Commentaire du 12 juin 2011 / Pierre Desroches (39e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion :
composition, guitare, caméra et montage / Subir Dev : tabla / André Leroux : saxophone soprano / Catherine Potter : tanpura

« Un temps où l’évangélisation ne semblait pas nécessaire / La Pentecôte : la fête de la naissance de l’Église qui émerge de la peur / Aujourd’hui nous sommes plus près de la dynamique de la Pentecôte : une Église d’évangélisation / On évangélise pour que l’Esprit puisse apporter des libérations / Évangéliser c’est aussi d’écouter l’autre et bâtir l’unité. »

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Références pour les textes bibliques (AELF) :
http://aelf.org/?date_my=12/06/2011

Évangile : Jésus ressuscité donne l’Esprit Saint à ses Apôtres (Jean 20, 19-23)
C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »

1ère lecture : La venue de l’Esprit Saint sur les disciples (Actes des Apôtres  2, 1-11)
Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques), ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux. Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue. Déconcertés, émerveillés, ils disaient : « Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d’Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Égypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »

Psaume 103, 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34
R/ O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !

Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.

Tu reprends leur souffle, il expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.

2ème lecture : L’Esprit du Christ fait l’unité de l’Église dans la diversité (1 Corinthiens 12, 3b-7.12-13)
Frères, sans le Saint-Esprit, personne n’est capable de dire : « Jésus est le Seigneur. » Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit. Les fonctions dans l’Église sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur.
Les activités sont variées, mais c’est toujours le même Dieu qui agit en tous. Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous. Prenons une comparaison : notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ. Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l’unique Esprit.

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Commentaire du 12 juin 2011 (39è) – Pentecôte (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Alors mes amis on se retrouve pour une grande fête aujourd’hui, la fête de la Pentecôte : la fête de la naissance de l’Église, pas nécessairement une Église triomphante mais une Église qui émerge de la peur, une Église qui est en train de goûter, de savourer la vérité qui a été annoncée et incarnée en Jésus Christ. Aujourd’hui, les textes qui nous sont proposés sont tout à fait ajustés à l’Église de l’évangélisation. Lorsque j’étais plus jeune, on n’était pas tellement dans l’évangélisation, je pense que le taux de pratique au Québec à l’époque où  je suis arrivé au monde était de plus de 90%. Alors, on ne sentait pas un besoin énorme de partir puis d’aller annoncer Celui qui semblait être connu par tous et chacun. On pouvait rêver; quand je rêvais d’être prêtre, très jeune, je rêvais beaucoup de réussir puis d’être proche de ma communauté chrétienne et de pouvoir avec elle chanter les louanges du Seigneur du matin jusqu’au soir, mais lorsque j’ai été ordonné, on était rendu à une période assez différente. De ma génération, il n’y avait pas beaucoup de monde qui était actif dans cette Église. Je n’oserais pas dire qu’il n’y avait pas beaucoup  de monde  qui avait la foi parce que, c’est un domaine pour lequel on n’a pas beaucoup de techniques d’évaluation. Ce qui est dans le cœur d’un homme, ce qui est dans le cœur d’une femme est souvent un secret et un mystère où on est appelé à s’approcher avec beaucoup de respect et sur la pointe des pieds. Mais il est évident qu’aujourd’hui on est dans une toute autre dynamique qui est très proche de cette réalité de la Pentecôte et qui est une Église d’évangélisation.

On ne va pas évangéliser pour remplir des bancs d’église et remplir des paniers de quête. Oui, c’est très pratique d’avoir de l’argent pour payer les factures, je ne vous le cacherai pas, mais ça ne peut pas être le sens de l’évangélisation. On n’évangélise pas pour être reconnus mais pour que Jésus soit reconnu et pour que son esprit qui est victorieux de la mort puisse libérer les hommes et les femmes de notre temps de beaucoup de blessures, de beaucoup de violences, de beaucoup de meurtrissures dans lesquelles cette humanité s’abîme et connaît la destruction. Ce n’est pas du tout le désir du cœur de Dieu que l’on soit des hommes et des femmes détruits, mais qu’on soit des hommes et des femmes  reconstruits.

Et voilà que dans ce premier texte qu’on va nous proposer, ce qui est merveilleux, c’est que chacun entend les Apôtres dans sa propre langue. Voilà un grand défi de l’évangélisation, non pas d’apprendre juste la technique des langues, mais que des gens puissent nous saisir, nous comprendre, qu’on ait leur langage et je pense que c’est un des défis de notre Église d’avoir un langage tout à fait audible et compréhensible pour les générations différentes, pour les cultures différentes. Et je pense qu’on a une occasion, une grande chance dans cette époque qui est la nôtre où la planète se rapetisse, où les échanges entre les peuples sont de plus faciles et nombreux, que l’on puisse apprivoiser tous ces langages qui s’apprivoisent dans l’écoute. Aller évangéliser ce n’est pas juste aller parler, c’est aussi aller écouter. Je peux dire Dieu, mais l’autre aussi peut me dire Dieu. Je peux être éclairé et recevoir une perception, une découverte tout à fait différente de celle que j’avais expérimenté à partir de mon propre lieu.

Dans la seconde lecture on nous parle du Christ qui fait l’unité de l’Église. Je pense que l’expérience de bâtir l’unité est une expérience très humaine. On sait très bien que c’est très facile de diviser, de s’opposer, de se déchirer, mais de faire un cœur et une âme c’est une réalité qui doit demander beaucoup d’énergie pour la faire advenir, d’abord avec nous-mêmes, parce que la première division on ne la vit pas par rapport aux autres, on la vit dans notre propre être, dans notre propre chair, et s’il y a une grâce extraordinaire de Dieu c’est qu’il vient apaiser cette chair, qui vient faire de nous des êtres « uns », unis, en unité avec cet amour qui nous habite et qui a pour nom le Père, le Fils et  l’Esprit Saint.

L’Évangile va à nouveau se terminer sur cette belle parole : « Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez les péchés, ils lui seront maintenus. » Je vous invite cette semaine à être attentifs pour voir  à qui vous remettez les péchés. C’est trop facile de penser que c’est le ministère exclusif des prêtres. C’est le ministère sacramentel des prêtres, et ils le font au nom du Corps du Christ et de la communauté mais c’est le ministère de tout baptisé de remettre les péchés. Cette semaine, je vous invite à être attentifs pour voir à qui vous remettez les péchés, qui vous remet les vôtres, qui sont ceux que vous accueillez dans cette rémission qu’ils vous font. Et je vous invite aussi à regarder ceux que vous maintenez dans un mal que vous avez pouvoir de libérer. Alors, je vous souhaite une bonne semaine et un bon ministère, dans la paix du Christ.

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