16

R/ Heureuse es-tu, Vierge Marie, dans la gloire de ton Fils.

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi. 

2ème lecture : Le Christ nous entraîne tous dans la vie éternelle (1 Corinthiens 15, 20-27a)
Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.

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Commentaire du 15 août 2012 (104e) – Fête de l’Assomption (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

La disponibilité de Marie qui fera le don du berger de toutes les nations

L’abbé Pierre Desroches

Mes amis pour cette très grande fête de l’Église que nous avons aujourd’hui, c’est la fête de l’Assomption,  je suis heureux de vous accueillir dans mon chalet. C’est le lieu de mon repos à peu près toutes les semaines et c’est un lieu où beaucoup vont célébrer la fête de l’Assomption parce que c’est un lieu, St-Liguori, comme St-Jacques de Montcalm et tous les petits villages des alentours, qui ont été fondés par des Acadiens. Ils en commun, avec les Français d’avoir cette fête du 15 août comme fête nationale. Ici, dans le diocèse de Joliette, c’est toujours célébré et préparé par une retraite. Certains voient dans cette fête de Marie quelque chose de très spécial qui a été fait pour elle, et c’est bien vrai, mais c’est aussi dans cette fête qu’on peut faire la lecture que le corps qui est le nôtre n’est pas appelé à la corruption mais est appelé à la résurrection parce qu’il est le temple de Dieu. Ce qui s’accomplit d’abord en Marie est une préfiguration de ce qui va se s’accomplir pour chacun de nous. Essayer de tout vouloir expliquer avec notre raison, pourrait faire qu’on pourrait dire beaucoup de sottises, mais on peut faire confiance à Dieu qui essaie de nous faire comprendre, à partir de nos petites intelligences, un grand projet qu’il a et qui lui tient à cœur.

Mes amis, il y a une très belle Parole qui est tirée de l’Apocalypse que j’aime. Une de mes amies avait fait un très beau tableau de cette Parole. C’était une religieuse, une Sœur de l’Assomption parce qu’il y a dans la région de Nicolet une communauté  qui a été fondée à St-Grégoire : ce sont les Sœurs de l’Assomption. Cette Parole fait une description de cette femme qui est un signe grandiose qui apparaît dans le ciel. Vous savez, les signes grandioses qui apparaissent dans le ciel, souvent, c’est une réalité qui est très terrestre mais qui n’est pas du tout terre-à-terre, c’est une réalité qui est au milieu de nous, qui est autour de nous mais qui ne s’enracine pas d’abord dans la terre mais qui s’enracine d’abord dans le ciel. On dit : « une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. »  Donc celle qui est appelée à être la reine de ce peuple des douze tribus d’Israël, de ce peuple chrétien qui parle  aussi dans ce chiffre douze de la  multitude, de l’ensemble. 

« Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l’enfantement. » C’est une  très belle image de l’Église. Vous savez, pour accoucher d’un enfant chaque maman sait très bien que cela ne se fait pas sans douleur mais que la douleur prend tout son sens dans l’œuvre grandiose qui en train de s’accomplir. Il en va de même pour  accoucher  d’un Fils de Dieu, il en va de même pour accoucher du Corps du Christ, ce qui est la mission de l’Église. On dit : « Un autre signe qui apparait dans ce même  ciel, – donc  quelque chose qui a une dimension plus que uniquement de la terre. C’est « un énorme dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et sur chaque tête un diadème. » Cela veut dire que règnent dans ce monde-ci des forces qui ne sont pas des forces de vie mais qui sont des forces de résistance à la vie.  « Sa queue balayait le tiers des étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. » On sent qu’il y a une énorme destruction et ce que ces astres lumineux viennent comme s’éteindre  et « le Dragon se tient devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. » Moi c’est une image qui me parle beaucoup parce dans notre monde on a beaucoup ridiculisé cette dimension de la foi qui est la nôtre, cette dimension de la spiritualité. On a regardé avec beaucoup de suspicion l’Église catholique et souvent les autres spiritualités ou les autres Églises. En hommes occidentaux que nous sommes du 21e siècle, on se targue de ne pas trop prendre au sérieux dans beaucoup de situations cette dimension essentielle et vraie en tout être humain.

 « Et la Femme va mettre  au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations. » Ce qui veut dire que même s’il y a une lutte, même s’il y a un combat, même s’il y a des pouvoirs, même s’il y a des puissances, cet enfant-là, il naît.  Et il naît par l’ouverture, par la disponibilité de cette femme qui va faire le don de cet enfant. Et « il va être enlevé auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. » C’est merveilleux de savoir qu’on a déjà une place au désert pour être capable de contempler, de se réjouir de cette naissance de cette  venue, et « la  voix qui va proclamer proclamer : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! » J’ai souvent été témoin de situations dans lesquelles nous étions, comme humanité, en absolue impuissance, comme si surgissait de nulle part, une réalité qui n’était même plus attendue tellement que notre paganisme et notre raison avaient décidé qu’il ne pouvait en être autrement. J’ai été témoin de voir apparaître des issues tout à fait inattendues qui venaient justement de cette réalité qui vient de la puissance de Dieu, qui n’est pas une puissance  qui s’exerce à l’extérieur du champ de l’humanité mais toujours pour le devenir de cette humanité dans sa vocation profonde de ressembler et d’être à son image. 

Dans la deuxième lecture qui nous parle que le Christ nous entraîne tous dans la vie éternelle c’est vraiment le pain quotidien qu’on a à se partager en Église. Pour moi c’est une réalité que j’aime beaucoup toucher dans la chair de mes amis qui sont handicapés. Un de mes amis à qui j’ai proposé de pouvoir faire avec lui bientôt un témoignage. Il est atteint de sclérose en place, je l’ai connu et j’ai vu sa décroissance et beaucoup de ses proches ne peuvent pas comprendre qu’il a encore la force, le courage et le désir de vivre, lui qui ne peut plus manger, lui qui ne peut plus parler, lui qui ne peut plus faire rien de ce qu’il pouvait faire. Tout le monde est étonné, et je lui disais : est-ce que tu accepterais de faire avec moi éventuellement un témoignage ? Parce que dans son être, dans  sa personne, il y a quelque chose qui nous échappe et si on veut accueillir la révélation, ce n’est que son cœur qui s’ouvre qui va pouvoir nous le dire, parce que c’est au-delà de ce qu’on peut comprendre et percevoir, mais je le vois rester en vie et juste cette dynamique-là est déjà un témoignage. Il est pour moi une source de vie éternelle et je sais Qui l’anime, et je connais aussi sa foi.

Dans l’Évangile j’aime beaucoup cette Parole qui est la Parole de Marie qui visite Élisabeth et qui est aussi la Parole du chant de Marie, du Magnificat. Est-ce qu’il y a quelque chose de plus merveilleux, de plus magnifique que la vie plus forte que la mort ? Lorsqu’on est sans espérance, de retrouver cet espoir et j’imagine la joie de Marie quand elle a saisi que cet être qu’elle portait était vraiment le fruit de toute l’attente de son peuple depuis deux mille ans. C’est merveilleux d’entendre non pas dans ce chant la terreur mais la reconnaissance, et cette reconnaissance qui est déjà signifiée par sa cousine beaucoup plus âgée qui, elle, porte dans son sein Jean-Baptiste. Pour moi c’est une autre Parole qui m’émeut beaucoup, de voir que ces deux enfants vont rebondir avant  même de naître. Et je me dis toujours pour ce monde qui est le nôtre, j’ai cette espérance de voir ce vieux monde bondir et rebondir devant ce monde nouveau qui s’en vient sachant que ce n’est pas le fruit de nos projets, mais que c’est le fruit de la venue de Dieu qui vient accomplir pour ce monde sa promesse qu’il a faite à Abraham de nous faire le don d’une terre promise. Je crois que pour moi, Montréal a toujours été une terre promise, même si elle s’est transformée beaucoup dans les dernières années, et je ne doute pas que cette terre promise n’est pas seulement uniquement derrière, mais est aussi davantage devant nous.

Bientôt, j’aurai la joie d’aller célébrer et d’aller vivre un temps de retraite que je prêcherai à au Foyer de Charité de Sutton. J’espère que les paroles qui pourront être partagées feront que chacun des participants seront vraiment bondissants et rebondissants  de cette vie que ces paroles veulent  engendrer, que la  fécondité de la Parole de Dieu, non pas la mienne, mais de cette Parole de Dieu qui nous enracine dans le cœur de Dieu puisse nous permettre d’être à la hauteur de la mission et de la confiance qu’il nous fait,  Lui qui nous a élus pour qu’on soit au milieu de ce monde témoins de l’œuvre qu’il accomplit en notre faveur. Bonne fête de l’Assomption.

 

 

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