Commentaire du 12 mai 2013 / Guylain Prince (7e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Guylain Prince est franciscain et bibliste résidant à Trois-Rivières. Il a été ordonné prêtre en 2002. En plus de conférences, retraites et formations diverses fondées sur les Écritures, il présente des concerts avec les ensemble vocaux de type Gospel qu’il dirige à Joliette et Trois-Rivières.

– Gino Fillion : caméra, montage visuel et arrangements musicaux sur la chanson PAR-DELÀ LES FRONTIÈRES sur l’album PAR-DELÀ LES FRONTIÈRES disponible sur : http://www.maisonintercd.com/

« Sur deux périodes de gestation / Jérusalem où tout bascule / Une ouverture du message de Jésus pour toutes les nations / Matthias qui remplace Judas après la résurrection / Les anges qui indiquent que ce qui est spirituel est de chercher Jésus non dans le ciel, mais chez les vivants. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

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Évangile : Les dernières paroles et l’ascension de Jésus (Luc 24, 46-53)
Il conclut : « C’est bien ce qui était annoncé par l’Écriture : les souffrances du Messie, sa résurrection d’entre les morts le troisième jour, et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. C’est vous qui en êtes les témoins. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une force venue d’en haut. » Puis il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, remplis de joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu. 

1ère lecture : L’ascension du Seigneur (Actes 1, 1-11)
Mon cher Théophile, dans mon premier livre j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le commencement, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel après avoir, dans l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis. C’est à eux qu’il s’était montré vivant après sa Passion : il leur en avait donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur était apparu, et leur avait parlé du royaume de Dieu. Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis. Il leur disait : « C’est la promesse que vous avez entendue de ma bouche. Jean a baptisé avec de l’eau ; mais vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici quelques jours. »  Réunis autour de lui, les Apôtres lui demandaient : « Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ? » Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les délais et les dates que le Père a fixés dans sa liberté souveraine. Mais vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit, qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Après ces paroles, ils le virent s’élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se tenaient devant eux et disaient : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. »

Psaume 46, 2-3.6-9 

R/ Dieu monte parmi l’acclamation, le Seigneur aux éclats du cor

Tous les peuples, battez des mains,
acclamez Dieu par vos cris de joie !
Car le Seigneur est le Très-Haut, le redoutable,
le grand roi sur toute la terre.

Dieu s’élève parmi les ovations,
le Seigneur, aux éclats du cor.
Sonnez pour notre Dieu, sonnez,
sonnez pour notre roi, sonnez !

Car Dieu est le roi de la terre :
que vos musiques l’annoncent !
Il règne, Dieu, sur les païens,
Dieu est assis sur son trône sacré. 

2ème lecture : Le Christ est entré dans le sanctuaire du ciel (Hébreux 9, 24-28; 10, 19-23)
Car le Christ n’est pas entré dans un sanctuaire construit par les hommes, qui ne peut être qu’une copie du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu. Il n’a pas à recommencer plusieurs fois son sacrifice, comme le grand prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n’était pas le sien ; car alors, le Christ aurait dû plusieurs fois souffrir la Passion depuis le commencement du monde. Mais c’est une fois pour toutes, au temps de l’accomplissement, qu’il s’est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice. Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois, puis de comparaître pour le jugement, ainsi le Christ, après s’être offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude, apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent. Frères, c’est avec pleine assurance que nous pouvons entrer au sanctuaire du ciel grâce au sang de Jésus : nous avons là une voie nouvelle et vivante qu’il a inaugurée en pénétrant au-delà du rideau du Sanctuaire, c’est-à-dire de sa condition humaine. Et nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui est établi sur la maison de Dieu. Avançons-nous donc vers Dieu avec un coeur sincère, et dans la certitude que donne la foi, le coeur purifié de ce qui souille notre conscience, le corps lavé par une eau pure. Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis.

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Commentaire du 12 mai 2013 (144e) – L’Ascension (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

L’Ascension : chercher Jésus parmi les vivants

Le père Guylain Prince

Bienvenue à cette homélie qui sera sur l’Ascension que nous allons vivre dans quelques jours. Vous avez peut-être reconnu le Petit Sanctuaire de Notre-Dame-du Cap. Alors, cette année, en 2013, nous célébrons le 125e anniversaire de ce qu’on appelle « le prodige des yeux » qui a lieu justement dans cette petite chapelle ici. On peut dire, c’est le début, c’est le commencement de ce sanctuaire, là où il a pris le plus d’ampleur, là où il a commencé vraiment à voir un très grand nombre de pèlerins. Trois témoins ont vu ce prodige des yeux qui a été notarié avec document officiel, serment et tout. Parmi ces témoins il y avait  le bon Père Frédéric Janssoone qu’on considère comme le premier directeur des pèlerinages ici à Notre-Dame-du-Cap. Le Père Frédéric arrivait de Terre Sainte. Alors, tout ce qu’on appelle les Lieux saints, on aura l’occasion pour les prochains mois de visiter l’espace ici. On verra que le Père Frédéric, dès le départ a voulu donner une couleur très liée aux lieux physiques de la Terre Sainte. On vous en reparlera le mois prochain.

En attendant, les textes de cette semaine évoquent l’Ascension de Jésus. Nous sommes en face de quelque chose d’assez unique, puis j’aimerais illustrer mon propos d’abord par deux images. On vient de vivre avec les Canadiens de Montréal une saison vraiment exceptionnelle, très belle et tout. Alors ceux qui ne connaissent pas l’équipe des Canadiens de Montréal, c’est l’équipe sportive la plus célèbre de cette ville-là, c’est du hockey sur glace et l’équipe toute jeune a surpris tout le monde cette année. Elle est donc entrée en série éliminatoire et n’a pas fait long feu malheureusement. L’intérêt que je voulais y apporter c’est ceci : il y avait des gens qui étaient là l’an dernier, des gens qui ont vécu une période d’enfer où l’équipe a vraiment terminé, presqu’à la fin, à la queue de toute la ligue nationale, ce qui ne s’était pas vu à Montréal, puis on a vécu une période où on a vécu beaucoup d’enthousiasme, il y a eu comme une espèce de réveil, personne n’attendait cette équipe jeune terminer en deuxième rang de l’association de l’est. Puis arrive les éliminatoires comme un passage difficile où l’équipe n’a pas pu réaliser ce qu’elle espérait et en terminant par un post-mortem de la saison on dit : le meilleur est à venir. Pourquoi je parle de cela. Ça semble un peu superficiel mais ça ne l’est pas. C’est qu’il y a eu vraiment une période extrêmement douloureuse l’année passée où l’on pressentait par contre, qu’on n’allait pas rester dans ce bas-fonds parce qu’il y avait trop de promesses, on le sentait et c’est seulement cette année qu’on a pu voir commencer à poindre les premiers fruits de saisons futures qui s’annoncent extrêmement prometteuse. Et le gardien du Canadien a même prophétisé : « nous allons bientôt connaître la coupe Stanley » qui est le trophée par excellence.

Je prends un autre exemple concret, c’est tout simplement la naissance d’un enfant. Il y a toute une période de gestation, il y a un passage qu’on appelle la naissance ou le travail jusqu’à la délivrance pour ensuite arriver avec un être qui marche, qui apprend à marcher et que tout le monde peut voir, dont tout le monde est témoin. Mais la seule personne qui peut être un véritable témoin de coexistence de l’enfant qui était dans le sein maternel c’est la mère elle-même. Elle est témoin unique. Le père bien sûr peut en collant l’oreille sur la bedaine de la mère être témoin de mouvements, entendre le petit cœur, mais il reste qu’il y a quelque chose d’unique à la position de la mère, avant, pendant la naissance. Il y aura un lien qui va la relier pendant un certain temps. Généralement en éducation on va parler justement de la défusion de la mère et des pas de l’enfant vers le père comme étant un premier détachement qui ne se réalisera pas avant beaucoup plus loin et même le père, un moment donné devra apprendre à se détacher.

Le récit de l’Ascension c’est la fin d’une charnière où tout bascule, tout comme les douleurs de l’enfantement, la naissance elle-même et les premières heures qui suivent la naissance, c’est que là, tout bascule. Il y a vraiment un avant et un après. Et pour l’auteur, Luc, on peut véritablement dire que Jérusalem c’est le lieu où tout bascule, pas seulement pour le peuple de Dieu, mais c’est vraiment le lieu où le ministère public de Jésus s’adresse en priorité au peuple juif, ce que Jésus appelle les brebis perdues d’Israël. Il faut donc le dire, le ministère public de Jésus s’adresse principalement à son peuple. Il va atteindre quelques personnes – la syro phénicienne, le centurion –, il va atteindre quelques autres personnes mais globalement il est pas mal centré dans son ministère public sur son peuple et la portion marginalisée de son peuple. Avec la Résurrection, là c’est autre chose. On assiste à l’ouverture universelle. Donc, il y a un point de bascule où, ce qui se passe en Jésus ne concerne pas seulement l’homme juif mais concerne l’humanité entière, toutes les nations. Et cette charnière c’est la Passion, la Mort, la Résurrection, donc le pôle sur lequel tout pivote, c’est la mort et la résurrection, et l’Ascension, c’est la fermeture d’une étape très importante.

On choisit à l’Ascension quelqu’un qui n’est pas n’importe lequel qui remplace Judas. On nomme le Juste et Matthias, on discerne que les deux pourraient remplacer Judas également, et on a donc des critères pour évaluer qui est digne au départ de remplacer Judas dans le collège des apôtres. On pense à des hommes qui ont suivi Jésus depuis son ministère public, on mentionne même le baptême alors que tous les autres apôtres ont été nommés après le baptême. C’est pour dire, aussi loin qu’on peut aller, voici qu’on veut un homme qui a connu Jésus durant son ministère public et cet homme il va maintenant devenir un témoin aussi de la Résurrection. C’est unique. Les Douze sont irremplaçables car ce sont ceux qui font le lien, la charnière entre le Ressuscité et l’homme de Nazareth qui a eu un ministère pendant deux ou trois ans. Ils ne pourront pas être remplacés. Les douze ne peuvent être remplacés au sens où ils forment vraiment un corps qui, même s’il y a la nomination  de d’autres presbytes, de d’autres apôtres, même Paul, qui revendique le titre d’Apôtre n’est pas témoin, il est apôtre mais ne fait pas partie des Douze. Matthias est le seul des Douze qui n’a pas été désigné par Jésus durant son ministère public. Ça lui donne une espèce de dignité particulière, mais il a un statut particulier. Il est désigné par le Seigneur à travers un discernement de la communauté. Donc, avec l’Ascension on ferme la période de ceux qui ont connu Jésus avant sa mort et qui peuvent rendre témoignage que c’est le même qui est ressuscité, c’est le même qu’on a reconnu.

Avec l’arrivée  de la Pentecôte la semaine prochaine, là on tombe dans un autre registre car, la rencontre du Ressuscité déjà fait entrer l’Église mais aussi des gens qui n’étaient pas nécessairement durant le ministère public de Jésus, certains sans doute l’étaient, le fait entrer dans une relation vivante et réciproque avec Celui qui est désormais vivant mais par la réception de son Esprit. On parle encore une fois de quelque chose de nouveau. Il y a des gens qui, le jour même de la Pentecôte n’ont jamais rencontré Jésus durant son ministère public, vont désormais faire partie de ses disciples mais il faut comprendre que c’est alors disciples du Seigneur ressuscité, un Vivant parmi les vivants qui a ouvert un chemin pour toute l’humanité.

Le « quarante jours » dont il est question pour parler de l’Ascension, c’est véritablement une clé pour comprendre parce que le chiffre quarante dans les Écritures a vraiment une très grande portée. On pourrait jouer avec les chiffres et dire que c’est quatre fois dix, donc la Loi parfaite qui devient universelle, on peut dire : un temps de préparation que sont les quarante années durant le séjour au désert du peuple dans la première Alliance, mais il y a aussi les 40 jours de Jésus entre son baptême et son ministère public. Quarante est synonyme du « temps qu’il faut pour », et si on essaie de comprendre un petit peu, c’est que Jésus prend le temps qu’il faut pour former son Église. Est-ce que c’est 43 jours, est-ce que c’est 37, 52, ce n’est pas cela qu’il est question ici, car le mot 40 est très marqué symboliquement, et véritablement, il n’y a aucun doute, en l’associant à ces grands passages bibliques, pour nous dans le Nouveau Testament, il y a la préparation de Jésus avant le ministère public, etc… aucun doute que pour l’auteur Luc, l’Église a connu une période significative où le Ressuscité était reconnaissable de sa vie publique, de son ministère public d’avant la mort mais ce temps-là a eu une fin. Donc on ne peut pas parler que nous aujourd’hui on a vécu ou qu’on vit  la même chose que cette première génération de chrétiens. Il y a vraiment quelque chose d’unique qui s’est terminé. Et ce qui est très intéressant, c’est la façon dont ça se termine car les disciples sont portés à garder le cœur attaché à celui qui appartient au monde de Dieu, le ciel dans les Écritures, et donc aurait tendance à négliger « la terre », là où ils ont les pieds. Et c’est là que véritablement les messagers célestes viennent leur dire : « regardez la vie qui vous attend n’est pas tournée vers le haut, mais tournée vers les nations, tournée vers le prochain et cette vie, entièrement spirituelle dans l’Esprit de Jésus vous poussera jusqu’à Jérusalem, la Samarie et toutes les nations. »  Si bien que ce qui est vraiment spirituel ce n’est pas de chercher à s’élever vers le ciel mais bien plutôt d’entrer dans la même dynamique que le Fils animé par l’Esprit, qui Lui, vient du Père mais s’en va vers le Père entre dans l’humanité et va jusqu’à entrer dans la mort. On le sait que plusieurs de ces premières générations de chrétiens ont connu le martyre. On n’a pas besoin d’aller si loin mais « martyr-témoin » veut dire qu’on est témoin de quelqu’un et ce quelqu’un mérite qu’on aille jusqu’au bout. C’est l’inverse d’une espèce de spiritualité flottante qui se retrouverait parmi les nuages, ce sont véritablement des gens qui prennent la route et qui annoncent partout l’Évangile. La Pentecôte s’en vient, soyons dociles à l’Esprit saint. Amen !

Évangile : Luc 24, 46-53

1ère lecture : Actes 1, 1-11

Psaume 46, 2-3.6-9

 2e lecture : Hébreux 9, 24-28; 10, 19-23

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